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Publié : 22 décembre 2007
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On se noie dans les sables mouvants

Le prisonnier des sables ne peut bouger ses pieds… Mais il ne peut être englouti.

Sables mouvants

« Le misérable essaye de s’asseoir, de se coucher, de ramper,… Tous les mouvements qu’il fait l’enterrent », écrivait Victor Hugo, dans Les Misérables, décrivant l’horrible agonie d’une personne périssant dans un sable mouvant. Impossible ! démontrent, en 2005, des physiciens français et néerlandais. Les sables mouvants font peur, et il ne fait pas bon s’y retrouver.. Mais on ne peut s’y noyer, pour des raisons liées à la flottabilité du corps humain. Plusieurs éléments sont à l’origine du mythe de la noyade. De quoi les sables mouvants sont-ils constitués ? D’eau, d’argite, de sel et d’environ 40% de sable. Le sel empêche les grains de se repousser, ce qui favorise leur agrégation. La viscosité élevée de l’argile stabilise quant à elle la structure en empêchant l’empilement des grains de s’effondrer sous leur propre poids. Lorsqu’une personne bouge pour tenter de sortir d’un sable mouvant, ce mouvement a pour effet de liquéfier l’argile. La structure s’effondre. Le sable tombe vers le fond, et l’eau surnage. La densité du sable devient alors si importante que les pieds de la malheureuse personne y sont coincés. Pour s’extraire, il faudrait exercer une force d’une intensité comparable (un million de newtons) à celle nécessaire pour soulever une voiture ! La rumeur selon laquelle il vaudrait mieux ne pas s’agiter dans une telle situation est donc justifiée. Mais tout n’est pas perdu. Un être humain ne pourra jamais s’enfoncer complètement, car sa densité est identique à celle de l’eau. Résultat : il « flotte » ! Mais, alors, d’où viennent tous ces récits sur des personnes mortes noyées dans des sables mouvants ? Les physiciens les expliquent par le fait que la plupart se trouvent près d’un estuaire, où l’argile charriée par le fleuve se mélange à l’eau de mer. À marée montante, une personne prise au piège meurt donc par noyade si elle n’est pas secourue à temps… Tel a été le sort de plusieurs personnes disparues dans la baie du Mont-Saint-Michel, dont Victor Hugo s’est vraisemblablement inspiré.

Jacques Abadie, On se noie dans les sables mouvants, Le dictionnaire des idées reçues en science, La Recherche, Octobre 2007, n°412, p.71, 6,40 €.

Voir le site « tatoufaux » : Disparaître dans les sables mouvants