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Publié : 3 juillet 2007
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Le rêve américain

Michel Onfray, La philosophie féroce

Michel Onfray

(…) La visibilité de la fin de l’Occident a une date de naissance : le 6 juin 1944, lorsque les américains débarquent sur les plages de Normandie prétextant un amour effréné de la Liberté qui les conduirait à sacrifier leurs soldats, alors qu’ils se contentent de résoudre sur le terrain européen le problème posé par Hitler qui leur a déclaré la guerre. Il semblait moins coûteux de régler le problème en terre étrangère que d’attendre les bombardements de New-York par la Luftwaffe, voir la mise au point par les nazis des avions à réaction et de la bombe atomique.

La politique de l’AMGOT (Allied Military Government of Occupied Teriitories) le confirme : les Américains venaient en France pour y transformer le pays en colonie. A quoi bon, sinon, ces billets frappés par les « libérateurs » pour remplacer la monaie française ou ce projet de recycler les hauts fonctionnaires de Vichy, peu suspects d’avoir été communistes, dans l’administration US de l’Hexagone ? En passant, les Américains créaient le mythe d’une nation capable de se sacrifier par amour de la Liberté ! Prémisses du Vietnam, de l’Irak, du Kosovo, de l’Afghanistan, sans parler de la brutalité gouvernementale générée pendant des années en Amérique latine… En attendant la suite.

Ces opérations militaro-policières de gendarmerie planétaire ont besoin d’un ennemi : le nazisme (pas les fascismes, qui ont les faveurs américaines), le communisme et aujourd’hui l’islamisme. Bien sûr, jamais les Américains ne se demandent en quoi ces pestes - brune, rouge, verte - procèdent de la brutalité de leur capitalisme qui génère la paupérisation, elle-même à l’origine de ces idéologies mortifères : ils inoculent le mal, puis se présentent en médecin salvateurs !

(…) Les Etats-Unis offrent des hamburgers et de l’obésité, des cacahuètes et de la télévision en boucle, du ketchup et des téléfilms. Ils excellent dans le supermarché, le cinéma et les paquets de nourriture hypercaloriques accessibles à partir du siège de sa voiture. Ils ont inventé Disneyland comme d’autres La Divine Comédie. Ils ont détroné les dieux et demi-dieux de l’Olympe ou du ciel chrétien pour inviter l’imbécile planétaire à se prosterner devant les idoles et les icônes du grand et du petit écran, toutes plus décérébrées et incultes les unes que les autres…

(…) Dans leur logique, les Etats-Unis n’ont pas besoin de culture, d’intellectuels, d’artistes, de poètes, de philosophes, mais de physiciens, d’économistes, de banquiers, d’assureurs, de financiers, de chefs d’entreprise, de militaires, de politiciens. La culture méditerranéenne est morte et l’on se rit désormais de Homère, Platon et Dante. A quoi bon ? puisqu’il existe désormais Disneyland, les séries télévisées, le Coca-Cola, les Mac Do, la BD, les rollers, les Walkman, les i-Mac et les avions furtifs tellement utiles pour faire avancer la cause de la démocratie.

Extraits de Michel Onfray, La philosophie féroce, Editions Galilée, 2004, p.41 et 69, 17 €.

Voir aussi The american world