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Publié : 1er juillet 2007
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Le réchauffement climatique

Frédéric Denhez, Atlas de la menace climatique, Atlas du réchauffement climatique

Illustration Rita Mercedes

1995-2004, DECENNIE EXTREME ?

2004 aura été la quatrième année la plus chaude depuis 1861. La décennie 1995-2004 est la plus ardente depuis cette date. Même si ces constats sont à relativiser à l’échelle de plusieurs siècles, ils suffisent à nous alerter. Est-ce la preuve du réchauffement climatique ? Rien ne le prouve encore. Assurément, le cycle planétaire de l’eau s’est accéléré. Et si rien ne peut prouver que le réchauffement climatique en est la cause, le faisceau de présomptions s’est épaissi. La décennie extrême risque de n’être qu’un préambule au XXIème siècle.

Des événements pas si exceptionnels

La canicule de 2003 n’était finalement pas plus terrible que celles de 1420, 1783, 1846 ou 1994 (les historiens ont identifié douze étés de même indice maximal - 9, selon l’échelle de Van Engelen - entre le début du XIVème siècle et aujourd’hui). De même, le terrible hiver 1962-1963 (déjà oublié), qui gela une partie de la Manche et fit disparaître des étals nombre de produits de la mer pendant vingt ans, est comparable à ceux des années 1305-1306, 1322-1323, 1363-1364 et 1788-1789. En revanche, la tempête de 1999 est unique, tant par son intensité que par son origine. Les quinze tempêtes et ouragans tropicaux de 2004, bien que rapprochés dans le temps, sont en nombre compatible avec leur moyenne annuelle établie depuis 1886. Tous ces événements rares n’ont donc rien d’exceptionnel.

Fig.1 Des vendanges plus précoces

CONCLUSION : La succession et la force des canicules, tempêtes, cyclones et inondations semblent marquer une accélération du cycle de l’eau à l’échelle du globe. Les arbres fruitiers et les vignes montrent que les températures moyennes augmentent.

TEMPERATURES ET PRECIPITATIONS EN HAUSSE

Les températures et les précipitations moyennes augmentent sur l’ensemble de la planète depuis un siècle. S’il est logique que les écarts soient importants entre terres et mers, entre les régions, entre les saisons et même entre le jour et la nuit, ces différences sont toutefois supérieures à la variabilité statistique. L’homme est donc sans doute responsable de la part d’augmentation que les phénomènes naturels connus n’expliquent pas.

CONCLUSION : L’écart se creuse entre le jour et la nuit, les continents se réchauffent plus que les océans. Le nord de l’Europe, le nord de l’Asie et le nord de l’Amérique sont les régions qui connaissent le réchauffement le plus net.

LES OCEANS SE RECHAUFFENT LENTEMENT

Le niveau et la température moyens de la mer ne cessent d’augmenter depuis un siècle. Si divers phénomènes naturels peuvent expliquer des variations locales, l’augmentation constatée à l’échelle du monde est due essentiellemnt au réchauffement global de la planète. A cause de la grande inertie thermique de l’océan et de la lenteur de la fonte des glaces, on s’attend à ce que cette montée des eaux se poursuive pendant des siècles, même si le réchauffement était rapidement maîtrisé.

Fig.2 Le niveau de la mer mesuré par les satellites

CONCLUSION : L’eau monte essentiellement à cause de l’augmentation de la température globale. Cela se traduit par une dilatation des mers d’autant plus importante que la couche d’eau réchauffée est plus épaisse. La fonte des glaces continentales est, pour l’instant, secondaire.

NEIGES ET GLACIERS EN DIMINUTION

En emmagasinant des quantités considérables d’eau douce, les glaciers terrestres et la neige régulent le niveau des fleuves et des rivières. En fondant, la glace de mer modifie localement la température de l’eau et donc sa capacité d’absorption du dioxyde de carbone, sa salinité et la circulation des courants. La fonte des glaciers et la diminution de l’enneigement, à l’échelle mondiale, inquiètent. Pourtant, rien ne prouve que le réchauffement de l’atmosphère en soit responsable : peut-être assiste-t-on à l’ultime régression, naturelle, depuis la fin du petit âge glaciaire ?

CONCLUSION : Le recul généralisé des glaciers alpins, depuis 150 ans, serait dû à une diminution de plus de 25 % des chutes hivernales de neige. L’augmentation des températures n’a affecté les glaciers alpins qu’à partir du début du XXème siècle et surtout depuis la décennie 1980.

DES ANIMAUX PRECURSEURS

Les animaux ont compris bien avant nous que le climat n’était plus le même. Depuis un siècle et demi, et surtout depuis une trentaine d’années, un grand nombre d’espèces ont modifié leur utilisation de l’espace. Preuve que cet espace, dépendant du climat régional, a été modifié. Le bouleversement climatique a donc commencé. Reste à connaître son ampleur et son éventuelle réversibilité.

CONCLUSION : On dirait le Sud. De plus en plus d’animaux « chauds » s’installent dans des zones tempérées. Preuve que celles-ci se réchauffent imperceptiblement. Le renard polaire recule devant le renard roux et des poissons subtropicaux approchent de la Bretagne…

LES BIOTOPES S’ADAPTENT DEJA

Le monde végétai a déjà réagi à la modification de la température de l’atmosphère. Plantes et arbres des zônes tempérées poussent plus vite, mieux et se reproduisent plus tôt qu’au début du XXème siècle. Les espèces du sud s’installent toujours plus au nord, celles de basse altitude gagnent les hauteurs. Réajustement écologique général après le petit âge glaciaire, ce mouvement profite de l’humidité croissante de l’air.

Frédéric Denhez, Atlas de la menace climatique, Autrement, 2005, p.45 Fig.3 Des plantes plus actives en Europe

CONCLUSION : Dans l’hémisphère Nord, les arbres croissent plus vite et se reproduisent plus tôt. Les espèces du sud montent vers le nord. En montagne, les arbres ont commencé la colonisation des zônes alpines théoriquement impropres a leur surivie.

Frédéric Denhez, Atlas de la menace climatique, Editions Autrement, 2005, p.34-45, épuisé.

Frédéric Denhez, Atlas du réchauffement climatique , Editions Autrement, 2007, 15 €.

Voir aussi : L’effet de serre et Les modèles climatiques.