Sornettes http://sornettes.free.fr/ Sornettes SPIP http://blogs.law.harvard.edu/tech/rss fr Sornettes beterenard@free.fr Wed, 14 May 2025 05:14:38 +0200 0000 :: href="http://sornettes.free.fr/IMG/siteon0.jpg" Sornettes http://sornettes.free.fr Sornettes Une Planète trop peuplée ? Fausses évidences sur la population mondiale http://sornettes.free.fr/spip.php?article307 <p class="spip"><strong class="spip">DÉMOGRAPHIE, que de poncifs on répand en ton nom &hellip;</strong></p> <p class="spip"><span class='spip_document_569 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:300px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/demographie.jpg' width="300" height="181" alt="Carte des pays par population" title="Carte des pays par population" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">« L'humanité connaît une natalité débridée. »</strong> Non, car depuis plusieurs décennies les taux de natalité diminuent nettement et partout, sous l'effet de ce qu'il est convenu d'appeler la « transition démographique » [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb1" name="nh1" id="nh1" class="spip_note" title='[1] Transition démographique : période pendant laquelle une population passe (...)' >1</a>], période durant laquelle une population voit baisser une natalité et une mortalité auparavant très élevées.</p> <p class="spip"><strong class="spip">« Il faut craindre une véritable explosion démographique. »</strong> Qu'on se rassure : la bombe ne sautera pas. Le phénomène majeur du XXI<sup>e</sup> siècle ne sera pas la croissance rapide de la population, mais son vieillissement.</p> <p class="spip"><strong class="spip">« Nous allons vivre sur une Terre écrasée par la surpopulation. »</strong> Non, à nouveau, car la concentration humaine sur de petits territoires, induite par l'urbanisation, entraîne le dépeuplement d'autres régions.</p> <p class="spip"><strong class="spip">« Les vagues migratoires Sud-Nord vont nous submerger. »</strong> C'est ignorer que les nouvelles logiques migratoires engendrent des mobilités dans tous les sens, dont de très importantes migrations Sud-Sud.</p> <p class="spip">En somme, la « population mondiale » n'existe pas : elle est un agrégat sans signification, addition de réalités différentes. […] Présenter les indicateurs démographiques de la population mondiale, c'est gommer les dynamiques propres : celles de pays à taux de natalité [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb2" name="nh2" id="nh2" class="spip_note" title='[2] Taux de natalité : nombre de naissances vivantes au cours d&#39;une période (...)' >2</a>] élevé et faible espérance de vie [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb3" name="nh3" id="nh3" class="spip_note" title='[3] Espérance de vie à la naissance : nombre d&#39;années qu&#39;un groupe de personnes (...)' >3</a>], comme le Niger et le Mali, ou celles de pays dont le taux de natalité est si faible qu'il ne compense pas le taux de mortalité [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb4" name="nh4" id="nh4" class="spip_note" title='[4] Taux de mortalité : nombre de décès au cours d&#39;une période (en général (...)' >4</a>] , comme la Russie ou le Japon. […]</p> <p class="spip">Le monde est composé de populations diverses, aux indicateurs démographiques différents et aux modes de peuplement variés, comme le montrent les extraordinaires variations de la densité [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb5" name="nh5" id="nh5" class="spip_note" title='[5] Densité : rapport de l&#39;effectif d&#39;une population à la superficie du (...)' >5</a>] (de 1 141 habitants par kilomètre carré au Bangladesh à 5,9 au Gabon). […]</p> <p class="spip">Le XX<sup>e</sup> siècle a été témoin d'une évolution sans précédent : le peuplement de la terre a quadruplé (de 1,6 milliard de personnes en 1900 à 6,1 milliards en 2000). Cette croissance résulta de l'addition de trois phénomènes. Dès la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle, certains pays de l'hémisphère Nord avaient commencé à connaître une baisse de la mortalité (infantile [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb6" name="nh6" id="nh6" class="spip_note" title='[6] Taux de mortalité infantile et juvénile : nombre d&#39;enfants morts avant (...)' >6</a>], infanto-adolescente [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb7" name="nh7" id="nh7" class="spip_note" title='[7] Taux de mortalité infanto-adolescente : nombre de personnes d&#39;une (...)' >7</a>] et maternelle [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb8" name="nh8" id="nh8" class="spip_note" title='[8] Taux de mortalité maternelle : nombre de femmes décédant du fait d&#39;un (...)' >8</a>]) qui, au XIX<sup>e</sup> puis au XX<sup>e</sup> siècle, s'est généralisée aux pays du Sud (en Inde, par exemple, à partir des années 1920). […]</p> <p class="spip">Par ailleurs, les personnes âgées vivent plus longtemps, grâce à l'amélioration, depuis les années 1970, de la médecine et des infrastructures sanitaires. La mécanisation d'un certain nombre de tâches a en outre apporté de meilleures conditions de travail, contribuant à accroître l'espérance de vie [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb9" name="nh9" id="nh9" class="spip_note" title='[9] Espérance de vie en bonne santé : nombre d&#39;années qu&#39;un groupe de personnes (...)' >9</a>], qui a presque doublé en un siècle (de 37 ans en 1900 à 69 ans en 2010).</p> <p class="spip"><span class='spip_document_570 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:400px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/evolutionpopulation.jpg' width="400" height="251" alt="Évolution de la population mondiale (ONU)" title="Évolution de la population mondiale (ONU)" /></span></p> <p class="spip">La baisse sans précédent de la fécondité [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb10" name="nh10" id="nh10" class="spip_note" title='[10] Indice synthétique de fécondité : indice statistique (exprimé en enfants (...)' >10</a>] provoque une nette décélération démographique. […] En cinquante ans, la population mondiale a ainsi fortement augmenté : 2,5 milliards en 1950, 6,1 milliards en 2000. Selon la projection moyenne de l'Organisation des Nations unies (ONU), elle devrait s'élever à 9 milliards en 2050. […]</p> <p class="spip"><strong class="spip">Phénomène inédit, le vieillissement marquera le XXI<sup>e</sup> siècle.</strong> Il peut être mesuré soit par l'augmentation de la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus (5,2 % en 1950, 7,6 % en 2010 et 16,2 % en 2050 selon les prévisions de l'ONU), soit par l'évolution de l'âge médian [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb11" name="nh11" id="nh11" class="spip_note" title='[11] Âge médian : âge qui partage les individus d&#39;un pays (ou d&#39;une région) en (...)' >11</a>] (24 ans en 1950, 29 ans en 2010 et environ 38 ans en 2050). L'accroissement de l'espérance de vie élargit le cercle du troisième âge, la baisse de la fécondité minore les effectifs des jeunes ; ses effets sont particulièrement importants dans les pays en phase d'hiver démographique [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb12" name="nh12" id="nh12" class="spip_note" title='[12] Hiver démographique : situation d&#39;un pays dont le taux de natalité (...)' >12</a>], ceux dont la fécondité est depuis plusieurs décennies nettement en dessous du seuil de remplacement des générations [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb13" name="nh13" id="nh13" class="spip_note" title='[13] Seuil de simple remplacement des générations : indice de fécondité (...)' >13</a>] (soit en moyenne 2,1 enfants par femme). […] Il faut aussi tenir compte de l'augmentation du nombre absolu de personnes âgées - ce que l'on appelle la « gérontocroissance » [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb14" name="nh14" id="nh14" class="spip_note" title='[14] Gérontocroissance : augmentation du nombre de personnes âgées dans une (...)' >14</a>] : 130 millions en 1950, 417 millions en 2000, et ce nombre pourrait atteindre 1,486 milliard en 2050. […]</p> <p class="spip">En Inde, 29 % des habitants vivent en ville, 33 % en République démocratique du Congo, 73 % en Allemagne et 79 % aux EtatsUnis. Les facteurs en sont très variables. Le fort taux brésilien est principalement dû à l'héritage de la colonisation qui a fondé des villes chargées d'assurer le contrôle politique et économique du territoire et de centraliser l'exclusivité des échanges avec la métropole portugaise. […]</p> <p class="spip">Les pays très centralisés, comme la France ou l'Iran, se sont dotés d'une armature urbaine macrocéphale, où la capitale politique est dominante dans toutes les fonctions : économiques, financières, universitaires et culturelles. D'autres pays, comme l'Espagne ou la Bolivie, ont une urbanisation bicéphale, dominée par deux villes (Madrid et Barcelone, La Paz et Santa Cruz) ; l'Allemagne est pour sa part organisée en un réseau urbain plus équilibré reliant plusieurs villes harmonieusement hiérarchisées.</p> <p class="spip">Transitions démographiques [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb15" name="nh15" id="nh15" class="spip_note" title='[15] Transition démographique : période pendant laquelle une population passe (...)' >15</a>] en cours dans différents pays du Sud, hiver démographique dans certains pays du Nord, vieillissement de la population, urbanisation sans précédent : voilà qui dessine un paysage démographique inédit. S'y ajoute la question des circulations migratoires : 214 millions de personnes résident de façon permanente dans un autre pays que celui où elles sont nées - un chiffre qui n'inclut ni les réfugiés ni les déplacés.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Contrairement aux idées reçues, les migrations sont régulières et permanentes.</strong> Et très majoritairement légales : surmédiatisées, les migrations clandestines sont statistiquement négligeables. L'histoire et la géographie ont contribué à construire des couples migratoires de pays. Ils peuvent se fonder sur une proximité géographique - Burkina Faso et Côte d'Ivoire, Colombie et Venezuela, Mexique et Etats-Unis, Malaisie et Singapour, Italie et Suisse &hellip; ou sur une histoire commune - Philippines et Etats-Unis, Algérie et France, Inde et Royaume-Uni, etc. - en raison des liens hérités de la colonisation et pérennisés, de jure ou de facto, après la décolonisation. Comme pour le mouvement d'urbanisation, si des facteurs politiques (guerres, conflits civils, régimes liberticides) poussent à l'émigration, les facteurs économiques en sont le moteur principal. Au XIX<sup>e</sup> siècle, la pauvreté avait contraint de nombreux Espagnols, Suisses et Italiens à émigrer en Amérique latine. La démographie elle-même est un troisième facteur de migration : au XIX<sup>e</sup> siècle, la France, en raison de la baisse très précoce de sa fécondité, est devenue le seul pays européen d'immigration. Au XXI<sup>e</sup> siècle, la baisse de la population active dans différents pays développés pousse à faire appel aux immigrés, du fait du déficit de main d'œuvre, notamment dans certaines activités mal payées.</p> <p class="spip">La polarisation entre pays d'émigration et pays d'immigration a cependant perdu de sa pertinence. Les migrations sont de plus en plus circulaires : le Maroc, par exemple, est un pays d'émigration vers l'Europe et l'Amérique du Nord, un pays de transit pour des ressortissants de l'Afrique subsaharienne rejoignant l'Europe, et un pays d'immigration pour des ressortissants de l'Afrique subsaharienne qui y ont arrêté - sans l'avoir nécessairement prévu - leur cheminement migratoire. De même, l'Espagne est un pays d'émigration, en particulier vers les pays du Nord ou l'Amérique latine, un pays de transit pour des Africains se rendant en France et un pays d'immigration à partir du Maroc, de la Roumanie ou de l'Amérique andine. […]</p> <p class="spip">Extraits de <strong class="spip">Gérard-François DUMONT</strong> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb16" name="nh16" id="nh16" class="spip_note" title='[16] Professeur à l&#39;université Paris-Sorbonne, président de la revue Population (...)' >16</a>], <i class="spip">Fausses évidences sur la population mondiale</i>, <a href="http://www.monde-diplomatique.fr/" target="_blank">Le Monde diplomatique</a>, juin 2011, N° 687, p. 13, 4,90 €.</p> Sun, 19 Jun 2011 11:09:57 +0200 <p class="spip"><strong class="spip">DÉMOGRAPHIE, que de poncifs on répand en ton nom &hellip;</strong></p> <p class="spip"><span class='spip_document_569 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:300px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/demographie.jpg' width="300" height="181" alt="Carte des pays par population" title="Carte des pays par population" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">« L'humanité connaît une natalité débridée. »</strong> Non, car depuis plusieurs décennies les taux de natalité diminuent nettement et partout, sous l'effet de ce qu'il est convenu d'appeler la « transition démographique » [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb17" name="nh17" id="nh17" class="spip_note" title='[17] Transition démographique : période pendant laquelle une population passe (...)' >17</a>], période durant laquelle une population voit baisser une natalité et une mortalité auparavant très élevées.</p> <p class="spip"><strong class="spip">« Il faut craindre une véritable explosion démographique. »</strong> Qu'on se rassure : la bombe ne sautera pas. Le phénomène majeur du XXI<sup>e</sup> siècle ne sera pas la croissance rapide de la population, mais son vieillissement.</p> <p class="spip"><strong class="spip">« Nous allons vivre sur une Terre écrasée par la surpopulation. »</strong> Non, à nouveau, car la concentration humaine sur de petits territoires, induite par l'urbanisation, entraîne le dépeuplement d'autres régions.</p> <p class="spip"><strong class="spip">« Les vagues migratoires Sud-Nord vont nous submerger. »</strong> C'est ignorer que les nouvelles logiques migratoires engendrent des mobilités dans tous les sens, dont de très importantes migrations Sud-Sud.</p> <p class="spip">En somme, la « population mondiale » n'existe pas : elle est un agrégat sans signification, addition de réalités différentes. […] Présenter les indicateurs démographiques de la population mondiale, c'est gommer les dynamiques propres : celles de pays à taux de natalité [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb18" name="nh18" id="nh18" class="spip_note" title='[18] Taux de natalité : nombre de naissances vivantes au cours d&#39;une période (...)' >18</a>] élevé et faible espérance de vie [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb19" name="nh19" id="nh19" class="spip_note" title='[19] Espérance de vie à la naissance : nombre d&#39;années qu&#39;un groupe de (...)' >19</a>], comme le Niger et le Mali, ou celles de pays dont le taux de natalité est si faible qu'il ne compense pas le taux de mortalité [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb20" name="nh20" id="nh20" class="spip_note" title='[20] Taux de mortalité : nombre de décès au cours d&#39;une période (en général (...)' >20</a>] , comme la Russie ou le Japon. […]</p> <p class="spip">Le monde est composé de populations diverses, aux indicateurs démographiques différents et aux modes de peuplement variés, comme le montrent les extraordinaires variations de la densité [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb21" name="nh21" id="nh21" class="spip_note" title='[21] Densité : rapport de l&#39;effectif d&#39;une population à la superficie du (...)' >21</a>] (de 1 141 habitants par kilomètre carré au Bangladesh à 5,9 au Gabon). […]</p> <p class="spip">Le XX<sup>e</sup> siècle a été témoin d'une évolution sans précédent : le peuplement de la terre a quadruplé (de 1,6 milliard de personnes en 1900 à 6,1 milliards en 2000). Cette croissance résulta de l'addition de trois phénomènes. Dès la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle, certains pays de l'hémisphère Nord avaient commencé à connaître une baisse de la mortalité (infantile [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb22" name="nh22" id="nh22" class="spip_note" title='[22] Taux de mortalité infantile et juvénile : nombre d&#39;enfants morts avant (...)' >22</a>], infanto-adolescente [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb23" name="nh23" id="nh23" class="spip_note" title='[23] Taux de mortalité infanto-adolescente : nombre de personnes d&#39;une (...)' >23</a>] et maternelle [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb24" name="nh24" id="nh24" class="spip_note" title='[24] Taux de mortalité maternelle : nombre de femmes décédant du fait d&#39;un (...)' >24</a>]) qui, au XIX<sup>e</sup> puis au XX<sup>e</sup> siècle, s'est généralisée aux pays du Sud (en Inde, par exemple, à partir des années 1920). […]</p> <p class="spip">Par ailleurs, les personnes âgées vivent plus longtemps, grâce à l'amélioration, depuis les années 1970, de la médecine et des infrastructures sanitaires. La mécanisation d'un certain nombre de tâches a en outre apporté de meilleures conditions de travail, contribuant à accroître l'espérance de vie [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb25" name="nh25" id="nh25" class="spip_note" title='[25] Espérance de vie en bonne santé : nombre d&#39;années qu&#39;un groupe de (...)' >25</a>], qui a presque doublé en un siècle (de 37 ans en 1900 à 69 ans en 2010).</p> <p class="spip"><span class='spip_document_570 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:400px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/evolutionpopulation.jpg' width="400" height="251" alt="Évolution de la population mondiale (ONU)" title="Évolution de la population mondiale (ONU)" /></span></p> <p class="spip">La baisse sans précédent de la fécondité [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb26" name="nh26" id="nh26" class="spip_note" title='[26] Indice synthétique de fécondité : indice statistique (exprimé en enfants (...)' >26</a>] provoque une nette décélération démographique. […] En cinquante ans, la population mondiale a ainsi fortement augmenté : 2,5 milliards en 1950, 6,1 milliards en 2000. Selon la projection moyenne de l'Organisation des Nations unies (ONU), elle devrait s'élever à 9 milliards en 2050. […]</p> <p class="spip"><strong class="spip">Phénomène inédit, le vieillissement marquera le XXI<sup>e</sup> siècle.</strong> Il peut être mesuré soit par l'augmentation de la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus (5,2 % en 1950, 7,6 % en 2010 et 16,2 % en 2050 selon les prévisions de l'ONU), soit par l'évolution de l'âge médian [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb27" name="nh27" id="nh27" class="spip_note" title='[27] Âge médian : âge qui partage les individus d&#39;un pays (ou d&#39;une région) en (...)' >27</a>] (24 ans en 1950, 29 ans en 2010 et environ 38 ans en 2050). L'accroissement de l'espérance de vie élargit le cercle du troisième âge, la baisse de la fécondité minore les effectifs des jeunes ; ses effets sont particulièrement importants dans les pays en phase d'hiver démographique [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb28" name="nh28" id="nh28" class="spip_note" title='[28] Hiver démographique : situation d&#39;un pays dont le taux de natalité (...)' >28</a>], ceux dont la fécondité est depuis plusieurs décennies nettement en dessous du seuil de remplacement des générations [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb29" name="nh29" id="nh29" class="spip_note" title='[29] Seuil de simple remplacement des générations : indice de fécondité (...)' >29</a>] (soit en moyenne 2,1 enfants par femme). […] Il faut aussi tenir compte de l'augmentation du nombre absolu de personnes âgées - ce que l'on appelle la « gérontocroissance » [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb30" name="nh30" id="nh30" class="spip_note" title='[30] Gérontocroissance : augmentation du nombre de personnes âgées dans une (...)' >30</a>] : 130 millions en 1950, 417 millions en 2000, et ce nombre pourrait atteindre 1,486 milliard en 2050. […]</p> <p class="spip">En Inde, 29 % des habitants vivent en ville, 33 % en République démocratique du Congo, 73 % en Allemagne et 79 % aux EtatsUnis. Les facteurs en sont très variables. Le fort taux brésilien est principalement dû à l'héritage de la colonisation qui a fondé des villes chargées d'assurer le contrôle politique et économique du territoire et de centraliser l'exclusivité des échanges avec la métropole portugaise. […]</p> <p class="spip">Les pays très centralisés, comme la France ou l'Iran, se sont dotés d'une armature urbaine macrocéphale, où la capitale politique est dominante dans toutes les fonctions : économiques, financières, universitaires et culturelles. D'autres pays, comme l'Espagne ou la Bolivie, ont une urbanisation bicéphale, dominée par deux villes (Madrid et Barcelone, La Paz et Santa Cruz) ; l'Allemagne est pour sa part organisée en un réseau urbain plus équilibré reliant plusieurs villes harmonieusement hiérarchisées.</p> <p class="spip">Transitions démographiques [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb31" name="nh31" id="nh31" class="spip_note" title='[31] Transition démographique : période pendant laquelle une population passe (...)' >31</a>] en cours dans différents pays du Sud, hiver démographique dans certains pays du Nord, vieillissement de la population, urbanisation sans précédent : voilà qui dessine un paysage démographique inédit. S'y ajoute la question des circulations migratoires : 214 millions de personnes résident de façon permanente dans un autre pays que celui où elles sont nées - un chiffre qui n'inclut ni les réfugiés ni les déplacés.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Contrairement aux idées reçues, les migrations sont régulières et permanentes.</strong> Et très majoritairement légales : surmédiatisées, les migrations clandestines sont statistiquement négligeables. L'histoire et la géographie ont contribué à construire des couples migratoires de pays. Ils peuvent se fonder sur une proximité géographique - Burkina Faso et Côte d'Ivoire, Colombie et Venezuela, Mexique et Etats-Unis, Malaisie et Singapour, Italie et Suisse &hellip; ou sur une histoire commune - Philippines et Etats-Unis, Algérie et France, Inde et Royaume-Uni, etc. - en raison des liens hérités de la colonisation et pérennisés, de jure ou de facto, après la décolonisation. Comme pour le mouvement d'urbanisation, si des facteurs politiques (guerres, conflits civils, régimes liberticides) poussent à l'émigration, les facteurs économiques en sont le moteur principal. Au XIX<sup>e</sup> siècle, la pauvreté avait contraint de nombreux Espagnols, Suisses et Italiens à émigrer en Amérique latine. La démographie elle-même est un troisième facteur de migration : au XIX<sup>e</sup> siècle, la France, en raison de la baisse très précoce de sa fécondité, est devenue le seul pays européen d'immigration. Au XXI<sup>e</sup> siècle, la baisse de la population active dans différents pays développés pousse à faire appel aux immigrés, du fait du déficit de main d'œuvre, notamment dans certaines activités mal payées.</p> <p class="spip">La polarisation entre pays d'émigration et pays d'immigration a cependant perdu de sa pertinence. Les migrations sont de plus en plus circulaires : le Maroc, par exemple, est un pays d'émigration vers l'Europe et l'Amérique du Nord, un pays de transit pour des ressortissants de l'Afrique subsaharienne rejoignant l'Europe, et un pays d'immigration pour des ressortissants de l'Afrique subsaharienne qui y ont arrêté - sans l'avoir nécessairement prévu - leur cheminement migratoire. De même, l'Espagne est un pays d'émigration, en particulier vers les pays du Nord ou l'Amérique latine, un pays de transit pour des Africains se rendant en France et un pays d'immigration à partir du Maroc, de la Roumanie ou de l'Amérique andine. […]</p> <p class="spip">Extraits de <strong class="spip">Gérard-François DUMONT</strong> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb32" name="nh32" id="nh32" class="spip_note" title='[32] Professeur à l&#39;université Paris-Sorbonne, président de la revue Population (...)' >32</a>], <i class="spip">Fausses évidences sur la population mondiale</i>, <a href="http://www.monde-diplomatique.fr/" target="_blank">Le Monde diplomatique</a>, juin 2011, N° 687, p. 13, 4,90 €.</p> Changer le monde : Tout un programme ! par Jean-Marc JANCOVICI http://sornettes.free.fr/spip.php?article306 <p class="spip">L'origine de notre crise économique se situe non point dans les dysfonctionnements du système bancaire mais bien dans la crise de l'énergie : raréfaction, renchérissement et menace de manque. <br />De nombreuses pages de cet ouvrage sont consacrées aux difficultés que posent les tentatives de « décarbonisation » de nos économies.</p> <p class="spip"><span class='spip_document_558 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:209px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/changermonde.jpg' width="209" height="312" alt="Éditions Calman-Lévy 2011" title="Éditions Calman-Lévy 2011" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">Quatrième de couverture :</strong></p> <p class="spip">L'énergie procède de la transformation de la matière. L'économie n'étant rien d'autre qu'une machine à transformer des ressources, nos sociétés industrielles sont de plus en plus gourmandes en énergie, alors même que les stocks susceptibles de leur en fournir, que ce soit du charbon, du pétrole ou de l'uranium, diminuent inexorablement. (Voir <a href="http://www.youtube.com/watch?v=BoyeXbxW05k&feature=player_embedded" target="_blank">Peak Oil - How Will You Ride the Slide ?</a>)</p> <p class="spip">Partant de ce constat, Jean-Marc Jancovici montre que les espoirs placés par nos gouvernants dans la reprise de la croissance sont illusoires et dangereux : dans une économie monde qui dépend des énergies fossiles, plus vite la croissance repartira, plus vite arrivera le prochain choc pétrolier qui la tuera à nouveau.</p> <p class="spip">Il faut sortir de cette spirale infernale. L'éolien, le solaire seraient-ils une solution ? Pas si simple, démontre J.-M. Jancovici : leur coût actuel est astronomique et leur contribution insignifiante. Le nucléaire, alors ? Malgré ce qui semble intuitivement découler du drame de Fukushima, c'est une des composantes de la transition qu'il faut perfectionner et développer.</p> <p class="spip">Mais surtout, il faut un nouveau projet de société, tout entier tourné vers une économie « décarbonée ». Un tel projet touchera à tout : nos métiers, notre habitat, notre système de soins, notre agriculture, notre alimentation, notre mobilité, notre lieu de vacances, notre armée et notre diplomatie, la consolidation de l'Europe, les procédés industriels, la productivité du travail et la gestion des retraites &hellip;</p> <p class="spip">Pour éviter l'impasse, chacun de ces compartiments de la société doit être libéré au plus vite de sa dépendance au carbone, et J.-M. Jancovici propose des pistes concrètes pour y parvenir.</p> <p class="spip">Tout un programme, certes, mais prendre la contrainte carbone à bras le corps n'est pas une option, écrit-il. Si nous ne faisons pas le premier pas, c'est elle qui choisira la forme de l'étreinte !</p> <p class="spip"><i class="spip">Jean-Marc Jancovici est ingénieur de l'École polytechnique, consultant et enseignant. En 2007, il a collaboré à l'élaboration du Pacte écologique de la Fondation Nicolas Hulot. Il tient une chronique hebdomadaire sur France Info et présente une fois par mois l'indicateur ECO<sub>2</sub> Climat au JT de 20 heures de TF1. Il est l'auteur notamment de :</i> <br />Le Plein s'il vous plaît ! La solution au problème de l'énergie, <i class="spip">avec Alain Grandjean (Le Seuil, 2006),</i> <br />Le Changement climatique expliqué à ma fille, <i class="spip">traduit en six langues (Le Seuil, 2009)</i> <br />C'est maintenant ! Trois ans pour sauver le monde, <i class="spip">avec Alain Grandjean (Le Seuil, 2009).</i></p> <p class="spip"><strong class="spip">Sommaire du livre :</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 1 : Le pétrole, ou la multiplication des surhommes</strong> <br />Papin et Watt, libérateurs des esclaves ? <br />Énergie = pouvoir d'achat <br />L'effet boeuf <br />Cachez ce sein… pour pas cher <br />En voiture ! <br />Du carbone dans le gigaoctet <br />Le droit au logement, encore du pétrole <br />Pour divorcer, quelle énergie ! </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 2 : Mettre les villes à la campagne, c'est fait !</strong> <br />De la charrue à la clé de 12 <br />Pour rendre service, il faut pomper… <br />Rien ne va plus <br />T'as du pétrole ? Tu déménages ! <br />Se soigner au pétrole <br />Millions d'euros ou mégajoules ? <br />Le crépuscule des banlieues <br />Cassandre, à la niche ! </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 3 : Charybde pétrole ou Scylla climat ?</strong> <br />Pour une poignée de degrés de plus… <br />Tu émets et je pompe <br />Au charbon ! <br />Pic et pic… <br />Éviter la crise dans la crise ? <br />Tu ne couperas point <br />Quatre axes </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 4 : Montre moi donc ton bilan carbone&hellip;.</strong> <br />Zéro CO2, c'est parfois 100 % de bêtises ! <br />Je cultive, donc j'émets <br />L'électricité, pas si propre ! <br />« Not in my backyard », aussi pour les émissions <br />Les leçons du bilan carbone <br />C'est le petit bilan qui monte, qui monte… </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 5 : Quand on aime, on ne compte pas</strong> <br />Combien coûte un ours blanc ? <br />Le retour des moulins à vent <br />Quand la démagogie s'empare des électrons… <br />Un tramway nommé dollar <br />Le bonus-malus, beaucoup de bruit pour pas grand-chose ? <br />Moi, ce n'est pas l'État <br />Demain j'aurai mieux <br />T'as pas de coquillages ? Aucun problème ! <br />Pourquoi demain et pas tout de suite ? </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 6 : C'est grave, docteur ?</strong> <br />La croissance, ou la paix ? <br />Du carbone à la géopolitique planétaire <br />De la Terre de feu au Pacte écologique <br />Tu ne taxeras point <br />De Rio à Copenhague (en attendant Durban) </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 7 : A table !</strong> <br />Quand le bâtiment va… <br />Le retour du train-train ? <br />Il faudra déborder d'énergie, quand même <br />Goûtez-moi ce bon carbone <br />Je te taxe ou je te rationne ? <br />De l'ambition, que diable !</p> <p class="spip"><strong class="spip">Jean-Marc JANCOVICI</strong>, <i class="spip">Changer le monde</i>, <a href="http://www.editions-calmann-levy.com/livre/titre-399025-Changer-le-monde.html" target="_blank">Éditions Calman-Lévi</a>, 2011, 18 €.</p> <p class="spip">Voir <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article305" class="spip_in">« Nous y sommes » par Fred Vargas</a>.</p> <p class="spip">Voir aussi : <a href="http://www.manicore.com/documentation/articles/changer_le_monde.html" target="_blank">le site Manicore de J-M Jancovici</a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article267" class="spip_in"></a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article237" class="spip_in">Le PIB n'est que la fiche de paie de l'humanité !</a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article141" class="spip_in">L'essence, une esclave très bon marché !</a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article140" class="spip_in">Tchernobyl : combien de victimes</a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article112" class="spip_in">Les modèles climatiques</a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article101" class="spip_in"></a>.</p> Sun, 05 Jun 2011 10:21:07 +0200 <p class="spip">L'origine de notre crise économique se situe non point dans les dysfonctionnements du système bancaire mais bien dans la crise de l'énergie : raréfaction, renchérissement et menace de manque. <br />De nombreuses pages de cet ouvrage sont consacrées aux difficultés que posent les tentatives de « décarbonisation » de nos économies.</p> <p class="spip"><span class='spip_document_558 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:209px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/changermonde.jpg' width="209" height="312" alt="Éditions Calman-Lévy 2011" title="Éditions Calman-Lévy 2011" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">Quatrième de couverture :</strong></p> <p class="spip">L'énergie procède de la transformation de la matière. L'économie n'étant rien d'autre qu'une machine à transformer des ressources, nos sociétés industrielles sont de plus en plus gourmandes en énergie, alors même que les stocks susceptibles de leur en fournir, que ce soit du charbon, du pétrole ou de l'uranium, diminuent inexorablement. (Voir <a href="http://www.youtube.com/watch?v=BoyeXbxW05k&feature=player_embedded" target="_blank">Peak Oil - How Will You Ride the Slide ?</a>)</p> <p class="spip">Partant de ce constat, Jean-Marc Jancovici montre que les espoirs placés par nos gouvernants dans la reprise de la croissance sont illusoires et dangereux : dans une économie monde qui dépend des énergies fossiles, plus vite la croissance repartira, plus vite arrivera le prochain choc pétrolier qui la tuera à nouveau.</p> <p class="spip">Il faut sortir de cette spirale infernale. L'éolien, le solaire seraient-ils une solution ? Pas si simple, démontre J.-M. Jancovici : leur coût actuel est astronomique et leur contribution insignifiante. Le nucléaire, alors ? Malgré ce qui semble intuitivement découler du drame de Fukushima, c'est une des composantes de la transition qu'il faut perfectionner et développer.</p> <p class="spip">Mais surtout, il faut un nouveau projet de société, tout entier tourné vers une économie « décarbonée ». Un tel projet touchera à tout : nos métiers, notre habitat, notre système de soins, notre agriculture, notre alimentation, notre mobilité, notre lieu de vacances, notre armée et notre diplomatie, la consolidation de l'Europe, les procédés industriels, la productivité du travail et la gestion des retraites &hellip;</p> <p class="spip">Pour éviter l'impasse, chacun de ces compartiments de la société doit être libéré au plus vite de sa dépendance au carbone, et J.-M. Jancovici propose des pistes concrètes pour y parvenir.</p> <p class="spip">Tout un programme, certes, mais prendre la contrainte carbone à bras le corps n'est pas une option, écrit-il. Si nous ne faisons pas le premier pas, c'est elle qui choisira la forme de l'étreinte !</p> <p class="spip"><i class="spip">Jean-Marc Jancovici est ingénieur de l'École polytechnique, consultant et enseignant. En 2007, il a collaboré à l'élaboration du Pacte écologique de la Fondation Nicolas Hulot. Il tient une chronique hebdomadaire sur France Info et présente une fois par mois l'indicateur ECO<sub>2</sub> Climat au JT de 20 heures de TF1. Il est l'auteur notamment de :</i> <br />Le Plein s'il vous plaît ! La solution au problème de l'énergie, <i class="spip">avec Alain Grandjean (Le Seuil, 2006),</i> <br />Le Changement climatique expliqué à ma fille, <i class="spip">traduit en six langues (Le Seuil, 2009)</i> <br />C'est maintenant ! Trois ans pour sauver le monde, <i class="spip">avec Alain Grandjean (Le Seuil, 2009).</i></p> <p class="spip"><strong class="spip">Sommaire du livre :</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 1 : Le pétrole, ou la multiplication des surhommes</strong> <br />Papin et Watt, libérateurs des esclaves ? <br />Énergie = pouvoir d'achat <br />L'effet boeuf <br />Cachez ce sein… pour pas cher <br />En voiture ! <br />Du carbone dans le gigaoctet <br />Le droit au logement, encore du pétrole <br />Pour divorcer, quelle énergie ! </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 2 : Mettre les villes à la campagne, c'est fait !</strong> <br />De la charrue à la clé de 12 <br />Pour rendre service, il faut pomper… <br />Rien ne va plus <br />T'as du pétrole ? Tu déménages ! <br />Se soigner au pétrole <br />Millions d'euros ou mégajoules ? <br />Le crépuscule des banlieues <br />Cassandre, à la niche ! </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 3 : Charybde pétrole ou Scylla climat ?</strong> <br />Pour une poignée de degrés de plus… <br />Tu émets et je pompe <br />Au charbon ! <br />Pic et pic… <br />Éviter la crise dans la crise ? <br />Tu ne couperas point <br />Quatre axes </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 4 : Montre moi donc ton bilan carbone&hellip;.</strong> <br />Zéro CO2, c'est parfois 100 % de bêtises ! <br />Je cultive, donc j'émets <br />L'électricité, pas si propre ! <br />« Not in my backyard », aussi pour les émissions <br />Les leçons du bilan carbone <br />C'est le petit bilan qui monte, qui monte… </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 5 : Quand on aime, on ne compte pas</strong> <br />Combien coûte un ours blanc ? <br />Le retour des moulins à vent <br />Quand la démagogie s'empare des électrons… <br />Un tramway nommé dollar <br />Le bonus-malus, beaucoup de bruit pour pas grand-chose ? <br />Moi, ce n'est pas l'État <br />Demain j'aurai mieux <br />T'as pas de coquillages ? Aucun problème ! <br />Pourquoi demain et pas tout de suite ? </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 6 : C'est grave, docteur ?</strong> <br />La croissance, ou la paix ? <br />Du carbone à la géopolitique planétaire <br />De la Terre de feu au Pacte écologique <br />Tu ne taxeras point <br />De Rio à Copenhague (en attendant Durban) </p> <p class="spip"><strong class="spip">Chapitre 7 : A table !</strong> <br />Quand le bâtiment va… <br />Le retour du train-train ? <br />Il faudra déborder d'énergie, quand même <br />Goûtez-moi ce bon carbone <br />Je te taxe ou je te rationne ? <br />De l'ambition, que diable !</p> <p class="spip"><strong class="spip">Jean-Marc JANCOVICI</strong>, <i class="spip">Changer le monde</i>, <a href="http://www.editions-calmann-levy.com/livre/titre-399025-Changer-le-monde.html" target="_blank">Éditions Calman-Lévi</a>, 2011, 18 €.</p> <p class="spip">Voir <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article305" class="spip_in">« Nous y sommes » par Fred Vargas</a>.</p> <p class="spip">Voir aussi : <a href="http://www.manicore.com/documentation/articles/changer_le_monde.html" target="_blank">le site Manicore de J-M Jancovici</a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article267" class="spip_in"></a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article237" class="spip_in">Le PIB n'est que la fiche de paie de l'humanité !</a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article141" class="spip_in">L'essence, une esclave très bon marché !</a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article140" class="spip_in">Tchernobyl : combien de victimes</a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article112" class="spip_in">Les modèles climatiques</a>, <br /><a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article101" class="spip_in"></a>.</p> « Nous y sommes » par Fred Vargas http://sornettes.free.fr/spip.php?article305 <p class="spip"><span class='spip_document_557 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:200px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/fred-vargas-2.jpg' width="200" height="207" alt="http://gaetanpelletier.wordpress.com/2009/10/22/fred-vargas-nous-y-sommes/" title="http://gaetanpelletier.wordpress.com/2009/10/22/fred-vargas-nous-y-sommes/" /></span></p> <p class="spip">Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance.
 <br />Nous avons chanté, dansé…
 <br />Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine. <br />Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout du 
monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés. <br />
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. <br />
Franchement on s'est marrés. Franchement on a bien profité. <br />
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.
 <br />Certes.
 <br />Mais nous y sommes.
 <br />A la Troisième Révolution.
 <br />Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie. <br />
« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.
 <br />Oui. <br />
On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. <br />
La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. <br />
De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau.
 <br />Son ultimatum est clair et sans pitié :
 <br />Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse). <br />
Sauvez-moi, ou crevez avec moi. <br />
Evidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux.
 <br />D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance.
 <br />Peine perdue. <br />
Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.
 <br />Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille – récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés).
 <br />S'efforcer. Réfléchir, même.
 <br />Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.
 <br />Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.
 <br />Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. <br />
Pas d'échappatoire, allons-y. <br />
Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible.
 <br />A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être. <br />
A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.
 <br />A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore. »</p> <p class="spip">

<strong class="spip">Fred Vargas</strong>, archéologue et écrivain (message déposé sur le blog d'Europe Écologie le 7 novembre 2008 à 23h24)</p> <p class="spip">Texte extrait de <a href="http://www.lieux-dits.eu/" target="_blank">Lieux-dits, rubrique Portnawak</a></p> <p class="spip">Dernier roman policier de <strong class="spip">Fred VARGAS</strong> : <a href="http://www.viviane-hamy.fr/fiche-ouvrage.asp?O=263" target="_blank"><i class="spip">L'Armée furieuse</i>, Éditions Viviane Hamy</a>, 2011, 19,50 €.</p> Sun, 29 May 2011 17:04:48 +0200 <p class="spip"><span class='spip_document_557 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:200px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/fred-vargas-2.jpg' width="200" height="207" alt="http://gaetanpelletier.wordpress.com/2009/10/22/fred-vargas-nous-y-sommes/" title="http://gaetanpelletier.wordpress.com/2009/10/22/fred-vargas-nous-y-sommes/" /></span></p> <p class="spip">Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance.
 <br />Nous avons chanté, dansé…
 <br />Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine. <br />Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout du 
monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés. <br />
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. <br />
Franchement on s'est marrés. Franchement on a bien profité. <br />
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.
 <br />Certes.
 <br />Mais nous y sommes.
 <br />A la Troisième Révolution.
 <br />Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie. <br />
« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.
 <br />Oui. <br />
On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. <br />
La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. <br />
De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau.
 <br />Son ultimatum est clair et sans pitié :
 <br />Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse). <br />
Sauvez-moi, ou crevez avec moi. <br />
Evidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux.
 <br />D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance.
 <br />Peine perdue. <br />
Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.
 <br />Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille – récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés).
 <br />S'efforcer. Réfléchir, même.
 <br />Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.
 <br />Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.
 <br />Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. <br />
Pas d'échappatoire, allons-y. <br />
Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible.
 <br />A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être. <br />
A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.
 <br />A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore. »</p> <p class="spip">

<strong class="spip">Fred Vargas</strong>, archéologue et écrivain (message déposé sur le blog d'Europe Écologie le 7 novembre 2008 à 23h24)</p> <p class="spip">Texte extrait de <a href="http://www.lieux-dits.eu/" target="_blank">Lieux-dits, rubrique Portnawak</a></p> <p class="spip">Dernier roman policier de <strong class="spip">Fred VARGAS</strong> : <a href="http://www.viviane-hamy.fr/fiche-ouvrage.asp?O=263" target="_blank"><i class="spip">L'Armée furieuse</i>, Éditions Viviane Hamy</a>, 2011, 19,50 €.</p> Sergio EMILSON, Comment recycler les oiseaux mazoutés http://sornettes.free.fr/spip.php?article303 <p class="spip"><span class='spip_document_554 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:209px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/bio.jpg' width="209" height="289" alt="Éditions Plume de carotte 2010" title="Éditions Plume de carotte 2010" /></span></p> <h3 class="spip"><a name='1'></a>BIO, ON VA PAS TOUT GOBER !</h3> <p class="spip">Pas de fraises du Chili en hiver, un argument fallacieux de quelques mal embouchés. Vous avez trouvé la parade en un rien de temps, vous vous êtes inscrit dans une AMAP de la banlieue de Valparaiso. Bravo pour votre réactivité, vous êtes plein de ressources. […]</p> <p class="spip">La demande en produits bio a explosé en peu d'années, mais on ne peut en fournir que 8 % sur notre territoire. Du coup le bio est importé, heureusement qu'on peut manger des confitures boliviennes, des haricots kenyans et des fraises du Chili, oui mais bio. […]</p> <p class="spip">Les positions extrêmes finissent par nuire au bio. Certains consommateurs exigeant veulent savoir si l'air contenu dans les trous de l'emmenthal est bio, ou au moins pur. Il vont finir par tout faire capoter. […]</p> <h3 class="spip"><a name='2'></a>LE BIO AU BANC D'ESSAI</h3> <p class="spip">Comme tous les tests de consommateurs le bio est soumis aux mêmes règles d'évaluation. La méthode dite en double aveugle montre que si on place un non-voyant dans un supermarché pour acheter un paquet de riz basmati bio, il revient avec une boîte de plaquettes anti-moustiques non bio. […]</p> <p class="spip">Les légumes et les fruits bio ont maintenant bel aspect, au point que le doute peut surgir dans l'esprit des consommateurs. Heureusement l'Institut de recherche sur la tomate a mis au point une tomate bio verruqueuse, liégeuse et crevassée pour regagner leur confiance. […]</p> <p class="spip">Les modes de conservation des aliments sont aussi concernés par le bio. Finis l'ionisation, les radiations, la pulvérisation de produits chimiques. Conservez vos groseilles dans la saumure, comme autrefois. […]</p> <p class="spip"><i class="spip">« Une alimentation bio associée à une prévention à base d'homéopathie, ça fait cinq ans que les enfants n'ont pas eu la moindre attaque de mildiou. »</i> […]</p> <h3 class="spip"><a name='3'></a>FOIRE AUX QUESTIONS</h3> <p class="spip"><strong class="spip">Au cours d'une fête altermondialiste, on a mis, à mon insu, de la rhubarbe bio dans ma nourriture. Y a-t-il un risque d'accoutumance ?</strong> <br />Une seule exposition est généralement sans conséquence, mais vous avez raison d'être inquiète, car plus qu'une accoutumance on peut observer quelquefois une véritable escalade. On ne compte plus les cas où des personnes ont commencé par du topinambour bio avant de passer au quinoa équitable.</p> <p class="spip"><strong class="spip">J'ai mangé bio lorsque j'étais enceinte et j'ai nourri mes enfants de la même façon. Aujourd'hui, âgés de 8 et 10 ans, ils me traitent comme une folle quand je leur fait des frites au biocarburant (comprendre à l'huile de tournesol n.d.l.r.)</strong> <br />Pas de panique, ils vous testent. Voyez dans cette réaction hostile une simple opposition à votre autorité. Cette contestation est utile à la construction de leur personnalité.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Le bio, c'est vraiment meilleur au goût, comme on le dit ?</strong> <br />On l'a déjà dit, le goût est une notion très subjective, mais si on propose de la nourriture bio et non bio à des rats et des souris de laboratoire, ils préfèrent la bio dans tous les cas. Ce qui ne veut pas dire qu'ils aient meilleur goût. Une tourte au rat non bio, c'est aussi bon, finalement.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Faut-il manger tout bio ?</strong> <br />Non. L'homme est omnivore, s'il était biovore, depuis le temps ça se saurait. Manger tout bio expose à de graves carences, notamment en pesticides dans le sang et en nitrates dans les reins. Pas d'excès, donc.</p> <p class="spip"><span class='spip_document_555 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:250px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/hamburgerbio.jpg' width="250" height="228" alt="Hamburger bio" title="Hamburger bio" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">J'hésite à passer au bio car une de mes copines essaie de s'en sortir et a beaucoup de mal.</strong> <br />C'est tout le problème du bio. Mais avec une nourriture de substitution, un encadrement médical et avec l'aide d'un patch on peut y parvenir, surtout si on est bien entouré. Et puis, on récupère facilement ses capacités à manger de la <i class="spip">junk-food</i> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb33" name="nh33" id="nh33" class="spip_note" title='[33] junk-food (mot anglais) de junk = ordure et food = nourriture : (...)' >33</a>] en quelques mois, un point positif sur lequel on n'insiste pas suffisamment.</p> <h3 class="spip"><a name='4'></a>POUR EN SAVOIR PLUS</h3> <p class="spip"><strong class="spip">Sites</strong></p> <p class="spip">• Pas toujours facile de se repérer dans le maquis des labels bio, suite au sommet de 2008 qui s'est tenu en Espagne, est né <strong class="spip">Label de Cadix</strong> supervisé par une commission européenne chargée d'accorder son label aux labels bio irréprochables. <br /><i class="spip">www.eurogouv.org</i></p> <p class="spip">• <strong class="spip">Un esprit sain dans un porc sain</strong> est une AMAP qui vous propose de livrer directement sur votre lieu de travail son panier hebdomadaire de charcuteries de pays bio. <br /><i class="spip">www.abonporc.org</i></p> <p class="spip">• Une des grandes fragilités de l'agriculture biologique est sa vulnérabilité aux conditions météorologiques. Ainsi, le <strong class="spip">Printemps bio</strong>, la grande rencontre annuelle pour la promotion de la filière bio, s'est finalement tenu en septembre, cette année. <br /><i class="spip">www.printempsbio.fr</i></p> <p class="spip"><strong class="spip">Livres</strong></p> <p class="spip">• Aux tout petits (3 à 6 ans), <strong class="spip">Capitaine Bio</strong> donne toutes les bases de l'alimentation bio et soulève les questions de base. <i class="spip">Non le boulgour bio ce n'est pas du caca de souris, même si ça en a le goût. Pourquoi il ne faut pas manger le hamster angora, même s'il est bio. Oui, les fleurs c'est bon à manger, sauf celles de la ciguë, etc.</i> <br /><i class="spip">Éd. La marmotte anorexique</i></p> <p class="spip">• <strong class="spip">Manger bio, pourquoi ?</strong> Tiens, c'est vrai, au fait, pourquoi ? Hein, pourquoi ? Ça, alors, pourquoi manger bio ? <br /><i class="spip">Éd. Le mangiapan, 175 p.</i></p> <p class="spip">• <strong class="spip">Bio, évitez les pièges</strong>, un livre pour déjouer tous les pièges tendus par le bio, tapettes en bois FSC, cage en acier recyclé, collet en fibre de chanvre et jusqu'à la cage à grillon équitable. Un guide très complet. <br /><i class="spip">Éd. Le Trappeur, 96 p.</i></p> <p class="spip">• Notre spécialiste le docteur Jean-Patrick Leclerc-Auscure a signé un livre référence avec son <strong class="spip">Alimentation bio en milieu éco-hospitalier, vers une responsabilité citoyenne de l'alter-malade.</strong> <br /><i class="spip">Éd. Six pieds sur terre</i></p> <hr class="spip" /> <p class="spip">Extraits de <strong class="spip">Sergio EMILSON</strong>, <i class="spip">Comment recycler les oiseaux mazoutés, Et autres bons conseils d'écologie horripilante</i>, <a href="http://www.plumedecarotte.com/" target="_blank">Éditions Plume de carotte</a>, Collection poils aux plumes, 2010, p. 26, 16 €.</p> Sun, 15 May 2011 10:55:45 +0200 <p class="spip"><span class='spip_document_554 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:209px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/bio.jpg' width="209" height="289" alt="Éditions Plume de carotte 2010" title="Éditions Plume de carotte 2010" /></span></p> <h3 class="spip"><a name='1'></a>BIO, ON VA PAS TOUT GOBER !</h3> <p class="spip">Pas de fraises du Chili en hiver, un argument fallacieux de quelques mal embouchés. Vous avez trouvé la parade en un rien de temps, vous vous êtes inscrit dans une AMAP de la banlieue de Valparaiso. Bravo pour votre réactivité, vous êtes plein de ressources. […]</p> <p class="spip">La demande en produits bio a explosé en peu d'années, mais on ne peut en fournir que 8 % sur notre territoire. Du coup le bio est importé, heureusement qu'on peut manger des confitures boliviennes, des haricots kenyans et des fraises du Chili, oui mais bio. […]</p> <p class="spip">Les positions extrêmes finissent par nuire au bio. Certains consommateurs exigeant veulent savoir si l'air contenu dans les trous de l'emmenthal est bio, ou au moins pur. Il vont finir par tout faire capoter. […]</p> <h3 class="spip"><a name='2'></a>LE BIO AU BANC D'ESSAI</h3> <p class="spip">Comme tous les tests de consommateurs le bio est soumis aux mêmes règles d'évaluation. La méthode dite en double aveugle montre que si on place un non-voyant dans un supermarché pour acheter un paquet de riz basmati bio, il revient avec une boîte de plaquettes anti-moustiques non bio. […]</p> <p class="spip">Les légumes et les fruits bio ont maintenant bel aspect, au point que le doute peut surgir dans l'esprit des consommateurs. Heureusement l'Institut de recherche sur la tomate a mis au point une tomate bio verruqueuse, liégeuse et crevassée pour regagner leur confiance. […]</p> <p class="spip">Les modes de conservation des aliments sont aussi concernés par le bio. Finis l'ionisation, les radiations, la pulvérisation de produits chimiques. Conservez vos groseilles dans la saumure, comme autrefois. […]</p> <p class="spip"><i class="spip">« Une alimentation bio associée à une prévention à base d'homéopathie, ça fait cinq ans que les enfants n'ont pas eu la moindre attaque de mildiou. »</i> […]</p> <h3 class="spip"><a name='3'></a>FOIRE AUX QUESTIONS</h3> <p class="spip"><strong class="spip">Au cours d'une fête altermondialiste, on a mis, à mon insu, de la rhubarbe bio dans ma nourriture. Y a-t-il un risque d'accoutumance ?</strong> <br />Une seule exposition est généralement sans conséquence, mais vous avez raison d'être inquiète, car plus qu'une accoutumance on peut observer quelquefois une véritable escalade. On ne compte plus les cas où des personnes ont commencé par du topinambour bio avant de passer au quinoa équitable.</p> <p class="spip"><strong class="spip">J'ai mangé bio lorsque j'étais enceinte et j'ai nourri mes enfants de la même façon. Aujourd'hui, âgés de 8 et 10 ans, ils me traitent comme une folle quand je leur fait des frites au biocarburant (comprendre à l'huile de tournesol n.d.l.r.)</strong> <br />Pas de panique, ils vous testent. Voyez dans cette réaction hostile une simple opposition à votre autorité. Cette contestation est utile à la construction de leur personnalité.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Le bio, c'est vraiment meilleur au goût, comme on le dit ?</strong> <br />On l'a déjà dit, le goût est une notion très subjective, mais si on propose de la nourriture bio et non bio à des rats et des souris de laboratoire, ils préfèrent la bio dans tous les cas. Ce qui ne veut pas dire qu'ils aient meilleur goût. Une tourte au rat non bio, c'est aussi bon, finalement.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Faut-il manger tout bio ?</strong> <br />Non. L'homme est omnivore, s'il était biovore, depuis le temps ça se saurait. Manger tout bio expose à de graves carences, notamment en pesticides dans le sang et en nitrates dans les reins. Pas d'excès, donc.</p> <p class="spip"><span class='spip_document_555 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:250px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/hamburgerbio.jpg' width="250" height="228" alt="Hamburger bio" title="Hamburger bio" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">J'hésite à passer au bio car une de mes copines essaie de s'en sortir et a beaucoup de mal.</strong> <br />C'est tout le problème du bio. Mais avec une nourriture de substitution, un encadrement médical et avec l'aide d'un patch on peut y parvenir, surtout si on est bien entouré. Et puis, on récupère facilement ses capacités à manger de la <i class="spip">junk-food</i> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb34" name="nh34" id="nh34" class="spip_note" title='[34] junk-food (mot anglais) de junk = ordure et food = nourriture : (...)' >34</a>] en quelques mois, un point positif sur lequel on n'insiste pas suffisamment.</p> <h3 class="spip"><a name='4'></a>POUR EN SAVOIR PLUS</h3> <p class="spip"><strong class="spip">Sites</strong></p> <p class="spip">• Pas toujours facile de se repérer dans le maquis des labels bio, suite au sommet de 2008 qui s'est tenu en Espagne, est né <strong class="spip">Label de Cadix</strong> supervisé par une commission européenne chargée d'accorder son label aux labels bio irréprochables. <br /><i class="spip">www.eurogouv.org</i></p> <p class="spip">• <strong class="spip">Un esprit sain dans un porc sain</strong> est une AMAP qui vous propose de livrer directement sur votre lieu de travail son panier hebdomadaire de charcuteries de pays bio. <br /><i class="spip">www.abonporc.org</i></p> <p class="spip">• Une des grandes fragilités de l'agriculture biologique est sa vulnérabilité aux conditions météorologiques. Ainsi, le <strong class="spip">Printemps bio</strong>, la grande rencontre annuelle pour la promotion de la filière bio, s'est finalement tenu en septembre, cette année. <br /><i class="spip">www.printempsbio.fr</i></p> <p class="spip"><strong class="spip">Livres</strong></p> <p class="spip">• Aux tout petits (3 à 6 ans), <strong class="spip">Capitaine Bio</strong> donne toutes les bases de l'alimentation bio et soulève les questions de base. <i class="spip">Non le boulgour bio ce n'est pas du caca de souris, même si ça en a le goût. Pourquoi il ne faut pas manger le hamster angora, même s'il est bio. Oui, les fleurs c'est bon à manger, sauf celles de la ciguë, etc.</i> <br /><i class="spip">Éd. La marmotte anorexique</i></p> <p class="spip">• <strong class="spip">Manger bio, pourquoi ?</strong> Tiens, c'est vrai, au fait, pourquoi ? Hein, pourquoi ? Ça, alors, pourquoi manger bio ? <br /><i class="spip">Éd. Le mangiapan, 175 p.</i></p> <p class="spip">• <strong class="spip">Bio, évitez les pièges</strong>, un livre pour déjouer tous les pièges tendus par le bio, tapettes en bois FSC, cage en acier recyclé, collet en fibre de chanvre et jusqu'à la cage à grillon équitable. Un guide très complet. <br /><i class="spip">Éd. Le Trappeur, 96 p.</i></p> <p class="spip">• Notre spécialiste le docteur Jean-Patrick Leclerc-Auscure a signé un livre référence avec son <strong class="spip">Alimentation bio en milieu éco-hospitalier, vers une responsabilité citoyenne de l'alter-malade.</strong> <br /><i class="spip">Éd. Six pieds sur terre</i></p> <hr class="spip" /> <p class="spip">Extraits de <strong class="spip">Sergio EMILSON</strong>, <i class="spip">Comment recycler les oiseaux mazoutés, Et autres bons conseils d'écologie horripilante</i>, <a href="http://www.plumedecarotte.com/" target="_blank">Éditions Plume de carotte</a>, Collection poils aux plumes, 2010, p. 26, 16 €.</p> Bernard STIEGLER, Comment se porte le progrès ? http://sornettes.free.fr/spip.php?article302 <p class="spip"><strong class="spip">LA RECHERCHE : Pour en arriver là, il a fallu que le progrès se constitue comme entité, au cours d'une histoire longue &hellip;</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">BERNARD STIEGLER :</strong> Le désir d'élévation commence avec la conquête de la station debout, c'est-à-dire avec la technique qui apparaît avec la patte avant délivrée de sa fonction motrice, et devenant ainsi fabricatrice. L'hominisation est la technicisation de la vie - évolution où les objets techniques forment des systèmes techniques toujours plus complexes. Une société humaine est fondée sur un système technique qui la constitue et qu'elle constitue en retour. […] Le premier système technique - le galet éclaté - est à l'échelle du million d'années, le Paléolithique supérieur de dizaines de milliers d'années, l'Antiquité égyptienne de milliers d'années, l'Empire romain de centaines d'années. Le système technique thermodynamique de la machine à vapeur dure la vie d'un homme - 70 ans -, et son évolution est devenue sensible à tous et évidente.</p> <p class="spip"><span class='spip_document_553 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:496px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/progres-4.jpg' width="496" height="275" alt="le progrès" title="le progrès" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">C'est donc à la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle que naît le progrès, au sens moderne du terme ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> À ce moment s'opère un rapprochement entre science et technique que jusqu'à la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle tout opposait. […] Science et technique relèvent de l'être et du devenir qui sont essentiellement opposés : pour cette pensée, qui perdure jusqu'à la thermodynamique, le devenir est une corruption de l'être. C'est cette conception que bouleverse la révolution industrielle. C'est ainsi que s'installe l'idée de progrès. […]</p> <p class="spip"><strong class="spip">La technique devient alors technologie, grâce aux entrepreneurs et aux industriels &hellip;</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> [&hellip;] Avec eux s'engage le processus qui conduira à la révolution industrielle. Ainsi commence l'âge de la technologie concrétisant socialement des possibilités nouvelles fondées sur des savoirs scientifiques, la science devenant une source primordiale du changement social sous l'égide de l'industrie - mais comme science du devenir, et non plus de l'être.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Comment cette mutation fait-elle évoluer la société tout entière ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> […] Ainsi se répand la notion d'un progrès global qui devient l'affaire de tous, et le progrès de l'esprit humain s'impose bientôt comme réalité politique avec l'instruction publique laïque et obligatoire : les systèmes techniques et sociaux devant désormais évoluer de concert, ce sont aussi les individus eux-mêmes qui doivent se transformer, et il faut pour cela créer une école publique dans laquelle l'État investit dès lors une part toujours croissante de son budget. […]</p> <p class="spip"><strong class="spip">Au début du XX<sup>e</sup> siècle et aux États-Unis, l'idée de progrès se transforme grâce à une nouvelle théorie de l'innovation. Que se passe-t-il outre-Atlantique ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> Henry Ford développe l'industrie automobile en s'inspirant de la théorie du management de Frederick Taylor. […] Schumpeter fait de Ford son modèle. Le concepteur de la Ford T a compris qu'il ne suffit pas de produire des automobiles : il faut aussi les vendre. Grâce au taylorisme et à l'innovation, le coût modéré de la Ford T doit devenir un objet de consommation de masse. C'est la naissance de <i class="spip">l'American Way of Life</i> - où le progrès fait ainsi place au consumérisme.</p> <p class="spip"><strong class="spip">À cela va s'ajouter la puissance de feu du marketing.</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> Le personnage-clé est ici Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud et concepteur de ce que l'on appelait à l'époque les « relations publiques ». [&hellip;] Bernays soutient alors que, pour faire adopter des idées ou des produits aux individus, il faut s'adresser à leur inconscient, et non à leur conscience, et que, pour faire consommer aux Américains toujours plus de produits dont ils n'ont pas besoin, il faut détourner leur désir de leurs objets premiers (les parents, l'être aimé, les objets de sublimation, c'est-à-dire d'élévation) vers les marchandises et <i class="spip">via</i> les industries culturelles naissantes.</p> <p class="spip"><strong class="spip">En quoi le marketing est-il l'ennemi du progrès ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> Il est l'une des deux grandes causes de désaffection pour le progrès. Dans la logique du marketing, les industries culturelles deviennent des instruments de captation de l'attention des consommateurs. Aujourd'hui, aux ÉtatsUnis, un adulte regarde la télé 5 heures et demie par jour. Tous médias confondus, les adolescents américains sont sollicités 10 heures et demie par jour selon la Kayser Family Foundation. En quinze ans, le temps hebdomadaire de conversation familiale est passé de 1 heure 30 à 35 minutes. Toutes les institutions qui servent à transformer les pulsions en désirs (famille, école, etc.) sont court-circuitées et font apparaître une société pulsionnelle et addictive - mais sans désir. Or, nous sommes des êtres désirants. Si notre désir est canalisé vers les marchandises, il régresse inévitablement vers la pulsion, vers la satisfaction immédiate qu'exige l'enfant mal éduqué - et nous vivons dans une société massivement infantilisée. La pulsion est égoïste et antisociale, tandis que le désir est la base de l'investissement social : aimer (une femme, la géométrie, ses amis), c'est (se) construire. Consommer (sur ce modèle consumériste [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb35" name="nh35" id="nh35" class="spip_note" title='[35] Le mot consumérisme a deux sens : un sens courant dans la vie sociale (...)' >35</a>]), c'est (se) détruire. La consommation a engendré un vaste malaise où les « malades » attribuent au devenir technique les causes de ce qui est en réalité provoqué par un marketing irresponsable, exclusivement soumis aux actionnaires, et qui suscitent ensemble la défiance à l'égard des sciences et des technologies qui, dans un tel contexte, ne se développent plus, en effet, qu'au détriment des organisations sociales.</p> <p class="spip"><span class='spip_document_552 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:330px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/ReaganThatcher.jpg' width="330" height="220" alt="Pépé Reagan et Mémé Thatcher" title="Pépé Reagan et Mémé Thatcher" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">Quel est le second facteur à l'œuvre contre le progrès ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> À la fin des années 1970, et face aux nouveaux pays industriels (Corée et Japon notamment), les conservateurs britanniques et américains s'interrogent sur la pérennité de la domination occidentale sur la production industrielle. Lorsque Margaret Thatcher devient Premier ministre, le japonais JVC sort son premier magnétoscope. La révolution conservatrice mise en œuvre par Thatcher et par Reagan renonce au capitalisme industriel et opte pour la financiarisation de l'économie. La condition est la remise en question de l'État, qui, depuis Napoléon, régulait les processus de désajustement entre le système technique et les systèmes sociaux. Le projet moderne et progressiste de régulation du système technique et de protection des systèmes sociaux est abandonné : c'est désormais le marketing qui orchestre la soumission de la société à la technologie - mais au prix d'une lente destruction du social et d'une régression généralisée, et au service des actionnaires qui remplacent l'entrepreneur par le manager. Tout cela conduit au désinvestissement et à l'incurie : spéculation d'un côté, défiance de l'autre.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Est-il possible dans ces conditions de refonder le progrès ? Vous-même, vous revendiquez-vous comme progressiste ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> Je lutte contre la régression en posant que toute technique est un <i class="spip">pharmakon</i>, au sens où Platon usait de ce mot : à la fois un remède et un poison. L'évolution humaine est indissociable de l'évolution technique. Une telle évolution est un processus d'individuation. Les individus psychiques, qui sont constitués d'organes somatiques, ne s'épanouissent qu'en adoptant les milieux techniques que forment les organes techniques, qui évoluent eux-mêmes en corrélation avec les systèmes sociaux qui sont des organisations sociales. Dans cette organologie générale, il faut penser une pharmacologie générale où la technique est un remède (un facteur de progrès) si elle contribue à intensifier les possibilités d'évolution des individus psychiques et sociaux, et un poison (un facteur de régression) lorsqu'elle conduit à court-circuiter les individus psychiques et sociaux - et c'est ce qui s'est produit avec la révolution conservatrice imposant l'hégémonie du marketing stratégique. Dépasser cet état de fait suppose l'abandon du modèle consumériste, le passage à une économie de la contribution, et la réinvention d'une puissance publique capable de projeter un long terme et fondée sur un milieu numérique socialisé dans le but premier d'instaurer un nouveau partage des savoirs - lesquels seront la principale ressource dans l'après-Fukushima.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Propos recueillis par Aline Richard</strong></p> <p class="spip">Extraits de l'entretien de Bernard STIEGLER [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb36" name="nh36" id="nh36" class="spip_note" title='[36] Bernard Stiegler dirige depuis 2006 l&#39;institut de recherche et (...)' >36</a>], <i class="spip">Refonder le progrès suppose un nouveau partage des savoirs</i>, <a href="http://www.larecherche.fr/" target="_blank">La Recherche</a>, Mai 2011, N° 452, p. 78, 6,20 €.</p> Sun, 08 May 2011 10:36:54 +0200 <p class="spip"><strong class="spip">LA RECHERCHE : Pour en arriver là, il a fallu que le progrès se constitue comme entité, au cours d'une histoire longue &hellip;</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">BERNARD STIEGLER :</strong> Le désir d'élévation commence avec la conquête de la station debout, c'est-à-dire avec la technique qui apparaît avec la patte avant délivrée de sa fonction motrice, et devenant ainsi fabricatrice. L'hominisation est la technicisation de la vie - évolution où les objets techniques forment des systèmes techniques toujours plus complexes. Une société humaine est fondée sur un système technique qui la constitue et qu'elle constitue en retour. […] Le premier système technique - le galet éclaté - est à l'échelle du million d'années, le Paléolithique supérieur de dizaines de milliers d'années, l'Antiquité égyptienne de milliers d'années, l'Empire romain de centaines d'années. Le système technique thermodynamique de la machine à vapeur dure la vie d'un homme - 70 ans -, et son évolution est devenue sensible à tous et évidente.</p> <p class="spip"><span class='spip_document_553 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:496px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/progres-4.jpg' width="496" height="275" alt="le progrès" title="le progrès" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">C'est donc à la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle que naît le progrès, au sens moderne du terme ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> À ce moment s'opère un rapprochement entre science et technique que jusqu'à la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle tout opposait. […] Science et technique relèvent de l'être et du devenir qui sont essentiellement opposés : pour cette pensée, qui perdure jusqu'à la thermodynamique, le devenir est une corruption de l'être. C'est cette conception que bouleverse la révolution industrielle. C'est ainsi que s'installe l'idée de progrès. […]</p> <p class="spip"><strong class="spip">La technique devient alors technologie, grâce aux entrepreneurs et aux industriels &hellip;</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> [&hellip;] Avec eux s'engage le processus qui conduira à la révolution industrielle. Ainsi commence l'âge de la technologie concrétisant socialement des possibilités nouvelles fondées sur des savoirs scientifiques, la science devenant une source primordiale du changement social sous l'égide de l'industrie - mais comme science du devenir, et non plus de l'être.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Comment cette mutation fait-elle évoluer la société tout entière ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> […] Ainsi se répand la notion d'un progrès global qui devient l'affaire de tous, et le progrès de l'esprit humain s'impose bientôt comme réalité politique avec l'instruction publique laïque et obligatoire : les systèmes techniques et sociaux devant désormais évoluer de concert, ce sont aussi les individus eux-mêmes qui doivent se transformer, et il faut pour cela créer une école publique dans laquelle l'État investit dès lors une part toujours croissante de son budget. […]</p> <p class="spip"><strong class="spip">Au début du XX<sup>e</sup> siècle et aux États-Unis, l'idée de progrès se transforme grâce à une nouvelle théorie de l'innovation. Que se passe-t-il outre-Atlantique ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> Henry Ford développe l'industrie automobile en s'inspirant de la théorie du management de Frederick Taylor. […] Schumpeter fait de Ford son modèle. Le concepteur de la Ford T a compris qu'il ne suffit pas de produire des automobiles : il faut aussi les vendre. Grâce au taylorisme et à l'innovation, le coût modéré de la Ford T doit devenir un objet de consommation de masse. C'est la naissance de <i class="spip">l'American Way of Life</i> - où le progrès fait ainsi place au consumérisme.</p> <p class="spip"><strong class="spip">À cela va s'ajouter la puissance de feu du marketing.</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> Le personnage-clé est ici Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud et concepteur de ce que l'on appelait à l'époque les « relations publiques ». [&hellip;] Bernays soutient alors que, pour faire adopter des idées ou des produits aux individus, il faut s'adresser à leur inconscient, et non à leur conscience, et que, pour faire consommer aux Américains toujours plus de produits dont ils n'ont pas besoin, il faut détourner leur désir de leurs objets premiers (les parents, l'être aimé, les objets de sublimation, c'est-à-dire d'élévation) vers les marchandises et <i class="spip">via</i> les industries culturelles naissantes.</p> <p class="spip"><strong class="spip">En quoi le marketing est-il l'ennemi du progrès ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> Il est l'une des deux grandes causes de désaffection pour le progrès. Dans la logique du marketing, les industries culturelles deviennent des instruments de captation de l'attention des consommateurs. Aujourd'hui, aux ÉtatsUnis, un adulte regarde la télé 5 heures et demie par jour. Tous médias confondus, les adolescents américains sont sollicités 10 heures et demie par jour selon la Kayser Family Foundation. En quinze ans, le temps hebdomadaire de conversation familiale est passé de 1 heure 30 à 35 minutes. Toutes les institutions qui servent à transformer les pulsions en désirs (famille, école, etc.) sont court-circuitées et font apparaître une société pulsionnelle et addictive - mais sans désir. Or, nous sommes des êtres désirants. Si notre désir est canalisé vers les marchandises, il régresse inévitablement vers la pulsion, vers la satisfaction immédiate qu'exige l'enfant mal éduqué - et nous vivons dans une société massivement infantilisée. La pulsion est égoïste et antisociale, tandis que le désir est la base de l'investissement social : aimer (une femme, la géométrie, ses amis), c'est (se) construire. Consommer (sur ce modèle consumériste [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb37" name="nh37" id="nh37" class="spip_note" title='[37] Le mot consumérisme a deux sens : un sens courant dans la vie sociale (...)' >37</a>]), c'est (se) détruire. La consommation a engendré un vaste malaise où les « malades » attribuent au devenir technique les causes de ce qui est en réalité provoqué par un marketing irresponsable, exclusivement soumis aux actionnaires, et qui suscitent ensemble la défiance à l'égard des sciences et des technologies qui, dans un tel contexte, ne se développent plus, en effet, qu'au détriment des organisations sociales.</p> <p class="spip"><span class='spip_document_552 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:330px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/ReaganThatcher.jpg' width="330" height="220" alt="Pépé Reagan et Mémé Thatcher" title="Pépé Reagan et Mémé Thatcher" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">Quel est le second facteur à l'œuvre contre le progrès ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> À la fin des années 1970, et face aux nouveaux pays industriels (Corée et Japon notamment), les conservateurs britanniques et américains s'interrogent sur la pérennité de la domination occidentale sur la production industrielle. Lorsque Margaret Thatcher devient Premier ministre, le japonais JVC sort son premier magnétoscope. La révolution conservatrice mise en œuvre par Thatcher et par Reagan renonce au capitalisme industriel et opte pour la financiarisation de l'économie. La condition est la remise en question de l'État, qui, depuis Napoléon, régulait les processus de désajustement entre le système technique et les systèmes sociaux. Le projet moderne et progressiste de régulation du système technique et de protection des systèmes sociaux est abandonné : c'est désormais le marketing qui orchestre la soumission de la société à la technologie - mais au prix d'une lente destruction du social et d'une régression généralisée, et au service des actionnaires qui remplacent l'entrepreneur par le manager. Tout cela conduit au désinvestissement et à l'incurie : spéculation d'un côté, défiance de l'autre.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Est-il possible dans ces conditions de refonder le progrès ? Vous-même, vous revendiquez-vous comme progressiste ?</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">B.S.</strong> Je lutte contre la régression en posant que toute technique est un <i class="spip">pharmakon</i>, au sens où Platon usait de ce mot : à la fois un remède et un poison. L'évolution humaine est indissociable de l'évolution technique. Une telle évolution est un processus d'individuation. Les individus psychiques, qui sont constitués d'organes somatiques, ne s'épanouissent qu'en adoptant les milieux techniques que forment les organes techniques, qui évoluent eux-mêmes en corrélation avec les systèmes sociaux qui sont des organisations sociales. Dans cette organologie générale, il faut penser une pharmacologie générale où la technique est un remède (un facteur de progrès) si elle contribue à intensifier les possibilités d'évolution des individus psychiques et sociaux, et un poison (un facteur de régression) lorsqu'elle conduit à court-circuiter les individus psychiques et sociaux - et c'est ce qui s'est produit avec la révolution conservatrice imposant l'hégémonie du marketing stratégique. Dépasser cet état de fait suppose l'abandon du modèle consumériste, le passage à une économie de la contribution, et la réinvention d'une puissance publique capable de projeter un long terme et fondée sur un milieu numérique socialisé dans le but premier d'instaurer un nouveau partage des savoirs - lesquels seront la principale ressource dans l'après-Fukushima.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Propos recueillis par Aline Richard</strong></p> <p class="spip">Extraits de l'entretien de Bernard STIEGLER [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb38" name="nh38" id="nh38" class="spip_note" title='[38] Bernard Stiegler dirige depuis 2006 l&#39;institut de recherche et (...)' >38</a>], <i class="spip">Refonder le progrès suppose un nouveau partage des savoirs</i>, <a href="http://www.larecherche.fr/" target="_blank">La Recherche</a>, Mai 2011, N° 452, p. 78, 6,20 €.</p> Calembours culturels http://sornettes.free.fr/spip.php?article301 <h3 class="spip"><a name='1'></a>Littérature</h3> <p class="spip">« Parfumez-vous ! » de Stefan Aisselle</p> <p class="spip">« Les 3 suisses du Docteur March » de Louisa May Alcot</p> <p class="spip">« Ali Badou et les quarante voleurs »</p> <p class="spip">« Le chaussée aux moines » d'Antonin Artaud</p> <p class="spip">« Le Yop dans la Vallée » de Honoré de Balzac</p> <p class="spip">« Les Misérables » de Hugo Boss</p> <p class="spip">« Le dernier jour d'un con damné » de Hugo Boss</p> <p class="spip">« La planète des Singer » de Pierre Boulle</p> <p class="spip">« Le Pont de la rivière Kookaï » de Pierre Boulle</p> <p class="spip">« Le Spécial K » de Dino Buzzati</p> <p class="spip">« Le désert des steaks tartares » de Dino Buzzati</p> <p class="spip">« Les justes prix » d'Albert Camus</p> <p class="spip">« L'immigré » d'Albert Camus</p> <p class="spip">« Mort à Crédit agricole » de Louis-Ferdinand Céline</p> <p class="spip">« Volkswagen au bout de la nuit » de Louis-Ferdinand Céline</p> <p class="spip">« Knoor » de Louis-Ferdinand Céline</p> <p class="spip">« La dame du Cacolac » de Raymond Chandler</p> <p class="spip">« Le Génie (sans bouillir) du christianisme » de Chateaubriand</p> <p class="spip">« Le crime de l'American Express » d'Agatha Christie</p> <p class="spip">« Le crime du Pékin-express » de Agatha Christie</p> <p class="spip">« L'annonce faite à Alliot-Marie » de Paul Claudel</p> <p class="spip">« Les selles du baigneur » de Albert Cohen</p> <p class="spip">« Benz du Seigneur » d'Albert Cohen</p> <p class="spip">« Le Cidre » de Pierre Corneille</p> <p class="spip">« Lettres de mon Moulinex » d'Alphonse Daudet</p> <p class="spip">« Le neveu de Rambo » de Denis Diderot</p> <p class="spip">« Jacques le terroriste » de Denis Diderot</p> <p class="spip">« Les frères Bogdanov » de Fiodor Dostoïevski</p> <p class="spip">« Les Frères Kawasaki » de Flodor Dostoïevki</p> <p class="spip">« L'étroit mousquetaire » d'Alexandre Dumas</p> <p class="spip">« L'étroite moustiquaire » d'Alexandre Dumas</p> <p class="spip">« La Dame aux Camelia-Jordana » d'Alexandre Dumas fils.</p> <p class="spip">« Un barrage contre le Panasonic » de Marguerite Duracell</p> <p class="spip">« Ushuaïa, mon amour », de Marguerite Duras</p> <p class="spip">« Nintendo Cantabile » de Marguerite Duras</p> <p class="spip">« Philippe Bouvard et Pécuchet » de Gustave Flaubert</p> <p class="spip">« Buvard et PQ chiés » de Gustave Flaubert</p> <p class="spip">« Mme Bonduelle » de Gustave Flaubert</p> <p class="spip">« Salammbic » de Gustave Flaubert</p> <p class="spip">« Les Fables de Bataille et Fontaine »</p> <p class="spip">« Le grand Môme » d'Alain Four-Niais</p> <p class="spip">« Autant en emporte le vent » de Iro fukushima</p> <p class="spip">« Le Rivage des Huitres » de Julien Gracq</p> <p class="spip">« Das Parfum » de Guerlain</p> <p class="spip">« Pour qui sonne le Carglass » d'Ernest Hemingway</p> <p class="spip">« L'Afflelou des Steppes » de Hermann Hesse</p> <p class="spip">« L'Audi 7 » de Homère</p> <p class="spip">« La possibilité Dunhill » de Michel Houellebecq</p> <p class="spip">« La possibilité d'une île flottante » de Michel Houellebecq</p> <p class="spip">« Extension du domaine Pizza Hut » de Michel Houellebecq</p> <p class="spip">« Les particules alimentaires » de Michel Houé Le Bec</p> <p class="spip">« La vache qui rit » de Victor Hugo</p> <p class="spip">« Notre Dame de Pastis » de Victor Hugo</p> <p class="spip">« Neuf trois » de Victor Hugo</p> <p class="spip">« Leroy sommer » de Eugène Ionesco</p> <p class="spip">« Le Monde selon Gap » de John Irving</p> <p class="spip">« Les liaisons dangereuse du chaud héros » de Laclos</p> <p class="spip">« La Princesse Tam Tam de Clèves » de Madame Galerie-Lafayette</p> <p class="spip">« Le Munster de la chambre jaune » de Gaston Leroux</p> <p class="spip">« Le parfum de la Saab en noir » de Gaston Leroux</p> <p class="spip">« Pourquoi j'aime Angers, mon père » de Roy Levi's</p> <p class="spip">« Triste Tropicana » de Claude Lévi-Strauss</p> <p class="spip">« L'appel de laforet immobilier » de Jack London</p> <p class="spip">« Mon frère Yves Rocher » de Pierre Loti</p> <p class="spip">« Le dernier livre » de Christine Mango</p> <p class="spip">« Le Capital » par les Marx Brothers</p> <p class="spip">« Babybel Ami » de Guy de Maupassant</p> <p class="spip">« Boule de Cif Citron » de Guy de Maupassant</p> <p class="spip">« Ben Ali » de Guy de Maupassant</p> <p class="spip">« Le Capital » de Marks et Spencer</p> <p class="spip">« Auchan en emporte l'Évian » de Margaret Mitchell</p> <p class="spip">« L'Illiade et l'eau d'Issey » Miyaké</p> <p class="spip">« Le Malade Imagin'R » de Molière</p> <p class="spip">« L'école des fans » de Molière</p> <p class="spip">« Les fourberies de ce crétin » de Molière</p> <p class="spip">« Les foutreries d'Escarpin » de Molière</p> <p class="spip">« On ne badine pas avec Zemmour » d'Alfred de Musset</p> <p class="spip">« Ainsi parlait Zara » de Frédéric Nietzsche</p> <p class="spip">« J'irai cracher sur Nothomb »</p> <p class="spip">« 1664 » de George Orwell</p> <p class="spip">« Le chateau de Mamère » de Marcel Pagnol</p> <p class="spip">« Le docteur livarot » de Boris Pasternak</p> <p class="spip">« Le matin des Magimix » de Louis Pauwels</p> <p class="spip">« Le Petit Puceau » de Pernaut</p> <p class="spip">« Le satyre est con » de Pétrone</p> <p class="spip">« Du côté de chez Swatch » de Marcel Proust</p> <p class="spip">« Patrickbruel » de François Rabelais</p> <p class="spip">« Andromackintosh » de Jean Racine</p> <p class="spip">« Plus dure sera la pute » de Franck Ribéry</p> <p class="spip">« Le Petit Bateau ivre » d'Arthur Rimbaud</p> <p class="spip">« Les Versace sataniques » de Salman Rushdie</p> <p class="spip">« La gloire de mon père » Jean Sarkozy</p> <p class="spip">« Le Quantique des Quantiques » de Erwin Schrödinger</p> <p class="spip">« Alpha Roméo et Juliette » de William Shakespeare</p> <p class="spip">« Omelette » de William Shakespeare</p> <p class="spip">« Le Sopalin d'une nuit d'été » de Shakespeare</p> <p class="spip">« Le bien-être et le néant » Philippe Starck</p> <p class="spip">« L'assassin habite au Century 21 » de S.A. Steeman</p> <p class="spip">« A l'est de Laden » de John Steinbeck</p> <p class="spip">« En rouge et noir » de Stendhal</p> <p class="spip">« La chartreuse de parmesan » de Stendhal</p> <p class="spip">« Le Casio de l'Oncle Tom » de Harriet Beecher Stowe</p> <p class="spip">« Les mystères de Paris Hilton » de Eugène Sue</p> <p class="spip">« Guère Épais » de Léon Tolstoï</p> <p class="spip">« Michel Strogonoff » de Jules Verne</p> <p class="spip">« Légumes du jour » de Boris Vian</p> <p class="spip">« Légumes du jour » par Boris Viande</p> <p class="spip">« Au pays de Candide » de Voltaire</p> <p class="spip">« Sadique » de Voltaire</p> <p class="spip">« Le joueur des chèques » par Eric Woerth</p> <p class="spip">« La serviette Nana » de Émile Zola</p> <p class="spip">« Naf-Naf » de Émile Zola</p> <p class="spip">« Au bonheur d'Etam » de Émile Zola</p> <p class="spip">« J'encule… ! » de Émile Zola</p> <p class="spip">« Terminal » de Gorgone Zola</p> <h3 class="spip"><a name='2'></a>Cinéma</h3> <p class="spip">« Darty Dancing » d'Emile Ardolino</p> <p class="spip">« Casque Dior » de Jacques Becker</p> <p class="spip">« La planète des Singer » de Tim Burton</p> <p class="spip">« Vingt mille lieues sous ta mère » de Marc Dorcel</p> <p class="spip">« Les Vittel honnies » de Federico Fellini</p> <p class="spip">« La dolce gabbana » de Federico Fellini</p> <p class="spip">« Magasin Z" » de Costa Gavras</p> <p class="spip">« Le voyage en Armani » de Robert Guédiguian</p> <p class="spip">« Barry Lipton » de Stanley Kubrick</p> <p class="spip">« Orange pressée mécanique » de Stanley Kubrick</p> <p class="spip">« Le pont de la rivière Kookai » de David Lean</p> <p class="spip">« Canon le barbare » de Penta</p> <p class="spip">« Kenzo » de Luchino Visconti</p> <p class="spip">« On achète bien les chevaux » de Florence Woerth</p> <h3 class="spip"><a name='3'></a>Bandes dessinées</h3> <p class="spip"><span class='spip_document_548 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:200px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/calembour.jpg' width="200" height="300" alt="Editions du Léopard Masqué" title="Editions du Léopard Masqué" /></span></p> <p class="spip">« Le Génie à la page » (le Génie des Alpages de F'Muuurrr )</p> <p class="spip">« Bibi et Fricotin » (Bibi Fricotin )</p> <p class="spip">« T'es où là ? » ( Téquila - Frissen et Gobi )</p> <p class="spip">« Gai de Luron » (Gai Luron de Gotlib)</p> <p class="spip">« La couette de l'oiseau du temps » (la Quête de l'oiseau du temps - Letendre et Loisel )</p> <p class="spip">« Lucien et Frank Margerin » (Lucien de Margerin )</p> <p class="spip">« Boule de Bill » (Boule et Bill de Roba, Verron )</p> <p class="spip">« Percée et peau lisse » (Persépolis - Marjanne Satrapi )</p> <p class="spip">« Le chat de Rabbin » (le chat du Rabbin de Joann Sfar)</p> <p class="spip">« Salle et machines » (Salle des machines de Jean Solé )</p> <p class="spip">« Mousse » (Maus de Art Spiegelman )</p> <p class="spip">« Le Blanc sec d'Adèle » (Adèle Blanc-Sec de Tardi )</p> <p class="spip">« Zig de Puce » (Zig et Puce )</p> <h3 class="spip"><a name='4'></a>Musique</h3> <p class="spip">L'album « Dick » de Moby</p> <p class="spip">« La poire belle hélène » de Jacques Offenbach</p> <p class="spip">« La Travolta » de Giuseppe Verdi</p> <p class="spip">« La chevauchée des vaches qui rient » de Richard Wagner</p> <hr class="spip" /> <p class="spip">Calembours « pompés » sans vergogne dans <a href="http://www.rue89.com/2011/04/02/le-livre-de-chevet-de-frederic-lefebvre-zadig-et-voltaire-198268#commentaires" target="_blank">rue 89 : Le livre de chevet de Frédéric Lefebvre ? « Zadig et Voltaire »</a> et dans <a href="http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20110405.OBS0800/la-bibliotheque-revee-de-frederic-lefebvre.html" tar(get="_blank"> Le nouvel Observateur : La bibliothèque rêvée de Frédéric Lefebvre</a>.</p> <p class="spip">Voir <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article146" class="spip_in">Proverbes et dictons idiots</a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article254" class="spip_in">De l'étranger, que pense-t-on des Français ?</a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article295" class="spip_in">Les expressions imagées populaires</a> et <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article308" class="spip_in"></a>.</p> <p class="spip">Voir aussi <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Calembour" target="_blank">Wikipedia, Calembour</a>.</p> Sun, 01 May 2011 11:03:07 +0200 <h3 class="spip"><a name='1'></a>Littérature</h3> <p class="spip">« Parfumez-vous ! » de Stefan Aisselle</p> <p class="spip">« Les 3 suisses du Docteur March » de Louisa May Alcot</p> <p class="spip">« Ali Badou et les quarante voleurs »</p> <p class="spip">« Le chaussée aux moines » d'Antonin Artaud</p> <p class="spip">« Le Yop dans la Vallée » de Honoré de Balzac</p> <p class="spip">« Les Misérables » de Hugo Boss</p> <p class="spip">« Le dernier jour d'un con damné » de Hugo Boss</p> <p class="spip">« La planète des Singer » de Pierre Boulle</p> <p class="spip">« Le Pont de la rivière Kookaï » de Pierre Boulle</p> <p class="spip">« Le Spécial K » de Dino Buzzati</p> <p class="spip">« Le désert des steaks tartares » de Dino Buzzati</p> <p class="spip">« Les justes prix » d'Albert Camus</p> <p class="spip">« L'immigré » d'Albert Camus</p> <p class="spip">« Mort à Crédit agricole » de Louis-Ferdinand Céline</p> <p class="spip">« Volkswagen au bout de la nuit » de Louis-Ferdinand Céline</p> <p class="spip">« Knoor » de Louis-Ferdinand Céline</p> <p class="spip">« La dame du Cacolac » de Raymond Chandler</p> <p class="spip">« Le Génie (sans bouillir) du christianisme » de Chateaubriand</p> <p class="spip">« Le crime de l'American Express » d'Agatha Christie</p> <p class="spip">« Le crime du Pékin-express » de Agatha Christie</p> <p class="spip">« L'annonce faite à Alliot-Marie » de Paul Claudel</p> <p class="spip">« Les selles du baigneur » de Albert Cohen</p> <p class="spip">« Benz du Seigneur » d'Albert Cohen</p> <p class="spip">« Le Cidre » de Pierre Corneille</p> <p class="spip">« Lettres de mon Moulinex » d'Alphonse Daudet</p> <p class="spip">« Le neveu de Rambo » de Denis Diderot</p> <p class="spip">« Jacques le terroriste » de Denis Diderot</p> <p class="spip">« Les frères Bogdanov » de Fiodor Dostoïevski</p> <p class="spip">« Les Frères Kawasaki » de Flodor Dostoïevki</p> <p class="spip">« L'étroit mousquetaire » d'Alexandre Dumas</p> <p class="spip">« L'étroite moustiquaire » d'Alexandre Dumas</p> <p class="spip">« La Dame aux Camelia-Jordana » d'Alexandre Dumas fils.</p> <p class="spip">« Un barrage contre le Panasonic » de Marguerite Duracell</p> <p class="spip">« Ushuaïa, mon amour », de Marguerite Duras</p> <p class="spip">« Nintendo Cantabile » de Marguerite Duras</p> <p class="spip">« Philippe Bouvard et Pécuchet » de Gustave Flaubert</p> <p class="spip">« Buvard et PQ chiés » de Gustave Flaubert</p> <p class="spip">« Mme Bonduelle » de Gustave Flaubert</p> <p class="spip">« Salammbic » de Gustave Flaubert</p> <p class="spip">« Les Fables de Bataille et Fontaine »</p> <p class="spip">« Le grand Môme » d'Alain Four-Niais</p> <p class="spip">« Autant en emporte le vent » de Iro fukushima</p> <p class="spip">« Le Rivage des Huitres » de Julien Gracq</p> <p class="spip">« Das Parfum » de Guerlain</p> <p class="spip">« Pour qui sonne le Carglass » d'Ernest Hemingway</p> <p class="spip">« L'Afflelou des Steppes » de Hermann Hesse</p> <p class="spip">« L'Audi 7 » de Homère</p> <p class="spip">« La possibilité Dunhill » de Michel Houellebecq</p> <p class="spip">« La possibilité d'une île flottante » de Michel Houellebecq</p> <p class="spip">« Extension du domaine Pizza Hut » de Michel Houellebecq</p> <p class="spip">« Les particules alimentaires » de Michel Houé Le Bec</p> <p class="spip">« La vache qui rit » de Victor Hugo</p> <p class="spip">« Notre Dame de Pastis » de Victor Hugo</p> <p class="spip">« Neuf trois » de Victor Hugo</p> <p class="spip">« Leroy sommer » de Eugène Ionesco</p> <p class="spip">« Le Monde selon Gap » de John Irving</p> <p class="spip">« Les liaisons dangereuse du chaud héros » de Laclos</p> <p class="spip">« La Princesse Tam Tam de Clèves » de Madame Galerie-Lafayette</p> <p class="spip">« Le Munster de la chambre jaune » de Gaston Leroux</p> <p class="spip">« Le parfum de la Saab en noir » de Gaston Leroux</p> <p class="spip">« Pourquoi j'aime Angers, mon père » de Roy Levi's</p> <p class="spip">« Triste Tropicana » de Claude Lévi-Strauss</p> <p class="spip">« L'appel de laforet immobilier » de Jack London</p> <p class="spip">« Mon frère Yves Rocher » de Pierre Loti</p> <p class="spip">« Le dernier livre » de Christine Mango</p> <p class="spip">« Le Capital » par les Marx Brothers</p> <p class="spip">« Babybel Ami » de Guy de Maupassant</p> <p class="spip">« Boule de Cif Citron » de Guy de Maupassant</p> <p class="spip">« Ben Ali » de Guy de Maupassant</p> <p class="spip">« Le Capital » de Marks et Spencer</p> <p class="spip">« Auchan en emporte l'Évian » de Margaret Mitchell</p> <p class="spip">« L'Illiade et l'eau d'Issey » Miyaké</p> <p class="spip">« Le Malade Imagin'R » de Molière</p> <p class="spip">« L'école des fans » de Molière</p> <p class="spip">« Les fourberies de ce crétin » de Molière</p> <p class="spip">« Les foutreries d'Escarpin » de Molière</p> <p class="spip">« On ne badine pas avec Zemmour » d'Alfred de Musset</p> <p class="spip">« Ainsi parlait Zara » de Frédéric Nietzsche</p> <p class="spip">« J'irai cracher sur Nothomb »</p> <p class="spip">« 1664 » de George Orwell</p> <p class="spip">« Le chateau de Mamère » de Marcel Pagnol</p> <p class="spip">« Le docteur livarot » de Boris Pasternak</p> <p class="spip">« Le matin des Magimix » de Louis Pauwels</p> <p class="spip">« Le Petit Puceau » de Pernaut</p> <p class="spip">« Le satyre est con » de Pétrone</p> <p class="spip">« Du côté de chez Swatch » de Marcel Proust</p> <p class="spip">« Patrickbruel » de François Rabelais</p> <p class="spip">« Andromackintosh » de Jean Racine</p> <p class="spip">« Plus dure sera la pute » de Franck Ribéry</p> <p class="spip">« Le Petit Bateau ivre » d'Arthur Rimbaud</p> <p class="spip">« Les Versace sataniques » de Salman Rushdie</p> <p class="spip">« La gloire de mon père » Jean Sarkozy</p> <p class="spip">« Le Quantique des Quantiques » de Erwin Schrödinger</p> <p class="spip">« Alpha Roméo et Juliette » de William Shakespeare</p> <p class="spip">« Omelette » de William Shakespeare</p> <p class="spip">« Le Sopalin d'une nuit d'été » de Shakespeare</p> <p class="spip">« Le bien-être et le néant » Philippe Starck</p> <p class="spip">« L'assassin habite au Century 21 » de S.A. Steeman</p> <p class="spip">« A l'est de Laden » de John Steinbeck</p> <p class="spip">« En rouge et noir » de Stendhal</p> <p class="spip">« La chartreuse de parmesan » de Stendhal</p> <p class="spip">« Le Casio de l'Oncle Tom » de Harriet Beecher Stowe</p> <p class="spip">« Les mystères de Paris Hilton » de Eugène Sue</p> <p class="spip">« Guère Épais » de Léon Tolstoï</p> <p class="spip">« Michel Strogonoff » de Jules Verne</p> <p class="spip">« Légumes du jour » de Boris Vian</p> <p class="spip">« Légumes du jour » par Boris Viande</p> <p class="spip">« Au pays de Candide » de Voltaire</p> <p class="spip">« Sadique » de Voltaire</p> <p class="spip">« Le joueur des chèques » par Eric Woerth</p> <p class="spip">« La serviette Nana » de Émile Zola</p> <p class="spip">« Naf-Naf » de Émile Zola</p> <p class="spip">« Au bonheur d'Etam » de Émile Zola</p> <p class="spip">« J'encule… ! » de Émile Zola</p> <p class="spip">« Terminal » de Gorgone Zola</p> <h3 class="spip"><a name='2'></a>Cinéma</h3> <p class="spip">« Darty Dancing » d'Emile Ardolino</p> <p class="spip">« Casque Dior » de Jacques Becker</p> <p class="spip">« La planète des Singer » de Tim Burton</p> <p class="spip">« Vingt mille lieues sous ta mère » de Marc Dorcel</p> <p class="spip">« Les Vittel honnies » de Federico Fellini</p> <p class="spip">« La dolce gabbana » de Federico Fellini</p> <p class="spip">« Magasin Z" » de Costa Gavras</p> <p class="spip">« Le voyage en Armani » de Robert Guédiguian</p> <p class="spip">« Barry Lipton » de Stanley Kubrick</p> <p class="spip">« Orange pressée mécanique » de Stanley Kubrick</p> <p class="spip">« Le pont de la rivière Kookai » de David Lean</p> <p class="spip">« Canon le barbare » de Penta</p> <p class="spip">« Kenzo » de Luchino Visconti</p> <p class="spip">« On achète bien les chevaux » de Florence Woerth</p> <h3 class="spip"><a name='3'></a>Bandes dessinées</h3> <p class="spip"><span class='spip_document_548 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:200px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/calembour.jpg' width="200" height="300" alt="Editions du Léopard Masqué" title="Editions du Léopard Masqué" /></span></p> <p class="spip">« Le Génie à la page » (le Génie des Alpages de F'Muuurrr )</p> <p class="spip">« Bibi et Fricotin » (Bibi Fricotin )</p> <p class="spip">« T'es où là ? » ( Téquila - Frissen et Gobi )</p> <p class="spip">« Gai de Luron » (Gai Luron de Gotlib)</p> <p class="spip">« La couette de l'oiseau du temps » (la Quête de l'oiseau du temps - Letendre et Loisel )</p> <p class="spip">« Lucien et Frank Margerin » (Lucien de Margerin )</p> <p class="spip">« Boule de Bill » (Boule et Bill de Roba, Verron )</p> <p class="spip">« Percée et peau lisse » (Persépolis - Marjanne Satrapi )</p> <p class="spip">« Le chat de Rabbin » (le chat du Rabbin de Joann Sfar)</p> <p class="spip">« Salle et machines » (Salle des machines de Jean Solé )</p> <p class="spip">« Mousse » (Maus de Art Spiegelman )</p> <p class="spip">« Le Blanc sec d'Adèle » (Adèle Blanc-Sec de Tardi )</p> <p class="spip">« Zig de Puce » (Zig et Puce )</p> <h3 class="spip"><a name='4'></a>Musique</h3> <p class="spip">L'album « Dick » de Moby</p> <p class="spip">« La poire belle hélène » de Jacques Offenbach</p> <p class="spip">« La Travolta » de Giuseppe Verdi</p> <p class="spip">« La chevauchée des vaches qui rient » de Richard Wagner</p> <hr class="spip" /> <p class="spip">Calembours « pompés » sans vergogne dans <a href="http://www.rue89.com/2011/04/02/le-livre-de-chevet-de-frederic-lefebvre-zadig-et-voltaire-198268#commentaires" target="_blank">rue 89 : Le livre de chevet de Frédéric Lefebvre ? « Zadig et Voltaire »</a> et dans <a href="http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20110405.OBS0800/la-bibliotheque-revee-de-frederic-lefebvre.html" tar(get="_blank"> Le nouvel Observateur : La bibliothèque rêvée de Frédéric Lefebvre</a>.</p> <p class="spip">Voir <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article146" class="spip_in">Proverbes et dictons idiots</a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article254" class="spip_in">De l'étranger, que pense-t-on des Français ?</a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article295" class="spip_in">Les expressions imagées populaires</a> et <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article308" class="spip_in"></a>.</p> <p class="spip">Voir aussi <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Calembour" target="_blank">Wikipedia, Calembour</a>.</p> Les Saints de glace http://sornettes.free.fr/spip.php?article299 <p class="spip"><span class='spip_document_547 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:240px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/StGlace.jpg' width="240" height="124" alt="Seins de glace" title="Seins de glace" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">Saint Mamert</strong>, fêté le 11 mai, Archevêque de Vienne en Gaule, mort en 474. Il a introduit la fête des Rogations [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb39" name="nh39" id="nh39" class="spip_note" title='[39] Rogations, du latin rogatio : « demander ». Processions chantées pendant (...)' >39</a>] à partir de 470. <br /><strong class="spip">Saint Pancrace</strong>, fêté le 12 mai. Neveu de Saint-Denis martyr, mort en 304 à l'âge de 14 ans. <br /><strong class="spip">Saint Servais</strong> , fêté le 13 mai. Évêque de Tongres en Belgique, mort en 384.</p> <p class="spip">Rabelais les appelait : « <i class="spip">saints gresleurs, geleurs et gasteurs de bourgeons</i> »</p> <p class="spip">Ne cherchez pas sur les calendriers la trilogie de ces saints. Ils ont été remplacés au cours des siècles par d'autres saints . Ce sont les conciles de l'Eglise catholique qui « nettoyèrent » le calendrier de tous les personnages donnant lieu à des pratiques rituelles peu conformes avec la liturgie et considérées comme entachées de fond païen. <br />Cette substitution fut terminée lors du dernier concile de l'Eglise catholique en 1960 et c'est ainsi que nos « braves saints de glace » furent rayés et remplacés par <strong class="spip">sainte Estelle</strong>, <strong class="spip">saint Achille</strong> et <strong class="spip">sainte Rolande</strong>.</p> <h3 class="spip"><a name='1'></a>Du calendrier julien au calendrier grégorien</h3> <p class="spip">Avant la conception du calendrier grégorien [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb40" name="nh40" id="nh40" class="spip_note" title='[40] Le calendrier grégorien porte le nom de son instigateur, le pape (...)' >40</a>] en 1582, les dates étaient données dans le calendrier julien de la Rome antique, qui méconnaissait les caractéristiques orbitales précises de la Terre. Ainsi, la fête d'un saint correspond, en 1582, à une date de 10 jours plus tôt que celle de la réforme de 1582 (où le 5 octobre « julien » est devenu, le même jour, le 15 octobre « grégorien »). Il y avait donc à cette époque 10 jours en trop dans l'ancien calendrier julien.</p> <h3 class="spip"><a name='2'></a>Explication astronomique</h3> <p class="spip">Certains expliqueraient la tradition des saints de glace par un phénomène astronomique coïncidant à cette période chaque année : <br />« <i class="spip">vers la mi-mars, l'orbite de la terre passerait par une zone de l'espace sidéral particulièrement chargée de poussières, ce qui entraînerait une baisse de l'apport solaire sur notre planète et donc une diminution de la température.</i> » <br />Cette explication est infirmée par le fait que les astronomes ne connaissent aucun disque de poussière de ce type.</p> <h3 class="spip"><a name='3'></a>Explication métérologique</h3> <p class="spip">Le mois de mai correspond, dans les latitudes moyennes de l'hémisphère nord, à la fin de la rapide circulation de systèmes météorologiques d'hiver. Le passage de fronts froids, amenant de l'air du nord, se produit donc encore de temps à autre. Quand le ciel se dégage ensuite sous un anticyclone, la perte de chaleur est encore importante, surtout la nuit (voir <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?breve39" class="spip_in"></a>). Il est donc normal d'avoir des périodes froides à cette époque même si la tendance des températures est à la hausse. D'ailleurs, les archives de Météo-France sur 70 ans (1939-2009) montrent que ce phénomène ne s'est déroulé que 4 fois. <br />Avec le réchauffement climatique, il faut donc non seulement avancer les saints de glace de plusieurs semaines, mais, en plus, il faut savoir qu'ils ont perdu de leur virulence. <br />En moyenne, le dernier jour de gel se produit deux semaines plus tôt aujourd'hui qu'il y a vingt ans, et trois semaines plus tôt que dans les années 60. Ce décalage s'observe partout, quelle que soit l'altitude, et même si les années records ne sont pas les mêmes.</p> <p class="spip">Croyance populaire infondée, les saints de glace restent tout de même utiles pour les jardiniers et agriculteurs, notamment pour se rappeler quand la période climatologique de gel possible se termine. Sa popularité est encore vivace, comme en attestent les nombreux dictons qui lui sont consacrés.</p> <p class="spip">« <i class="spip">Saints Mamert, Pancrace et Servais sont toujours des saints de glace.</i> » <br />« <i class="spip">Saints Pancrace, Servais et Boniface apportent souvent la glace.</i> » <br />« <i class="spip">Avant Saint-Servais, point d'été ; après Saint-Servais, plus de gelée.</i> » <br />« <i class="spip">Saint-Servais, Saint-Pancrace et Saint-Mamert font à trois un petit hiver.</i> »</p> <p class="spip">Voir <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Saints_de_glace" target="_blank">Wikipedia, saints de glace</a></p> Sun, 24 Apr 2011 17:47:16 +0200 <p class="spip"><span class='spip_document_547 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:240px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/StGlace.jpg' width="240" height="124" alt="Seins de glace" title="Seins de glace" /></span></p> <p class="spip"><strong class="spip">Saint Mamert</strong>, fêté le 11 mai, Archevêque de Vienne en Gaule, mort en 474. Il a introduit la fête des Rogations [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb41" name="nh41" id="nh41" class="spip_note" title='[41] Rogations, du latin rogatio : « demander ». Processions chantées pendant (...)' >41</a>] à partir de 470. <br /><strong class="spip">Saint Pancrace</strong>, fêté le 12 mai. Neveu de Saint-Denis martyr, mort en 304 à l'âge de 14 ans. <br /><strong class="spip">Saint Servais</strong> , fêté le 13 mai. Évêque de Tongres en Belgique, mort en 384.</p> <p class="spip">Rabelais les appelait : « <i class="spip">saints gresleurs, geleurs et gasteurs de bourgeons</i> »</p> <p class="spip">Ne cherchez pas sur les calendriers la trilogie de ces saints. Ils ont été remplacés au cours des siècles par d'autres saints . Ce sont les conciles de l'Eglise catholique qui « nettoyèrent » le calendrier de tous les personnages donnant lieu à des pratiques rituelles peu conformes avec la liturgie et considérées comme entachées de fond païen. <br />Cette substitution fut terminée lors du dernier concile de l'Eglise catholique en 1960 et c'est ainsi que nos « braves saints de glace » furent rayés et remplacés par <strong class="spip">sainte Estelle</strong>, <strong class="spip">saint Achille</strong> et <strong class="spip">sainte Rolande</strong>.</p> <h3 class="spip"><a name='1'></a>Du calendrier julien au calendrier grégorien</h3> <p class="spip">Avant la conception du calendrier grégorien [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb42" name="nh42" id="nh42" class="spip_note" title='[42] Le calendrier grégorien porte le nom de son instigateur, le pape (...)' >42</a>] en 1582, les dates étaient données dans le calendrier julien de la Rome antique, qui méconnaissait les caractéristiques orbitales précises de la Terre. Ainsi, la fête d'un saint correspond, en 1582, à une date de 10 jours plus tôt que celle de la réforme de 1582 (où le 5 octobre « julien » est devenu, le même jour, le 15 octobre « grégorien »). Il y avait donc à cette époque 10 jours en trop dans l'ancien calendrier julien.</p> <h3 class="spip"><a name='2'></a>Explication astronomique</h3> <p class="spip">Certains expliqueraient la tradition des saints de glace par un phénomène astronomique coïncidant à cette période chaque année : <br />« <i class="spip">vers la mi-mars, l'orbite de la terre passerait par une zone de l'espace sidéral particulièrement chargée de poussières, ce qui entraînerait une baisse de l'apport solaire sur notre planète et donc une diminution de la température.</i> » <br />Cette explication est infirmée par le fait que les astronomes ne connaissent aucun disque de poussière de ce type.</p> <h3 class="spip"><a name='3'></a>Explication métérologique</h3> <p class="spip">Le mois de mai correspond, dans les latitudes moyennes de l'hémisphère nord, à la fin de la rapide circulation de systèmes météorologiques d'hiver. Le passage de fronts froids, amenant de l'air du nord, se produit donc encore de temps à autre. Quand le ciel se dégage ensuite sous un anticyclone, la perte de chaleur est encore importante, surtout la nuit (voir <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?breve39" class="spip_in"></a>). Il est donc normal d'avoir des périodes froides à cette époque même si la tendance des températures est à la hausse. D'ailleurs, les archives de Météo-France sur 70 ans (1939-2009) montrent que ce phénomène ne s'est déroulé que 4 fois. <br />Avec le réchauffement climatique, il faut donc non seulement avancer les saints de glace de plusieurs semaines, mais, en plus, il faut savoir qu'ils ont perdu de leur virulence. <br />En moyenne, le dernier jour de gel se produit deux semaines plus tôt aujourd'hui qu'il y a vingt ans, et trois semaines plus tôt que dans les années 60. Ce décalage s'observe partout, quelle que soit l'altitude, et même si les années records ne sont pas les mêmes.</p> <p class="spip">Croyance populaire infondée, les saints de glace restent tout de même utiles pour les jardiniers et agriculteurs, notamment pour se rappeler quand la période climatologique de gel possible se termine. Sa popularité est encore vivace, comme en attestent les nombreux dictons qui lui sont consacrés.</p> <p class="spip">« <i class="spip">Saints Mamert, Pancrace et Servais sont toujours des saints de glace.</i> » <br />« <i class="spip">Saints Pancrace, Servais et Boniface apportent souvent la glace.</i> » <br />« <i class="spip">Avant Saint-Servais, point d'été ; après Saint-Servais, plus de gelée.</i> » <br />« <i class="spip">Saint-Servais, Saint-Pancrace et Saint-Mamert font à trois un petit hiver.</i> »</p> <p class="spip">Voir <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Saints_de_glace" target="_blank">Wikipedia, saints de glace</a></p> Japon : réflexion sur les risques http://sornettes.free.fr/spip.php?article298 <dl class='spip_document_546 spip_documents spip_documents_right' style='float:right;width:120px;'> <dt><img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/risque.jpg' width='107' height='171' alt='JPG - 11.2 ko' /></dt> <dt class='spip_doc_titre' style='width:120px;'><strong>Champs essais, Flammarion, 2008, 12 €</strong></dt> </dl> <p class="spip">Les catastrophes en chaîne qui viennent de frapper le Japon rappellent à quel point les sociétés contemporaines sont vulnérables aux risques. Pourtant, tremblement de terre et tsunami d'un côté, accidents nucléaires de l'autre, sont-ils des menaces du même ordre ?</p> <p class="spip">Certainement pas, si l'on suit le sociologue britannique Anthony Giddens [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb43" name="nh43" id="nh43" class="spip_note" title='[43] Anthony Giddens a publié Runaway World. How Globalisatlon is Reshaplng (...)' >43</a>], pour qui il importe de distinguer entre deux catégories de risques. Les sociétés prémodernes, explique-t-il, ne connaissaient que des risques qu'il qualifie d' « <i class="spip">externes</i> », parce que liés à des menaces que la nature faisait peser sur l'humanité de l'extérieur (intempéries, épidémies, inondations, séismes &hellip; ).</p> <p class="spip">Dans nos sociétés industrialisées, en revanche, se développent des risques que Giddens appelle « <i class="spip">fabriqués</i> » (<i class="spip">manufactured</i>). Leur spécificité est d'être liés aux conséquences des actions que les humains mènent par rapport à la nature. Typiquement, il s'agit des risques d'apocalypse nucléaire ou liés à la pollution industrielle et au réchauffement de la planète. Ces risques-là sont par définition inconnus : nous n'en avons jamais fait l'expérience auparavant puisque c'est nous-mêmes qui sommes en train de les créer par notre action collective. Nous sommes donc incapables d'en estimer l'ampleur et la gravité et même d'en comprendre la véritable nature. <i class="spip">A fortiori</i>, nous avons du mal à y faire face comme il le faudrait ! Résultat : nous avons tendance à les traiter comme « <i class="spip">externes</i> ». Ce qui est rassurant intellectuellement, mais totalement trompeur.</p> <h3 class="spip"><a name='1'></a>INVISIBILITÉ</h3> <p class="spip">Giddens s'inspire des travaux du sociologue allemand Ulrich Beck [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb44" name="nh44" id="nh44" class="spip_note" title='[44] Ulrich Beck est professeur de sociologie à l&#39;université de Munich. Il a (...)' >44</a>] qui avait montré, au milieu des années 1980, que les sociétés modernes ont en propre de générer par elles-mêmes des risques. Selon Beck, le facteur le plus déterminant dans cette prolifération des risques est leur invisibilité, qui entraîne leur non-prise en compte. Cette cécité résulte du fait que la culture de la réussite matérielle nous pousse à nous focaliser quasi exclusivement sur les richesses perceptibles qui s'offrent à nous. Nous sommes ainsi prêts à négliger ou à nier les dangers liés à une nouvelle forme d'activité productive, pourvu que celle-ci augmente notre confort ou réponde à un besoin. Ce que le sociologue résume par cette formule : « <i class="spip">Le caractère tangible des besoins supprime la perception des risques.</i> » Tout le problème étant qu'il ne supprime pas les risques eux-mêmes !</p> <p class="spip">Pour Beck, comme pour Giddens, les risques « <i class="spip">fabriqués</i> » appellent un nouveau type de conscience réflexive grâce auquel l'homme se reconnaît comme responsable ultime des malheurs et des dommages qu'il s'inflige. Il faut pour cela quitter la vieille mentalité des sociétés prémodernes, qui attribuait à la nature la source des menaces pesant sur l'humanité. Nous sommes évidemment encore loin d'avoir réussi une telle révolution culturelle et il n'est même pas sûr que nous y parviendrons à temps : c'est-à-dire avant que les risques que nous aurons fabriqués de nos propres mains ne nous condamnent à mort, d'une manière beaucoup plus certaine et efficace que ne pourrait le faire dame Nature.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Cyril LEMIEUX</strong> , <i class="spip">Japon : réflexion sur les risques</i>, <a href="http://www.alternatives-economiques.fr/" target="_blank">Alternatives Économiques</a>, n° 301, avril 2011, p. 77, 3,80 €.</p> Sun, 17 Apr 2011 11:33:37 +0200 <dl class='spip_document_546 spip_documents spip_documents_right' style='float:right;width:120px;'> <dt><img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/risque.jpg' width='107' height='171' alt='JPG - 11.2 ko' /></dt> <dt class='spip_doc_titre' style='width:120px;'><strong>Champs essais, Flammarion, 2008, 12 €</strong></dt> </dl> <p class="spip">Les catastrophes en chaîne qui viennent de frapper le Japon rappellent à quel point les sociétés contemporaines sont vulnérables aux risques. Pourtant, tremblement de terre et tsunami d'un côté, accidents nucléaires de l'autre, sont-ils des menaces du même ordre ?</p> <p class="spip">Certainement pas, si l'on suit le sociologue britannique Anthony Giddens [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb45" name="nh45" id="nh45" class="spip_note" title='[45] Anthony Giddens a publié Runaway World. How Globalisatlon is Reshaplng (...)' >45</a>], pour qui il importe de distinguer entre deux catégories de risques. Les sociétés prémodernes, explique-t-il, ne connaissaient que des risques qu'il qualifie d' « <i class="spip">externes</i> », parce que liés à des menaces que la nature faisait peser sur l'humanité de l'extérieur (intempéries, épidémies, inondations, séismes &hellip; ).</p> <p class="spip">Dans nos sociétés industrialisées, en revanche, se développent des risques que Giddens appelle « <i class="spip">fabriqués</i> » (<i class="spip">manufactured</i>). Leur spécificité est d'être liés aux conséquences des actions que les humains mènent par rapport à la nature. Typiquement, il s'agit des risques d'apocalypse nucléaire ou liés à la pollution industrielle et au réchauffement de la planète. Ces risques-là sont par définition inconnus : nous n'en avons jamais fait l'expérience auparavant puisque c'est nous-mêmes qui sommes en train de les créer par notre action collective. Nous sommes donc incapables d'en estimer l'ampleur et la gravité et même d'en comprendre la véritable nature. <i class="spip">A fortiori</i>, nous avons du mal à y faire face comme il le faudrait ! Résultat : nous avons tendance à les traiter comme « <i class="spip">externes</i> ». Ce qui est rassurant intellectuellement, mais totalement trompeur.</p> <h3 class="spip"><a name='1'></a>INVISIBILITÉ</h3> <p class="spip">Giddens s'inspire des travaux du sociologue allemand Ulrich Beck [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb46" name="nh46" id="nh46" class="spip_note" title='[46] Ulrich Beck est professeur de sociologie à l&#39;université de Munich. Il a (...)' >46</a>] qui avait montré, au milieu des années 1980, que les sociétés modernes ont en propre de générer par elles-mêmes des risques. Selon Beck, le facteur le plus déterminant dans cette prolifération des risques est leur invisibilité, qui entraîne leur non-prise en compte. Cette cécité résulte du fait que la culture de la réussite matérielle nous pousse à nous focaliser quasi exclusivement sur les richesses perceptibles qui s'offrent à nous. Nous sommes ainsi prêts à négliger ou à nier les dangers liés à une nouvelle forme d'activité productive, pourvu que celle-ci augmente notre confort ou réponde à un besoin. Ce que le sociologue résume par cette formule : « <i class="spip">Le caractère tangible des besoins supprime la perception des risques.</i> » Tout le problème étant qu'il ne supprime pas les risques eux-mêmes !</p> <p class="spip">Pour Beck, comme pour Giddens, les risques « <i class="spip">fabriqués</i> » appellent un nouveau type de conscience réflexive grâce auquel l'homme se reconnaît comme responsable ultime des malheurs et des dommages qu'il s'inflige. Il faut pour cela quitter la vieille mentalité des sociétés prémodernes, qui attribuait à la nature la source des menaces pesant sur l'humanité. Nous sommes évidemment encore loin d'avoir réussi une telle révolution culturelle et il n'est même pas sûr que nous y parviendrons à temps : c'est-à-dire avant que les risques que nous aurons fabriqués de nos propres mains ne nous condamnent à mort, d'une manière beaucoup plus certaine et efficace que ne pourrait le faire dame Nature.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Cyril LEMIEUX</strong> , <i class="spip">Japon : réflexion sur les risques</i>, <a href="http://www.alternatives-economiques.fr/" target="_blank">Alternatives Économiques</a>, n° 301, avril 2011, p. 77, 3,80 €.</p> Manifeste d'économistes atterrés http://sornettes.free.fr/spip.php?article296 <p class="spip"><span class='spip_document_530 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:209px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/economistesatterres.jpg' width="209" height="300" alt="Editions Les liens qui libèrent, 2010" title="Editions Les liens qui libèrent, 2010" /></span></p> <p class="spip">Cette double hypothèse s'est définitivement effondrée avec la crise bancaire et financière en 2007 et 2008. À l'instar de celles qui l'ont précédée, cette grande crise exige une refondation de la pensée économique. Nombre de chercheurs ont entrepris de travailler dans cette direction. C'est pour favoriser ces nécessaires remises en cause que nous avons rédigé ce « manifeste d'économistes atterrés ». […]</p> <p class="spip">[Extraits :]</p> <h3 class="spip"><a name='1'></a>FAUSSE ÉVIDENCE N° 6 : LA DETTE PUBLIQUE REPORTE LE PRIX DE NOS EXCÈS SUR NOS PETITS-ENFANTS</h3> <p class="spip">Il est une autre affirmation fallacieuse qui confond économie ménagère et macroéconomie, celle selon laquelle la dette publique serait un transfert de richesse au détriment des générations futures. La dette publique est bien un mécanisme de transfert de richesses, mais c'est surtout des contribuables ordinaires vers les rentiers.</p> <p class="spip">En effet, se fondant sur la croyance rarement vérifiée selon laquelle baisser les impôts stimulerait la croissance et accroîtrait in fine les recettes publiques, les États européens ont depuis 1980 imité les USA dans une politique de moins-disant fiscal systématique. Les réductions d'impôt et de cotisations se sont multipliées (sur les bénéfices des sociétés, sur le revenu des particuliers les plus aisés, sur les patrimoines, sur les cotisations patronales &hellip; ), mais leur impact sur la croissance économique est resté très incertain. Ces politiques fiscales anti-redistributives ont donc aggravé à la fois, et de façon cumulative, les inégalités sociales et les déficits publics.</p> <p class="spip">Ces politiques fiscales ont obligé les administrations publiques à s'endetter auprès des ménages aisés et des marchés financiers pour financer les déficits ainsi créés. C'est ce qu'on pourrait appeler « l'effet jackpot » : avec l'argent économisé sur leurs impôts, les riches ont pu acquérir les titres (porteurs d'intérêts) de la dette publique émise pour financer les déficits publics provoqués par les réductions d'impôts&hellip; Le service de la dette publique en France représente ainsi 40 milliards d'euros par an, presque autant que les recettes de l'impôt sur le revenu. Tour de force d'autant plus brillant qu'on a ensuite réussi à faire croire au public que la dette publique était la faute des fonctionnaires, des retraités et des malades.</p> <p class="spip">L'accroissement de la dette publique en Europe ou aux USA n'est donc pas le résultat de politiques keynésiennes expansionnistes ou de politiques sociales dispendieuses mais bien plutôt d'une politique en faveur des couches privilégiées : les « dépenses fiscales » (baisses d'impôts et de cotisations) augmentent le revenu disponible de ceux qui en ont le moins besoin, qui du coup peuvent accroître encore davantage leurs placements notamment en bons du Trésor, lesquels sont rémunérés en intérêts par l'impôt prélevé sur tous les contribuables. Au total se met en place un mécanisme de redistribution à rebours, des classes populaires vers les classes aisées, via la dette publique dont la contrepartie est toujours de la rente privée.</p> <p class="spip">Pour redresser de façon équitable les finances publiques en Europe et en France nous mettons en débat deux mesures : <br />Mesure n° 12 : redonner un caractère fortement redistributif à la fiscalité directe sur les revenus (suppression des niches, création de nouvelles tranches et augmentation des taux de l'impôt sur le revenu &hellip; ). <br />Mesure n° 13 : supprimer les exonérations consenties aux entreprises sans effets suffisants sur l'emploi.</p> <hr class="spip" /> <p class="spip"><i class="spip">Manifeste d'économistes attérrés</i>, Les liens qui libèrent, 2010, 5,50 €.</p> <p class="spip"><a href="http://atterres.org/" target="_blank">Les Économistes Atterrés</a></p> <p class="spip">Voir aussi <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article262" class="spip_in"></a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article285" class="spip_in">L'indispensable justice fiscale, selon un ancien PDG</a> et <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article297" class="spip_in">Pour une révolution fiscale</a>.</p> Sun, 06 Mar 2011 09:56:13 +0100 <p class="spip"><span class='spip_document_530 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:209px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/economistesatterres.jpg' width="209" height="300" alt="Editions Les liens qui libèrent, 2010" title="Editions Les liens qui libèrent, 2010" /></span></p> <p class="spip">Cette double hypothèse s'est définitivement effondrée avec la crise bancaire et financière en 2007 et 2008. À l'instar de celles qui l'ont précédée, cette grande crise exige une refondation de la pensée économique. Nombre de chercheurs ont entrepris de travailler dans cette direction. C'est pour favoriser ces nécessaires remises en cause que nous avons rédigé ce « manifeste d'économistes atterrés ». […]</p> <p class="spip">[Extraits :]</p> <h3 class="spip"><a name='1'></a>FAUSSE ÉVIDENCE N° 6 : LA DETTE PUBLIQUE REPORTE LE PRIX DE NOS EXCÈS SUR NOS PETITS-ENFANTS</h3> <p class="spip">Il est une autre affirmation fallacieuse qui confond économie ménagère et macroéconomie, celle selon laquelle la dette publique serait un transfert de richesse au détriment des générations futures. La dette publique est bien un mécanisme de transfert de richesses, mais c'est surtout des contribuables ordinaires vers les rentiers.</p> <p class="spip">En effet, se fondant sur la croyance rarement vérifiée selon laquelle baisser les impôts stimulerait la croissance et accroîtrait in fine les recettes publiques, les États européens ont depuis 1980 imité les USA dans une politique de moins-disant fiscal systématique. Les réductions d'impôt et de cotisations se sont multipliées (sur les bénéfices des sociétés, sur le revenu des particuliers les plus aisés, sur les patrimoines, sur les cotisations patronales &hellip; ), mais leur impact sur la croissance économique est resté très incertain. Ces politiques fiscales anti-redistributives ont donc aggravé à la fois, et de façon cumulative, les inégalités sociales et les déficits publics.</p> <p class="spip">Ces politiques fiscales ont obligé les administrations publiques à s'endetter auprès des ménages aisés et des marchés financiers pour financer les déficits ainsi créés. C'est ce qu'on pourrait appeler « l'effet jackpot » : avec l'argent économisé sur leurs impôts, les riches ont pu acquérir les titres (porteurs d'intérêts) de la dette publique émise pour financer les déficits publics provoqués par les réductions d'impôts&hellip; Le service de la dette publique en France représente ainsi 40 milliards d'euros par an, presque autant que les recettes de l'impôt sur le revenu. Tour de force d'autant plus brillant qu'on a ensuite réussi à faire croire au public que la dette publique était la faute des fonctionnaires, des retraités et des malades.</p> <p class="spip">L'accroissement de la dette publique en Europe ou aux USA n'est donc pas le résultat de politiques keynésiennes expansionnistes ou de politiques sociales dispendieuses mais bien plutôt d'une politique en faveur des couches privilégiées : les « dépenses fiscales » (baisses d'impôts et de cotisations) augmentent le revenu disponible de ceux qui en ont le moins besoin, qui du coup peuvent accroître encore davantage leurs placements notamment en bons du Trésor, lesquels sont rémunérés en intérêts par l'impôt prélevé sur tous les contribuables. Au total se met en place un mécanisme de redistribution à rebours, des classes populaires vers les classes aisées, via la dette publique dont la contrepartie est toujours de la rente privée.</p> <p class="spip">Pour redresser de façon équitable les finances publiques en Europe et en France nous mettons en débat deux mesures : <br />Mesure n° 12 : redonner un caractère fortement redistributif à la fiscalité directe sur les revenus (suppression des niches, création de nouvelles tranches et augmentation des taux de l'impôt sur le revenu &hellip; ). <br />Mesure n° 13 : supprimer les exonérations consenties aux entreprises sans effets suffisants sur l'emploi.</p> <hr class="spip" /> <p class="spip"><i class="spip">Manifeste d'économistes attérrés</i>, Les liens qui libèrent, 2010, 5,50 €.</p> <p class="spip"><a href="http://atterres.org/" target="_blank">Les Économistes Atterrés</a></p> <p class="spip">Voir aussi <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article262" class="spip_in"></a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article285" class="spip_in">L'indispensable justice fiscale, selon un ancien PDG</a> et <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article297" class="spip_in">Pour une révolution fiscale</a>.</p> Pour une révolution fiscale http://sornettes.free.fr/spip.php?article297 <p class="spip"><span class='spip_document_531 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:209px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/RevFiscal.jpg' width="209" height="308" alt="La République des idées-Le Seuil, 2011" title="La République des idées-Le Seuil, 2011" /></span></p> <p class="spip">Ce livre innove en proposant une critique d'ensemble du système fiscal français. Il démontre scientifiquement, pour la première fois, le caractère régressif de l'impôt dans notre pays (ce qui signifie que, tous prélèvements confondus, les taux d'imposition sont plus élevés pour les ménages les plus modestes et s'abaissent pour les plus riches). […]</p> <p class="spip">Mais cette analyse au scalpel ne se contente pas de mettre au jour l'injustice du système. Elle plaide pour une révolution fiscale, chiffrée et opérationnelle, fondée sur trois principes : équité, progressivité réelle, démocratie.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Entretien avec Thomas Piketty, directeur d'études à l'EHESS, professeur à l'Ecole d'économie de Paris :</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">Où beaucoup envisagent de faire simplement évoluer le système fiscal, vous en appelez à une « révolution fiscale », notamment en matière d'impôt sur le revenu. Pourquoi ?</strong></p> <p class="spip">Pour deux raisons. D'abord parce que la complexité de notre système s'ajoute à la technicité du sujet pour le rendre opaque et incompréhensible aux yeux des citoyens. Un niveau de prélèvements obligatoires élevé (environ 45 % des revenus en France aujourd'hui) permet de financer une protection sociale ambitieuse, des écoles, des universités, etc. Mais cela crée aussi une obligation de transparence. Tout le monde paie des impôts : les gens modestes autant et même davantage que les gens riches. Chacun a le droit de comprendre et d'exiger plus de clarté aussi bien sur les efforts demandés aux uns et aux autres que sur l'usage qui est fait des recettes fiscales. C'est pourquoi notre livre s'accompagne d'un <a href="http://www.revolution-fiscale.fr/" target="_blank">site Internet : www.revolution-fiscale.fr</a> qui permettra à chacun, non seulement de se repérer dans le débat fiscal, mais aussi de simuler les réformes qu'il juge souhaitables.</p> <p class="spip">La seconde raison est que notre système d'impôts directs sur le revenu - impôt sur le revenu et contribution sociale généralisée (CSG) - est en faillite. Théoriquement, l'impôt sur le revenu devrait réintroduire de la progressivité et contrecarrer ainsi le caractère fortement régressif des impôts indirects sur la consommation ou des cotisations sociales. Mais, en réalité, l'impôt sur le revenu actuel est lui-même régressif : à mesure qu'on monte dans l'échelle des revenus, le taux effectif d'imposition diminue. Notamment en raison des nombreuses niches fiscales. Bref, il ne suffit plus de faire des ajustements : il faut tout remettre à plat.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Comment ?</strong></p> <p class="spip">Nous pensons qu'il faut supprimer l'actuel impôt sur le revenu et créer un nouvel impôt direct qui consistera, en pratique, dans une extension de la CSG. Celle-ci est en effet un outil efficace : elle n'est pas mitée par une multitude de niches ; son assiette est perfectible, mais large, en particulier concernant les revenus du patrimoine ; et il s'agit d'un prélèvement à la source, à la fois plus simple pour le contribuable et plus facile à contrôler. Le problème de la CSG, c'est qu'elle est proportionnelle. Nous proposons donc d'y introduire un barème progressif très simple qui permette de la rendre plus juste.</p> <p class="spip">Nous n'avons pas cherché à augmenter les recettes de l'Etat, mais à construire un dispositif plus équitable, plus transparent et plus adapté à la situation économique. En réalité, jusqu'à 6 000 euros de revenu mensuel brut par personne (plus de 95 % des gens), tout le monde y gagnerait un peu de pouvoir d'achat. Autour de 7000 euros, la réforme serait neutre. En revanche, à partir de 8 000 euros, l'effort demandé aux contribuables serait plus élevé qu'aujourd'hui. Prenons l'exemple d'un salarié qui gagne 1 800 euros mensuel brut. Pour lui, le gain de pouvoir d'achat serait de 2,3 % (soit près de 500 euros par an), son taux effectif d'imposition passant de 9,6 % à 7,3 %. Cette réforme aurait également des effets de simplification importants. Prenons l'exemple d'un salarié au Smic. Actuellement, on lui prend d'office 8 % de CSG (environ 100 euros par mois). Mais il va pouvoir bénéficier ensuite de la prime pour l'emploi : on va donc lui rétrocéder près de la moitié de ce qu'on lui a pris de CSG, mais &hellip; un an et demi plus tard ! Le système que nous proposons simplifierait infiniment les choses et se traduirait par un gain de salaire direct immédiat. C'est ainsi que l'on revalorisera le travail !</p> <p class="spip"><strong class="spip">Vous proposez également d'individualiser l'impôt sur le revenu et de mettre fin au quotient familial&hellip;</strong></p> <p class="spip">Il faut distinguer deux aspects. Il y a, d'une part, le quotient conjugal, c'est-à-dire le fait que les couples sont imposés conjointement (qu'il y ait ou non des enfants). Ce système d'un autre âge aboutit <i class="spip">de facto</i> à traiter les femmes comme un revenu d'appoint et à subventionner les couples inégaux [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb47" name="nh47" id="nh47" class="spip_note" title='[47] Pour obtenir le montant de l&#39;impôt dans le cas d&#39;une déclaration (...)' >47</a>] . Nous proposons donc de passer à un impôt strictement individuel, comme l'ont déjà fait les pays d'Europe du Sud et les pays nordiques.</p> <p class="spip">Il y a, d'autre part, le quotient familial, c'est-à-dire le fait que les personnes chargées d'enfants puissent payer moins d'impôts que les autres. Cela est parfaitement légitime et il est hors de question de supprimer un tel système. Simplement, nous proposons de lui substituer un crédit d'impôt remboursable, égal pour tous les enfants (quel que soit le revenu des parents) et partagé également entre les deux parents. 95 % des familles y gagneront. Les 5 % les plus riches perdront en termes de quotient familial, mais peut-être cessera-t-on en échange de les menacer de plafonner leurs allocations familiales.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Dans la mesure où votre nouvel impôt sur le revenu intègre mieux dans son assiette les revenus du patrimoine, vous semble-t-il nécessaire de conserver un impôt comme l'ISF ?</strong></p> <p class="spip">Dans une période où les revenus stagnent et où les patrimoines prospèrent, il serait insensé de le supprimer. En outre, les gros patrimoines peuvent se structurer de manière à ne produire que peu de revenus du capital imposables, comme l'a montré le cas de Liliane Bettencourt. Il faut donc imposer les deux. Concernant l'ISF, nous considérons qu'un éventuel relèvement du seuil ne devrait être envisagé qu'en échange d'un fort élargissement de l'assiette, avec des recettes constantes ou en hausse.</p> <p class="spip">Propos recueillis par <strong class="spip">Thierry Pech</strong> , <i class="spip">La « révolution fiscale »</i>, <a href="http://www.alternatives-economiques.fr/" target="_blank">Alternatives Économiques</a>, n° 299, février 2011, p.72, 3,80 €.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Camille Landais</strong> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb48" name="nh48" id="nh48" class="spip_note" title='[48] Camille Landais est chercheur au Stanford Institute for Economic (...)' >48</a>], <strong class="spip">Thomas Piketty</strong> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb49" name="nh49" id="nh49" class="spip_note" title='[49] Thomas Piketty est professeur à l&#39;Ecole d&#39;économie de Paris et directeur (...)' >49</a>] et <strong class="spip">Emmanuel Saez</strong> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb50" name="nh50" id="nh50" class="spip_note" title='[50] Emmanuel Saez est professeur à l&#39;Université Berkeley. Ses travaux sur la (...)' >50</a>], <i class="spip">Pour une révolution fiscale. Un impôt sur le revenu pour le XXI<sup>e</sup> siècle</i>, La République des idées - Le Seuil, 2011, 12,50 €.</p> <p class="spip">Voir aussi <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article262" class="spip_in"></a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article285" class="spip_in">L'indispensable justice fiscale, selon un ancien PDG</a> et <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article296" class="spip_in">Manifeste d'économistes atterrés</a>.</p> Sun, 27 Feb 2011 11:17:08 +0100 <p class="spip"><span class='spip_document_531 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:209px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/RevFiscal.jpg' width="209" height="308" alt="La République des idées-Le Seuil, 2011" title="La République des idées-Le Seuil, 2011" /></span></p> <p class="spip">Ce livre innove en proposant une critique d'ensemble du système fiscal français. Il démontre scientifiquement, pour la première fois, le caractère régressif de l'impôt dans notre pays (ce qui signifie que, tous prélèvements confondus, les taux d'imposition sont plus élevés pour les ménages les plus modestes et s'abaissent pour les plus riches). […]</p> <p class="spip">Mais cette analyse au scalpel ne se contente pas de mettre au jour l'injustice du système. Elle plaide pour une révolution fiscale, chiffrée et opérationnelle, fondée sur trois principes : équité, progressivité réelle, démocratie.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Entretien avec Thomas Piketty, directeur d'études à l'EHESS, professeur à l'Ecole d'économie de Paris :</strong></p> <p class="spip"><strong class="spip">Où beaucoup envisagent de faire simplement évoluer le système fiscal, vous en appelez à une « révolution fiscale », notamment en matière d'impôt sur le revenu. Pourquoi ?</strong></p> <p class="spip">Pour deux raisons. D'abord parce que la complexité de notre système s'ajoute à la technicité du sujet pour le rendre opaque et incompréhensible aux yeux des citoyens. Un niveau de prélèvements obligatoires élevé (environ 45 % des revenus en France aujourd'hui) permet de financer une protection sociale ambitieuse, des écoles, des universités, etc. Mais cela crée aussi une obligation de transparence. Tout le monde paie des impôts : les gens modestes autant et même davantage que les gens riches. Chacun a le droit de comprendre et d'exiger plus de clarté aussi bien sur les efforts demandés aux uns et aux autres que sur l'usage qui est fait des recettes fiscales. C'est pourquoi notre livre s'accompagne d'un <a href="http://www.revolution-fiscale.fr/" target="_blank">site Internet : www.revolution-fiscale.fr</a> qui permettra à chacun, non seulement de se repérer dans le débat fiscal, mais aussi de simuler les réformes qu'il juge souhaitables.</p> <p class="spip">La seconde raison est que notre système d'impôts directs sur le revenu - impôt sur le revenu et contribution sociale généralisée (CSG) - est en faillite. Théoriquement, l'impôt sur le revenu devrait réintroduire de la progressivité et contrecarrer ainsi le caractère fortement régressif des impôts indirects sur la consommation ou des cotisations sociales. Mais, en réalité, l'impôt sur le revenu actuel est lui-même régressif : à mesure qu'on monte dans l'échelle des revenus, le taux effectif d'imposition diminue. Notamment en raison des nombreuses niches fiscales. Bref, il ne suffit plus de faire des ajustements : il faut tout remettre à plat.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Comment ?</strong></p> <p class="spip">Nous pensons qu'il faut supprimer l'actuel impôt sur le revenu et créer un nouvel impôt direct qui consistera, en pratique, dans une extension de la CSG. Celle-ci est en effet un outil efficace : elle n'est pas mitée par une multitude de niches ; son assiette est perfectible, mais large, en particulier concernant les revenus du patrimoine ; et il s'agit d'un prélèvement à la source, à la fois plus simple pour le contribuable et plus facile à contrôler. Le problème de la CSG, c'est qu'elle est proportionnelle. Nous proposons donc d'y introduire un barème progressif très simple qui permette de la rendre plus juste.</p> <p class="spip">Nous n'avons pas cherché à augmenter les recettes de l'Etat, mais à construire un dispositif plus équitable, plus transparent et plus adapté à la situation économique. En réalité, jusqu'à 6 000 euros de revenu mensuel brut par personne (plus de 95 % des gens), tout le monde y gagnerait un peu de pouvoir d'achat. Autour de 7000 euros, la réforme serait neutre. En revanche, à partir de 8 000 euros, l'effort demandé aux contribuables serait plus élevé qu'aujourd'hui. Prenons l'exemple d'un salarié qui gagne 1 800 euros mensuel brut. Pour lui, le gain de pouvoir d'achat serait de 2,3 % (soit près de 500 euros par an), son taux effectif d'imposition passant de 9,6 % à 7,3 %. Cette réforme aurait également des effets de simplification importants. Prenons l'exemple d'un salarié au Smic. Actuellement, on lui prend d'office 8 % de CSG (environ 100 euros par mois). Mais il va pouvoir bénéficier ensuite de la prime pour l'emploi : on va donc lui rétrocéder près de la moitié de ce qu'on lui a pris de CSG, mais &hellip; un an et demi plus tard ! Le système que nous proposons simplifierait infiniment les choses et se traduirait par un gain de salaire direct immédiat. C'est ainsi que l'on revalorisera le travail !</p> <p class="spip"><strong class="spip">Vous proposez également d'individualiser l'impôt sur le revenu et de mettre fin au quotient familial&hellip;</strong></p> <p class="spip">Il faut distinguer deux aspects. Il y a, d'une part, le quotient conjugal, c'est-à-dire le fait que les couples sont imposés conjointement (qu'il y ait ou non des enfants). Ce système d'un autre âge aboutit <i class="spip">de facto</i> à traiter les femmes comme un revenu d'appoint et à subventionner les couples inégaux [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb51" name="nh51" id="nh51" class="spip_note" title='[51] Pour obtenir le montant de l&#39;impôt dans le cas d&#39;une déclaration (...)' >51</a>] . Nous proposons donc de passer à un impôt strictement individuel, comme l'ont déjà fait les pays d'Europe du Sud et les pays nordiques.</p> <p class="spip">Il y a, d'autre part, le quotient familial, c'est-à-dire le fait que les personnes chargées d'enfants puissent payer moins d'impôts que les autres. Cela est parfaitement légitime et il est hors de question de supprimer un tel système. Simplement, nous proposons de lui substituer un crédit d'impôt remboursable, égal pour tous les enfants (quel que soit le revenu des parents) et partagé également entre les deux parents. 95 % des familles y gagneront. Les 5 % les plus riches perdront en termes de quotient familial, mais peut-être cessera-t-on en échange de les menacer de plafonner leurs allocations familiales.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Dans la mesure où votre nouvel impôt sur le revenu intègre mieux dans son assiette les revenus du patrimoine, vous semble-t-il nécessaire de conserver un impôt comme l'ISF ?</strong></p> <p class="spip">Dans une période où les revenus stagnent et où les patrimoines prospèrent, il serait insensé de le supprimer. En outre, les gros patrimoines peuvent se structurer de manière à ne produire que peu de revenus du capital imposables, comme l'a montré le cas de Liliane Bettencourt. Il faut donc imposer les deux. Concernant l'ISF, nous considérons qu'un éventuel relèvement du seuil ne devrait être envisagé qu'en échange d'un fort élargissement de l'assiette, avec des recettes constantes ou en hausse.</p> <p class="spip">Propos recueillis par <strong class="spip">Thierry Pech</strong> , <i class="spip">La « révolution fiscale »</i>, <a href="http://www.alternatives-economiques.fr/" target="_blank">Alternatives Économiques</a>, n° 299, février 2011, p.72, 3,80 €.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Camille Landais</strong> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb52" name="nh52" id="nh52" class="spip_note" title='[52] Camille Landais est chercheur au Stanford Institute for Economic (...)' >52</a>], <strong class="spip">Thomas Piketty</strong> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb53" name="nh53" id="nh53" class="spip_note" title='[53] Thomas Piketty est professeur à l&#39;Ecole d&#39;économie de Paris et directeur (...)' >53</a>] et <strong class="spip">Emmanuel Saez</strong> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb54" name="nh54" id="nh54" class="spip_note" title='[54] Emmanuel Saez est professeur à l&#39;Université Berkeley. Ses travaux sur la (...)' >54</a>], <i class="spip">Pour une révolution fiscale. Un impôt sur le revenu pour le XXI<sup>e</sup> siècle</i>, La République des idées - Le Seuil, 2011, 12,50 €.</p> <p class="spip">Voir aussi <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article262" class="spip_in"></a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article285" class="spip_in">L'indispensable justice fiscale, selon un ancien PDG</a> et <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article296" class="spip_in">Manifeste d'économistes atterrés</a>.</p> Les expressions imagées populaires http://sornettes.free.fr/spip.php?article295 <p class="spip"><span class='spip_document_529 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:250px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/expression.jpg' width="250" height="248" alt="" /></span></p> <p class="spip"><i class="spip">En voiture, Simone</i> : « Allons-y ! » (« En voiture Simone, c'est moi qui conduis, c'est toi qui klaxonnes ! »)</p> <p class="spip"><i class="spip">Ça ne vaut pas un pet de lapin</i> : « Ça ne vaut rien. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Trempé comme une soupe</i> : « Mouillé jusqu'aux os. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Travailler du chapeau</i> : « Être un peu fou. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Ç'est la fin des haricots</i> : « Ç'est la fin de tout. »</p> <p class="spip"><i class="spip">La semaine des quatre jeudis</i> : « Jamais. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Mêle-toi de tes oignons</i> : « Occupe-toi de tes affaires. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Être comme une poule qui a trouvé un couteau</i> : « Ne pas savoir quoi faire. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Les Anglais ont débarqué</i> : « Elle a ses règles. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Faire ça ou peigner la girafe…</i> : « Il ne fait rien. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Compte là-dessus et bois de l'eau !</i> : « Tu peux toujours courir. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il n'attache pas son chien avec des saucisses</i> : « Il est pingre. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Minute, papillon !</i> : « Un instant SVP ! »</p> <p class="spip"><i class="spip">Raide comme un passe-lacet</i> : « Fauché. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Être resté baba</i> : « Resté stupéfait. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Bouché à l'émeri</i> : « Borné, idiot. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Mener une vie de patachon</i> : « Avoir une vie dissipée. »</p> <p class="spip"><i class="spip">S'en tamponner le coquillart</i> : « S'en fiche. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Bête à manger du foin</i> : « Vraiment stupide. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il n'a pas cassé trois pattes à un canard</i> : « Il n'a rien fait d'extraordinaire. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Et ta sœur ?</i> : « Mêle-toi de ce qui te regarde. » (<i class="spip">Elle bat le beurre !</i>)</p> <p class="spip"><i class="spip">Gai comme un pinson</i> : « De bonne humeur. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Rond comme une queue de pelle</i> : « Complètement soûl. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est une tête de pioche</i> : « Entêté, obstiné. »</p> <p class="spip"><i class="spip">J'en mangerais sur la tête d'un teigneux</i> : « Je raffole de ce plat. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il n'a pas inventé le fil à couper le beurre</i> : « Il n'est pas malin. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Un froid de canard</i> : « Un froid très vif. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Ça se trouve pas sous le sabot d'un cheval</i> : « C'est rare. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est la soupe à la grimace</i> : « L'accueil est glacial. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est le bouquet !</i> : « C'est le comble ! »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il pleut comme vache qui pisse</i> : « Il pleut beaucoup. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Donner de la confiture aux cochons</i> : « Donner cela à quelqu'un qui ne saura l'apprécier. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Se faire remonter les bretelles</i> : « Se faire réprimander. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Numérote tes abattis</i> : « Sois sur tes gardes. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Rester en carafe</i> : « Rester en plan. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Raconter des salades</i> : « Dire n'importe quoi. »</p> <p class="spip"><i class="spip">T'as le bonjour d'Alfred</i> : « Va-t'en. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Sucrer les fraises</i> : « Être gâteux. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Et que ça saute !</i> : « Exécution ! »</p> <p class="spip"><i class="spip">Être soupe au lait</i> : « Être susceptible. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Faire chou blanc</i> : « Revenir bredouille. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Entre la poire et le fromage</i> : « À la fin du repas. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Je t'emmerde à pied, à cheval et en voiture</i> : « De toute façon, je t'emmerde. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Dîner à la fortune du pot</i> : « De façon improvisée. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Un tour de cochon</i> : « Un mauvais tour. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Dès potron-minet</i> : « Dès le lever du jour. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Se faire du mouron</i> : « S'inquiéter. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est pas le mauvais cheval</i> : « C'est un brave type. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Je suis flagada</i> : « Je suis exténué. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Avoir les pieds nikelés</i> : « Être paresseux. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Repousser du goulot</i> : « Avoir mauvaise haleine. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Avoir le trouillomètre à zéro</i> : « Avoir très peur. »</p> <p class="spip"><i class="spip">À la gomme</i> : « Sans valeur. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Faire tintin</i> : « Être privé, frustré. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Un drôle de coco</i> : « Un homme qui n'inspire pas confiance. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Se faire porter pâle</i> : « Se faire porter malade. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il y a un pépin</i> : « Il y a un petit problème. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Casser la graine</i> : « Manger sur le pouce. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Une sacré gueule d'empeigne</i> : « Antipathique, désagréable. »</p> <p class="spip"><i class="spip">De la roupie de sansonnet</i> : « Sans valeur, sans intérêt. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Envoyé chez Plumeau</i> : « Envoyé promener. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Quel toupet !</i> : « Quel culot ! »</p> <p class="spip"><i class="spip">N'en jetez plus, la cour est pleine</i> : « Ça suffit. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il lui fait du plat</i> : « Il la drague lourdement. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Tomber sur un bec, sur un os</i> : « Rencontrer un gros problème. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Les carottes sont cuites</i> : « C'est fichu. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Être aux abonnés absents</i> : « Être introuvable. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Lui voler dans les plumes</i> : « Ne pas se laisser faire. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Changer de crémerie</i> : « Changer d'habitudes. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Avoir un polichinelle dans le tiroir</i> : « Être enceinte. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Ça lui va comme un tablier à une vache</i> : « Ce vêtement lui va très mal. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Mettre les bouts</i> : « Filer précipitamment. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est du pipi de chat</i> : « Ça n'a pas de valeur. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Tailler une bavette</i> : « Bavarder simplement. »</p> <p class="spip"><i class="spip">La montagne accouche d'une souris</i> : « Résultat dérisoire par rapport à l'espoir. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Avoir la berlue</i> : « Avoir des hallucinations. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Je lui réserve un chien de ma chienne</i> : « Je me vengerai. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Nager comme un fer à repasser</i> : « Ne pas savoir nager. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est pour sa pomme</i> : « C'est pour lui. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Sec comme un coup de trique</i> : « Très maigre. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Se faire blackbouler</i> : « Se faire rejeter. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Fier comme Artaban</i> : « Particulièrement fier. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Fier comme un pou</i> : « Prétentieux. »</p> <p class="spip"><i class="spip">On n'est pas aux pièces</i> : « Inutile de se presser. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Tranquille comme baptiste</i> : « Imperturbable. »</p> <p class="spip"><i class="spip">S'en soucier comme d'une guigne</i> : « N'en ai rien à faire. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Ça lui a coupé le sifflet</i> : « Ça l'a fait taire. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Parler français comme une vache espagnole</i> : « S'exprimer très mal en français. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Mou comme une chiffe</i> : « Apathique, veule. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Faire du gringue</i> : « Faire la cour. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Décrocher la timbale</i> : « Parvenir à ses fins. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Faire suer le burnous</i> : « Exploiter ses employés. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Prendre ses cliques et ses claques</i> : « Partir précipitamment en emportant toutes ses affaires. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Rendre son tablier</i> : « Démissionner. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Tirer le bon numéro</i> : « Trouver la perle rare. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Donner des noms d'oiseaux</i> : « Copieusement injurier. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Avoir le béguin</i> : « S'enticher de quelqu'un. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Y aller franco de port</i> : « Le faire franchement. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine</i> : « Maladroit. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Fais pas l'œuf !</i> : « Arrête de jouer à l'imbécile. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Ne pas jeter le manche après la cognée</i> : « Ne pas renoncer par découragement. »</p> <hr class="spip" /> <p class="spip"><strong class="spip">Claude Duneton</strong> en collaboration avec <strong class="spip">Sylvie Claval</strong>, <i class="spip">Le Bouquet des expressions imagées, Encyclopédie thématique des locutions figurées de la langue française</i>, Éditions du Seuil, 1990.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Alain Rey</strong> et <strong class="spip">Sophie Chantreau</strong>, <i class="spip">Dictionnaire des expressions et locutions</i>, Le Robert, 1993.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Claude Duneton</strong>, <i class="spip">La Puce à l'oreille, Les expressions imagées et leur histoire</i>, Denoël, 2005.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Marianne Tillier</strong>, <i class="spip">Les expressions de nos grands-mères</i>, Éditions Points, 2008.</p> <p class="spip">Voir aussi <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article146" class="spip_in">Proverbes et dictons idiots</a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article301" class="spip_in">Calembours culturels</a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article308" class="spip_in"></a> et <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article147" class="spip_in">Humoristes</a>.</p> Wed, 16 Feb 2011 17:47:44 +0100 <p class="spip"><span class='spip_document_529 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:250px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/expression.jpg' width="250" height="248" alt="" /></span></p> <p class="spip"><i class="spip">En voiture, Simone</i> : « Allons-y ! » (« En voiture Simone, c'est moi qui conduis, c'est toi qui klaxonnes ! »)</p> <p class="spip"><i class="spip">Ça ne vaut pas un pet de lapin</i> : « Ça ne vaut rien. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Trempé comme une soupe</i> : « Mouillé jusqu'aux os. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Travailler du chapeau</i> : « Être un peu fou. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Ç'est la fin des haricots</i> : « Ç'est la fin de tout. »</p> <p class="spip"><i class="spip">La semaine des quatre jeudis</i> : « Jamais. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Mêle-toi de tes oignons</i> : « Occupe-toi de tes affaires. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Être comme une poule qui a trouvé un couteau</i> : « Ne pas savoir quoi faire. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Les Anglais ont débarqué</i> : « Elle a ses règles. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Faire ça ou peigner la girafe…</i> : « Il ne fait rien. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Compte là-dessus et bois de l'eau !</i> : « Tu peux toujours courir. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il n'attache pas son chien avec des saucisses</i> : « Il est pingre. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Minute, papillon !</i> : « Un instant SVP ! »</p> <p class="spip"><i class="spip">Raide comme un passe-lacet</i> : « Fauché. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Être resté baba</i> : « Resté stupéfait. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Bouché à l'émeri</i> : « Borné, idiot. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Mener une vie de patachon</i> : « Avoir une vie dissipée. »</p> <p class="spip"><i class="spip">S'en tamponner le coquillart</i> : « S'en fiche. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Bête à manger du foin</i> : « Vraiment stupide. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il n'a pas cassé trois pattes à un canard</i> : « Il n'a rien fait d'extraordinaire. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Et ta sœur ?</i> : « Mêle-toi de ce qui te regarde. » (<i class="spip">Elle bat le beurre !</i>)</p> <p class="spip"><i class="spip">Gai comme un pinson</i> : « De bonne humeur. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Rond comme une queue de pelle</i> : « Complètement soûl. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est une tête de pioche</i> : « Entêté, obstiné. »</p> <p class="spip"><i class="spip">J'en mangerais sur la tête d'un teigneux</i> : « Je raffole de ce plat. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il n'a pas inventé le fil à couper le beurre</i> : « Il n'est pas malin. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Un froid de canard</i> : « Un froid très vif. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Ça se trouve pas sous le sabot d'un cheval</i> : « C'est rare. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est la soupe à la grimace</i> : « L'accueil est glacial. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est le bouquet !</i> : « C'est le comble ! »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il pleut comme vache qui pisse</i> : « Il pleut beaucoup. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Donner de la confiture aux cochons</i> : « Donner cela à quelqu'un qui ne saura l'apprécier. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Se faire remonter les bretelles</i> : « Se faire réprimander. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Numérote tes abattis</i> : « Sois sur tes gardes. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Rester en carafe</i> : « Rester en plan. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Raconter des salades</i> : « Dire n'importe quoi. »</p> <p class="spip"><i class="spip">T'as le bonjour d'Alfred</i> : « Va-t'en. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Sucrer les fraises</i> : « Être gâteux. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Et que ça saute !</i> : « Exécution ! »</p> <p class="spip"><i class="spip">Être soupe au lait</i> : « Être susceptible. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Faire chou blanc</i> : « Revenir bredouille. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Entre la poire et le fromage</i> : « À la fin du repas. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Je t'emmerde à pied, à cheval et en voiture</i> : « De toute façon, je t'emmerde. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Dîner à la fortune du pot</i> : « De façon improvisée. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Un tour de cochon</i> : « Un mauvais tour. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Dès potron-minet</i> : « Dès le lever du jour. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Se faire du mouron</i> : « S'inquiéter. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est pas le mauvais cheval</i> : « C'est un brave type. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Je suis flagada</i> : « Je suis exténué. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Avoir les pieds nikelés</i> : « Être paresseux. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Repousser du goulot</i> : « Avoir mauvaise haleine. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Avoir le trouillomètre à zéro</i> : « Avoir très peur. »</p> <p class="spip"><i class="spip">À la gomme</i> : « Sans valeur. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Faire tintin</i> : « Être privé, frustré. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Un drôle de coco</i> : « Un homme qui n'inspire pas confiance. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Se faire porter pâle</i> : « Se faire porter malade. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il y a un pépin</i> : « Il y a un petit problème. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Casser la graine</i> : « Manger sur le pouce. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Une sacré gueule d'empeigne</i> : « Antipathique, désagréable. »</p> <p class="spip"><i class="spip">De la roupie de sansonnet</i> : « Sans valeur, sans intérêt. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Envoyé chez Plumeau</i> : « Envoyé promener. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Quel toupet !</i> : « Quel culot ! »</p> <p class="spip"><i class="spip">N'en jetez plus, la cour est pleine</i> : « Ça suffit. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Il lui fait du plat</i> : « Il la drague lourdement. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Tomber sur un bec, sur un os</i> : « Rencontrer un gros problème. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Les carottes sont cuites</i> : « C'est fichu. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Être aux abonnés absents</i> : « Être introuvable. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Lui voler dans les plumes</i> : « Ne pas se laisser faire. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Changer de crémerie</i> : « Changer d'habitudes. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Avoir un polichinelle dans le tiroir</i> : « Être enceinte. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Ça lui va comme un tablier à une vache</i> : « Ce vêtement lui va très mal. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Mettre les bouts</i> : « Filer précipitamment. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est du pipi de chat</i> : « Ça n'a pas de valeur. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Tailler une bavette</i> : « Bavarder simplement. »</p> <p class="spip"><i class="spip">La montagne accouche d'une souris</i> : « Résultat dérisoire par rapport à l'espoir. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Avoir la berlue</i> : « Avoir des hallucinations. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Je lui réserve un chien de ma chienne</i> : « Je me vengerai. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Nager comme un fer à repasser</i> : « Ne pas savoir nager. »</p> <p class="spip"><i class="spip">C'est pour sa pomme</i> : « C'est pour lui. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Sec comme un coup de trique</i> : « Très maigre. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Se faire blackbouler</i> : « Se faire rejeter. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Fier comme Artaban</i> : « Particulièrement fier. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Fier comme un pou</i> : « Prétentieux. »</p> <p class="spip"><i class="spip">On n'est pas aux pièces</i> : « Inutile de se presser. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Tranquille comme baptiste</i> : « Imperturbable. »</p> <p class="spip"><i class="spip">S'en soucier comme d'une guigne</i> : « N'en ai rien à faire. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Ça lui a coupé le sifflet</i> : « Ça l'a fait taire. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Parler français comme une vache espagnole</i> : « S'exprimer très mal en français. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Mou comme une chiffe</i> : « Apathique, veule. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Faire du gringue</i> : « Faire la cour. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Décrocher la timbale</i> : « Parvenir à ses fins. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Faire suer le burnous</i> : « Exploiter ses employés. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Prendre ses cliques et ses claques</i> : « Partir précipitamment en emportant toutes ses affaires. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Rendre son tablier</i> : « Démissionner. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Tirer le bon numéro</i> : « Trouver la perle rare. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Donner des noms d'oiseaux</i> : « Copieusement injurier. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Avoir le béguin</i> : « S'enticher de quelqu'un. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Y aller franco de port</i> : « Le faire franchement. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine</i> : « Maladroit. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Fais pas l'œuf !</i> : « Arrête de jouer à l'imbécile. »</p> <p class="spip"><i class="spip">Ne pas jeter le manche après la cognée</i> : « Ne pas renoncer par découragement. »</p> <hr class="spip" /> <p class="spip"><strong class="spip">Claude Duneton</strong> en collaboration avec <strong class="spip">Sylvie Claval</strong>, <i class="spip">Le Bouquet des expressions imagées, Encyclopédie thématique des locutions figurées de la langue française</i>, Éditions du Seuil, 1990.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Alain Rey</strong> et <strong class="spip">Sophie Chantreau</strong>, <i class="spip">Dictionnaire des expressions et locutions</i>, Le Robert, 1993.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Claude Duneton</strong>, <i class="spip">La Puce à l'oreille, Les expressions imagées et leur histoire</i>, Denoël, 2005.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Marianne Tillier</strong>, <i class="spip">Les expressions de nos grands-mères</i>, Éditions Points, 2008.</p> <p class="spip">Voir aussi <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article146" class="spip_in">Proverbes et dictons idiots</a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article301" class="spip_in">Calembours culturels</a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article308" class="spip_in"></a> et <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article147" class="spip_in">Humoristes</a>.</p> Créationnisme : confusion entre savoir et croire http://sornettes.free.fr/spip.php?article294 <p class="spip"><span class='spip_document_526 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:326px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/savoircroire1.jpg' width="326" height="456" alt="Créationnisme" title="Créationnisme" /></span></p> <p class="spip">[…] Pour contrer leur emprise démagogique et idéologique sur un nombre de plus en plus grand de personnes aussi bien aux États-Unis qu'en Inde, en Arabie Saoudite ou en Belgique, il semble utile de revenir au moment où la séparation s'est progressivement faite entre deux types de discours, celui de la science et celui de la théologie, et de rappeler la distinction entre croire et savoir. Aux XVII<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> siècles, la science s'est construite par l'affirmation de son autonomie et de son indépendance à l'égard de l'argument du dessein. Celui-ci est le raisonnement finaliste qui, à partir du constat de l'ordre de la nature, infère qu'il y a un principe d'ordre transcendant et créateur de cet ordre, Dieu. Mais la construction de la science ne s'est pas faite sans résistance de la part des savants eux-mêmes. Il faut du temps pour que le postulat d'objectivité s'impose en science. […]</p> <p class="spip">Il est clair que trois siècles de réflexion sur les droits séparés de la science et de la théologie ont mis un terme aux erreurs du raisonnement finaliste et aux égarements de la raison qui prétendait inférer des connaissances scientifiques une preuve de l'existence de Dieu. Cela n'empêche pas la foi et la religion de constituer un domaine qui n'est pas incompatible avec le domaine de la raison et de l'expérience : toute la vie et l'œuvre d'un croyant et d'un savant comme Pascal l'attestent suffisamment. Et, pour mieux vivre cette existence de croyant et de savant, il nous a légué les moyens méthodologiques de penser la distinction entre croire et savoir : la croyance, qui repose sur l'autorité et la foi, et la connaissance, qui repose sur la raison et l'expérience, ont des droits séparés. Un savant peut croire en Dieu en toute conscience. Mais cette « toute conscience » est aussi une conscience de la nécessaire distinction entre croire et savoir, entre les convictions religieuses et les connaissances.</p> <p class="spip">Or, aujourd'hui, le mouvement inquiétant du dessein intelligent qui se répand dans le monde entier fait comme si ces réflexions n'avaient pas existé. Les partisans de ce mouvement instrumentalisent, non pas la science, mais une fausse science - la doctrine créationniste - pour servir leurs desseins de propagande. Ils en veulent surtout à Darwin bien sûr. Ils cherchent à faire croire que la théorie darwinienne n'est pas une théorie scientifique mais une hypothèse équivalente et concurrente à l'hypothèse créationniste. Ce faisant, non seulement ils cherchent à élever une doctrine idéologique au rang de science mais aussi à abaisser une science (celle de l'évolution) au rang d'hypothèse. Par un tel coup double, ils insinuent le doute chez beaucoup de gens qui n'ont jamais réfléchi philosophiquement aux enjeux et à l'illégitimité de l'argument du dessein, et qui se laissent tenter par ce retour de la thèse finaliste.</p> <p class="spip"><span class='spip_document_527 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:225px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/jesusdinosaure.jpg' width="225" height="320" alt="Jésus a connu les dinosaure" title="Jésus a connu les dinosaure" /></span></p> <p class="spip">Les créationnistes, en supprimant le critère de distinction entre croire et savoir, entre l'idéologie et la science, suppriment, en réalité, le propre de la science qui est d'être fondé sur le postulat d'objectivité. Enfin, dernière étape, ils s'ingénient à montrer que la « science pour croyants » est plus légitime que la « science pour athées » de sorte qu'on renonce définitivement non seulement à affiner la théorie darwinienne mais même à l'enseigner.</p> <p class="spip">Les enjeux de ce mouvement idéologique sont extrêmement graves : pourra-ton continuer à enseigner Darwin dans les écoles, dans les collèges, dans les lycées et les universités ? Ou devra-t-on enseigner uniquement la prétendue science créationniste « recommandable » idéologiquement ? Ce mouvement doit être pris au sérieux, parce que l'on peut aujourd'hui entendre, en France, en classe de sciences de la vie un élève dire à son enseignante : « <i class="spip">Vous, Madame, vous croyez en Darwin parce que vous êtes athée.</i> »</p> <p class="spip">La confusion entre croire et savoir atteint ici son comble par ce retour aux pratiques irrationnelles, péremptoires mais idéologiquement très concertées de l'Inquisition et de sa méthode d'accusation. Le professeur de biologie qui fait son cours sur l'évolution est accusé d'hérésie du fait de son discours, que les élèves pratiquants transposent dans un autre domaine pour le sanctionner et le condamner : la connaissance et la croyance n'ont plus leurs droits séparés, tout est bon pour enlever à la théorie darwinienne tout crédit. Cette condamnation et cette dévalorisation n'atteignent pas le seul Darwin mais la science tout entière et la société dans son ensemble : cette offensive créationniste est en réalité une guerre contre la science.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Véronique LE RU</strong> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb55" name="nh55" id="nh55" class="spip_note" title='[55] Véronique Le Ru, maître de conférences en philosophie à l&#39;université de (...)' >55</a>], <i class="spip">Comment savoir s'est séparé de croire</i>, <a href="http://www.larecherche.fr/" target="_blank">La Recherche</a>, N° 447, décembre 201O, p. 40, 6 €.</p> <p class="spip">Voir aussi <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?breve51" class="spip_in"></a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article109" class="spip_in">Dieu a créé le monde en six jours et la Terre n'a que 7 000 ans </a> et <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article190" class="spip_in">La secte des créationnistes</a>.</p> <p class="spip"><i class="spip">« Mais que foutait Dieu avant la création ? » </i> Samuel BECKETT, écrivain, poète et dramaturge irlandais d'expression anglaise et française (1906 - 1989)</p> <p class="spip"><i class="spip">« On découvre aisément en Dieu des signes graves d'anthropomorphisme. » </i> Achille CHAVÉE, aphoriste et poète belge de langue française (1906 - 1969)</p> <p class="spip"><i class="spip">« L'une des preuves de l'immortalité de l'âme est que des myriades de gens le croient. Ils ont cru aussi que la terre était plate. » </i> Samuel Langhorne Clemens dit Mark TWAIN, écrivain, essayiste et humoriste américain (1835-1910)</p> <p class="spip"><i class="spip">« Je crois parfois que Dieu en créant l'homme à quelque peu surestimé ses capacités. » </i> Oscar Fingal O'Flahertie Wills dit Oscar WILDE, écrivain irlandais (1856-1900)</p> Thu, 09 Dec 2010 12:10:56 +0100 <p class="spip"><span class='spip_document_526 spip_documents spip_documents_right' style='float:right; width:326px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/savoircroire1.jpg' width="326" height="456" alt="Créationnisme" title="Créationnisme" /></span></p> <p class="spip">[…] Pour contrer leur emprise démagogique et idéologique sur un nombre de plus en plus grand de personnes aussi bien aux États-Unis qu'en Inde, en Arabie Saoudite ou en Belgique, il semble utile de revenir au moment où la séparation s'est progressivement faite entre deux types de discours, celui de la science et celui de la théologie, et de rappeler la distinction entre croire et savoir. Aux XVII<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> siècles, la science s'est construite par l'affirmation de son autonomie et de son indépendance à l'égard de l'argument du dessein. Celui-ci est le raisonnement finaliste qui, à partir du constat de l'ordre de la nature, infère qu'il y a un principe d'ordre transcendant et créateur de cet ordre, Dieu. Mais la construction de la science ne s'est pas faite sans résistance de la part des savants eux-mêmes. Il faut du temps pour que le postulat d'objectivité s'impose en science. […]</p> <p class="spip">Il est clair que trois siècles de réflexion sur les droits séparés de la science et de la théologie ont mis un terme aux erreurs du raisonnement finaliste et aux égarements de la raison qui prétendait inférer des connaissances scientifiques une preuve de l'existence de Dieu. Cela n'empêche pas la foi et la religion de constituer un domaine qui n'est pas incompatible avec le domaine de la raison et de l'expérience : toute la vie et l'œuvre d'un croyant et d'un savant comme Pascal l'attestent suffisamment. Et, pour mieux vivre cette existence de croyant et de savant, il nous a légué les moyens méthodologiques de penser la distinction entre croire et savoir : la croyance, qui repose sur l'autorité et la foi, et la connaissance, qui repose sur la raison et l'expérience, ont des droits séparés. Un savant peut croire en Dieu en toute conscience. Mais cette « toute conscience » est aussi une conscience de la nécessaire distinction entre croire et savoir, entre les convictions religieuses et les connaissances.</p> <p class="spip">Or, aujourd'hui, le mouvement inquiétant du dessein intelligent qui se répand dans le monde entier fait comme si ces réflexions n'avaient pas existé. Les partisans de ce mouvement instrumentalisent, non pas la science, mais une fausse science - la doctrine créationniste - pour servir leurs desseins de propagande. Ils en veulent surtout à Darwin bien sûr. Ils cherchent à faire croire que la théorie darwinienne n'est pas une théorie scientifique mais une hypothèse équivalente et concurrente à l'hypothèse créationniste. Ce faisant, non seulement ils cherchent à élever une doctrine idéologique au rang de science mais aussi à abaisser une science (celle de l'évolution) au rang d'hypothèse. Par un tel coup double, ils insinuent le doute chez beaucoup de gens qui n'ont jamais réfléchi philosophiquement aux enjeux et à l'illégitimité de l'argument du dessein, et qui se laissent tenter par ce retour de la thèse finaliste.</p> <p class="spip"><span class='spip_document_527 spip_documents spip_documents_left' style='float:left; width:225px;'> <img src='http://sornettes.free.fr/IMG/jpg/jesusdinosaure.jpg' width="225" height="320" alt="Jésus a connu les dinosaure" title="Jésus a connu les dinosaure" /></span></p> <p class="spip">Les créationnistes, en supprimant le critère de distinction entre croire et savoir, entre l'idéologie et la science, suppriment, en réalité, le propre de la science qui est d'être fondé sur le postulat d'objectivité. Enfin, dernière étape, ils s'ingénient à montrer que la « science pour croyants » est plus légitime que la « science pour athées » de sorte qu'on renonce définitivement non seulement à affiner la théorie darwinienne mais même à l'enseigner.</p> <p class="spip">Les enjeux de ce mouvement idéologique sont extrêmement graves : pourra-ton continuer à enseigner Darwin dans les écoles, dans les collèges, dans les lycées et les universités ? Ou devra-t-on enseigner uniquement la prétendue science créationniste « recommandable » idéologiquement ? Ce mouvement doit être pris au sérieux, parce que l'on peut aujourd'hui entendre, en France, en classe de sciences de la vie un élève dire à son enseignante : « <i class="spip">Vous, Madame, vous croyez en Darwin parce que vous êtes athée.</i> »</p> <p class="spip">La confusion entre croire et savoir atteint ici son comble par ce retour aux pratiques irrationnelles, péremptoires mais idéologiquement très concertées de l'Inquisition et de sa méthode d'accusation. Le professeur de biologie qui fait son cours sur l'évolution est accusé d'hérésie du fait de son discours, que les élèves pratiquants transposent dans un autre domaine pour le sanctionner et le condamner : la connaissance et la croyance n'ont plus leurs droits séparés, tout est bon pour enlever à la théorie darwinienne tout crédit. Cette condamnation et cette dévalorisation n'atteignent pas le seul Darwin mais la science tout entière et la société dans son ensemble : cette offensive créationniste est en réalité une guerre contre la science.</p> <p class="spip"><strong class="spip">Véronique LE RU</strong> [<a href="http://sornettes.free.fr/#nb56" name="nh56" id="nh56" class="spip_note" title='[56] Véronique Le Ru, maître de conférences en philosophie à l&#39;université de (...)' >56</a>], <i class="spip">Comment savoir s'est séparé de croire</i>, <a href="http://www.larecherche.fr/" target="_blank">La Recherche</a>, N° 447, décembre 201O, p. 40, 6 €.</p> <p class="spip">Voir aussi <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?breve51" class="spip_in"></a>, <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article109" class="spip_in">Dieu a créé le monde en six jours et la Terre n'a que 7 000 ans </a> et <a href="http://sornettes.free.fr/spip.php?article190" class="spip_in">La secte des créationnistes</a>.</p> <p class="spip"><i class="spip">« Mais que foutait Dieu avant la création ? » </i> Samuel BECKETT, écrivain, poète et dramaturge irlandais d'expression anglaise et française (1906 - 1989)</p> <p class="spip"><i class="spip">« On découvre aisément en Dieu des signes graves d'anthropomorphisme. » </i> Achille CHAVÉE, aphoriste et poète belge de langue française (1906 - 1969)</p> <p class="spip"><i class="spip">« L'une des preuves de l'immortalité de l'âme est que des myriades de gens le croient. Ils ont cru aussi que la terre était plate. » </i> Samuel Langhorne Clemens dit Mark TWAIN, écrivain, essayiste et humoriste américain (1835-1910)</p> <p class="spip"><i class="spip">« Je crois parfois que Dieu en créant l'homme à quelque peu surestimé ses capacités. » </i> Oscar Fingal O'Flahertie Wills dit Oscar WILDE, écrivain irlandais (1856-1900)</p>