Ôªø Sornettes - L'homme descend du singe

Sornettes

Vous êtes ici : Accueil du site > Balivernes > L’homme descend du singe
Publié : 20 février 2008
Version imprimable de cet article Version imprimable
Format PDF Enregistrer au format PDF

L’homme descend du singe

Cette affirmation a été très utile pour faire accepter le discours darwinien. Aujourd’hui, on sait qu’hommes et singes font partie d’un même ordre, les primates, au sein duquel ils ont évolué à partir d’un même ancêtre commun.

Comment l’idée selon laquelle l’homme descend du singe est-elle née ?
Pascal TASSY, paléontologue et professeur au Muséum national d’histoire naturelle : Au XVIIIe siècle, Carl von Linné, l’inventeur de la classification binomiale en genres et espèces, regroupe l’homme avec les singes, les lémuriens et les chauves-souris. Il invente alors le terme de « primates » mais sans tirer de conclusion quant à d’éventuels liens de parenté. Ce compagnonnage de l’homme avec les singes ne plaît pas à l’époque, car nombreux sont ceux qui pensent que le développement tout à fait singulier du cerveau d’Homo sapiens le met à part de tous les mammifères. Mais au XlXe siècle Darwin montre dans La Filiation de l’homme qu’Homo sapiens a des caractéristiques communes avec les grands singes et avec d’autres mammifères. Cela signifie que l’homme et les grands singes partagent une même filiation. L’affirmation « l’homme descend du singe » est alors proposée par les évolutionnistes pour faire passer le discours darwinien.

Du coup, elle a fait croire à une évolution linéaire ?
Pascal TASSY : Tout à fait. Si l’on a fini par accepter que l’homme avait des origines animales, c’est en partie parce que le discours darwinien, tel qu’il était vulgarisé par certains évolutionnistes, portait en lui une notion de complexification, menant des formes les plus simples aux plus abouties - l’homme étant au sommet. Mais dès les années 1920 on a commencé, même à propos de l’homme, à concevoir que l’arbre de l’évolution est buissonnant, plein de branches qui se ramifient et poussent en parallèle. L’homme et les différents singes sont des ramures qui ont divergé à partir d’un ancêtre commun. Et nous partageons avec nos plus proches parents, les chimpanzés, des traits communs hérités de l’ancêtre à partir duquel nous avons divergé en Afrique, il y a 6 ou 7 millions d’années. On pense que cet ancêtre ressemblait certainement plus à un singe qu’à un homme actuel.

Cet arbre buissonnant ne facilite pas la recherche de ce dernier ancêtre commun ?
Pascal TASSY : En effet, jusqu’à présent, tous les fossiles dont l’âge est compatible avec celui de cet ancêtre commun présentent des caractères qui témoignent d’une adaptation particulière. Dès lors, il faut les placer dans une branche à part. Le fameux Toumaï, découvert en 2001 au Tchad, est très primitif par rapport à Homo sapiens et n’a que deux caractères qui le rendent plus humain que grand singe. Mais il a une arcade sourcilière très proéminente que n’ont ni Homo sapiens ni les grands singes. On pense donc qu’il s’est déjà spécialisé. Ce ne serait donc pas notre ancêtre mais un proche parent.

Propos recueillis par Olivier Donnars, Le dictionnaire des idées reçues en science, La Recherche, n°412, Octobre 2007, p. 77, 6,40 €

Voir le site « tatoufaux » : l’homme descend du singe