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Publié : 29 novembre 2008
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Le Père Noël est une ordure

Le Père Noël déposera peut-être au pied de votre sapin un écran plasma, un ordinateur portable ultra-plat ou un mobile à écran tactile avec Web, GPS, etc. Mais il ne repartira pas avec, dans son traîneau, les machines désormais inutiles que ses présents vont remplacer.

Photographie : Adam Dean/ World Picture News

Ces assemblages de plastique et de métal, avec toutes les substances toxiques qu’ils recèlent (plomb, mercure, retardateurs de flamme bromés … ) prendront souvent la poussière, des années durant, avant de finir dans un incinérateur ou une décharge sauvage, ou dans le meilleur des cas, une déchetterie … Au bout du compte, ils aboutiront fréquemment dans un pays du Sud. En Chine principalement, comme ici dans la ville de Guiyu, où des milliers de travailleurs démantèlent, trient et récupèrent nos produits obsolètes, pour des salaires de misère et au contact de produits qui les tuent à petit feu.

Selon Greenpeace [1], 80 % des déchets électroniques échappent à tout suivi aux Etats-Unis. Au Japon, les efforts des constructeurs sont très inégaux : Sony annonce un taux de recyclage de 54 % de ses ventes, mais Dell est à 12,4 %, Motorola à 3,3 % et Nokia à 2 %. En Europe, malgré la directive de 2005 rendant les constructeurs responsables de leurs produits en fin de vie, seules 2,1 millions de tonnes de déchets électroniques (sur 8,7 millions de tonnes produites par an) sont récupérées. Et ne sont pas forcément traitées correctement : une partie est en effet exportée vers le Sud en tant que « matériel d’occasion », alors qu’il s’agit d’appareils hors d’usage qui finiront chez les recycleurs. Pourtant, en vertu de la convention de Bâle, l’exportation de déchets toxiques par les pays de l’Union européenne est théoriquement interdite.

Les pays pauvres, avec leurs faibles coûts de main-d’œuvre, resteront un dépotoir des riches tant que ceux-ci n’adopteront pas (dans le cas des Etats-Unis) des réglementations contraignantes ou n’imposeront pas (en Europe et au Japon) leur application rigoureuse.

Antoine de Ravignan, Le Père Noël est une ordure, Alternatives économiques, n° 275, décembre 2008, rubrique : « Vu d’ailleurs | En bref », p. 37, 3,80 €.

Notes

[1] « Toxic Tech : Not in Our Backyard. Uncovering the Hidden Flows of e-Waste ».