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Publié : 4 octobre 2004
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Entraves scandaleuses à la libre publicité des produits...

François Brune, De l’enfant-roi à l’enfant-proie

Lavage de cerveau

En suède, la publicité à destination des enfants est strictement encadrée et même totalement interdite à la télévision.

(…) Ces gens imaginent, chose étrange, que la protection des plus jeunes est nécessaire à leur liberté : « C’est seulement lorsque les enfants ont l’âge de comprendre les objectifs cachés de la publicité qu’il est souhaitable de les y exposer », déclare Mme Marita Ulvskog, ministre de la culture. Laisser faire les marchands serait, selon le Conseil suédois de la consommation, « contraire aux valeurs démocratiques ».

Des responsables estiment que « les enfants ont droit à des zones protégées », comme si ces derniers ne naissaient pas avec les anticorps nécessaires pour se défendre des pressions commerciales. Les autorités osent constater que les chères têtes blondes ne distinguent pas très bien les « pubs » des autres émissions et vont jusqu’à « vouloir consommer les produits présentés », ce qui engendrerait des conflits familiaux. Même la Fédération suédoise de la publicité concède qu’il ne faut pas susciter, chez les enfants, « inconscients de ce qu’il est raisonnable de souhaiter », des « envies qu’ils ne peuvent assouvir qu’en harcelant leurs parents ». Ils sont fous, ces Suédois !

Pour tempérer ce harcèlement familial, né du harcèlement publicitaire, la Suède a donc réglementé :

- sont bannies de la télévision toutes les publicités visant les moins de douze ans (jouets, vêtements, aliments) ;

- des publicités destinées aux adultes ne peuvent en aucun cas suivre ou précéder immédiatement les émissions pour enfants ;

- dans le contenu même des spots publicitaires, il est interdit de faire figurer des personnes ou personnages jouant un rôle de premier plan dans les émissions enfantines (animateur, héros de feuilletons), ou de mettre en scène des enfants acteurs. Le simple recours à des éléments thématiques renvoyant à l’enfance (voix, rires, etc.) est également proscrit, le législateur sachant combien cet âge est sensible aux appels à l’identification.

Voilà donc une législation claire et précise, dont le bon sens sidère d’autant plus les intégristes du libéralisme qu’elle a l’approbation du peuple souverain. D’après une enquête menée en 2001 par le Conseil suédois de la consommation, 88% des suédois étaient favorables à ces dispositions, 82% désirant même les voir étendues aux autres médias !

(…) Mais une chaîne commerciale située en Angleterre, TV3, lançait des émissions enfantines en langue suédoise avec force publicités, bravant la réglementation du pays sous prétexte qu’elle émettait d’un territoire étranger.

Autorisé par la directive européenne Télévision sans frontière au nom de la sacro-sainte concurrence, cet exemple fut bientôt suivi par d’autres chaînes privées tombant du ciel satellisé.

(…) L’Union européenne, jouant de la « libre circulation des biens et services » représente une formidable machine à contourner les législations nationales. Interdire la publicité, disent nos libéraux, serait une entrave à « la libre circulation des produits pour lesquels cette publicité est faite » ! Et voilà comment le droit de protéger les enfants des agressions publicitaires doit s’incliner devant la « liberté » des agresseurs qui les désignent précisément comme « cibles ».

François Brune, De l’enfant-roi à l’enfant-proie, Le Monde diplomatique, n°606, septembre 2004, p.3.

Voir La pub pour enfant

Voir aussi : Casseurs de pub