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Publié : 3 mai 2009

Éloge des révolutions

La condition humaine

On reproche leur violence aux grandes révolutions. On s’offusque par exemple du massacre des gardes Suisses à l’occasion de la prise des Tuileries en août 1792, ou de celui de la famille impériale russe en Juillet 1918 à Iekaterinbourg, ou de la liquidation des officiers de l’armée de Tchang Kaï-chek après la prise du pouvoir par les communistes chinois en 1949. Mais mieux vaudrait alors ne pas avoir précédemment occulté les famines de l’Ancien Régime sur fond de bals à Versailles et de dîme extorquée par les prêtres ; les centaines de manifestants pacifiques de Saint Pétersbourg fauchés un « dimanche rouge » de janvier 1905 par les soldats de Nicolas II ; les révolutionnaires de Canton et de Shanghaï précipités vivants, en 1927, dans les chaudières des locomotives. L’épisode des révolutionnaires brûlés vifs n’a pas seulement marqué ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Chine, il est connu des millions de lecteurs de La Condition humaine [1]. Car, pendant des décennies, les plus grands écrivains, les plus grands artistes ont fait corps avec le mouvement ouvrier pour célébrer les révolutions, les lendemains qui chantent.

Extrait de Serge HALIMI, Eloge des révolutions, Le Monde diplomatique, N° 662, Mai 2009, p. 20, 4,50 €.

Notes

[1] André Malraux, La condition humaine, Gallimard, collection Folio, 7 €.