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Publié : 15 mai 2011
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Sergio EMILSON, Comment recycler les oiseaux mazoutés

La malbouffe, associée au progrès général si décrié, nous a encore permis de gagner trois ans d’espérance de vie ces dix dernières années (source INED). Et vous, tout ce que vous avez trouvé, c’est de manger bio. […]

Éditions Plume de carotte 2010

BIO, ON VA PAS TOUT GOBER !

Pas de fraises du Chili en hiver, un argument fallacieux de quelques mal embouchés. Vous avez trouvé la parade en un rien de temps, vous vous êtes inscrit dans une AMAP de la banlieue de Valparaiso. Bravo pour votre réactivité, vous êtes plein de ressources. […]

La demande en produits bio a explosé en peu d’années, mais on ne peut en fournir que 8 % sur notre territoire. Du coup le bio est importé, heureusement qu’on peut manger des confitures boliviennes, des haricots kenyans et des fraises du Chili, oui mais bio. […]

Les positions extrêmes finissent par nuire au bio. Certains consommateurs exigeant veulent savoir si l’air contenu dans les trous de l’emmenthal est bio, ou au moins pur. Il vont finir par tout faire capoter. […]

LE BIO AU BANC D’ESSAI

Comme tous les tests de consommateurs le bio est soumis aux mêmes règles d’évaluation. La méthode dite en double aveugle montre que si on place un non-voyant dans un supermarché pour acheter un paquet de riz basmati bio, il revient avec une boîte de plaquettes anti-moustiques non bio. […]

Les légumes et les fruits bio ont maintenant bel aspect, au point que le doute peut surgir dans l’esprit des consommateurs. Heureusement l’Institut de recherche sur la tomate a mis au point une tomate bio verruqueuse, liégeuse et crevassée pour regagner leur confiance. […]

Les modes de conservation des aliments sont aussi concernés par le bio. Finis l’ionisation, les radiations, la pulvérisation de produits chimiques. Conservez vos groseilles dans la saumure, comme autrefois. […]

« Une alimentation bio associée à une prévention à base d’homéopathie, ça fait cinq ans que les enfants n’ont pas eu la moindre attaque de mildiou. » […]

FOIRE AUX QUESTIONS

Au cours d’une fête altermondialiste, on a mis, à mon insu, de la rhubarbe bio dans ma nourriture. Y a-t-il un risque d’accoutumance ?
Une seule exposition est généralement sans conséquence, mais vous avez raison d’être inquiète, car plus qu’une accoutumance on peut observer quelquefois une véritable escalade. On ne compte plus les cas où des personnes ont commencé par du topinambour bio avant de passer au quinoa équitable.

J’ai mangé bio lorsque j’étais enceinte et j’ai nourri mes enfants de la même façon. Aujourd’hui, âgés de 8 et 10 ans, ils me traitent comme une folle quand je leur fait des frites au biocarburant (comprendre à l’huile de tournesol n.d.l.r.)
Pas de panique, ils vous testent. Voyez dans cette réaction hostile une simple opposition à votre autorité. Cette contestation est utile à la construction de leur personnalité.

Le bio, c’est vraiment meilleur au goût, comme on le dit ?
On l’a déjà dit, le goût est une notion très subjective, mais si on propose de la nourriture bio et non bio à des rats et des souris de laboratoire, ils préfèrent la bio dans tous les cas. Ce qui ne veut pas dire qu’ils aient meilleur goût. Une tourte au rat non bio, c’est aussi bon, finalement.

Faut-il manger tout bio ?
Non. L’homme est omnivore, s’il était biovore, depuis le temps ça se saurait. Manger tout bio expose à de graves carences, notamment en pesticides dans le sang et en nitrates dans les reins. Pas d’excès, donc.

Hamburger bio

J’hésite à passer au bio car une de mes copines essaie de s’en sortir et a beaucoup de mal.
C’est tout le problème du bio. Mais avec une nourriture de substitution, un encadrement médical et avec l’aide d’un patch on peut y parvenir, surtout si on est bien entouré. Et puis, on récupère facilement ses capacités à manger de la junk-food [1] en quelques mois, un point positif sur lequel on n’insiste pas suffisamment.

POUR EN SAVOIR PLUS

Sites

• Pas toujours facile de se repérer dans le maquis des labels bio, suite au sommet de 2008 qui s’est tenu en Espagne, est né Label de Cadix supervisé par une commission européenne chargée d’accorder son label aux labels bio irréprochables.
www.eurogouv.org

Un esprit sain dans un porc sain est une AMAP qui vous propose de livrer directement sur votre lieu de travail son panier hebdomadaire de charcuteries de pays bio.
www.abonporc.org

• Une des grandes fragilités de l’agriculture biologique est sa vulnérabilité aux conditions météorologiques. Ainsi, le Printemps bio, la grande rencontre annuelle pour la promotion de la filière bio, s’est finalement tenu en septembre, cette année.
www.printempsbio.fr

Livres

• Aux tout petits (3 à 6 ans), Capitaine Bio donne toutes les bases de l’alimentation bio et soulève les questions de base. Non le boulgour bio ce n’est pas du caca de souris, même si ça en a le goût. Pourquoi il ne faut pas manger le hamster angora, même s’il est bio. Oui, les fleurs c’est bon à manger, sauf celles de la ciguë, etc.
Éd. La marmotte anorexique

Manger bio, pourquoi ? Tiens, c’est vrai, au fait, pourquoi ? Hein, pourquoi ? Ça, alors, pourquoi manger bio ?
Éd. Le mangiapan, 175 p.

Bio, évitez les pièges, un livre pour déjouer tous les pièges tendus par le bio, tapettes en bois FSC, cage en acier recyclé, collet en fibre de chanvre et jusqu’à la cage à grillon équitable. Un guide très complet.
Éd. Le Trappeur, 96 p.

• Notre spécialiste le docteur Jean-Patrick Leclerc-Auscure a signé un livre référence avec son Alimentation bio en milieu éco-hospitalier, vers une responsabilité citoyenne de l’alter-malade.
Éd. Six pieds sur terre


Extraits de Sergio EMILSON, Comment recycler les oiseaux mazoutés, Et autres bons conseils d’écologie horripilante, Éditions Plume de carotte, Collection poils aux plumes, 2010, p. 26, 16 €.

Notes

[1] junk-food (mot anglais) de junk = ordure et food = nourriture : nourriture industrielle.