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Publié : 16 avril 2007
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Association négaWatt : sortir de la boulimie énergivore

L’association négaWatt rassemble aujourd’hui une centaine d’experts et praticiens, tous impliqués à titre professionnel dans la maîtrise de la demande d’énergie ou le développement des énergies renouvelables. Elle s’appuie sur trois priorités :
La sobriété énergétique consiste à réduire les gaspillages par des comportements rationnels et par des choix individuels et sociétaux.
L’efficacité énergétique vise à réduire les pertes lors du fonctionnement et à l’exploitation.
Les énergies renouvelables, par définition inépuisables, bien réparties et décentralisées, ont un faible impact sur notre environnement.

Fig.1 - Scénario tendanciel

Fig.1 - Scénario tendanciel - Consommation d’énergie primaire par usages

Le scénario tendanciel correspond à une poursuite au même rythme que les années passées de nos consommations pour chaque grand usage (chaleur, mobilité, électricité spécifique), à partir d’une analyse rétrospective sur la période 1973-2000. C’est en quelque sorte un scénario « continuons comme avant ».

Les gisements de négawatts [1] sont considérables : ils représentent 67 % de la consommation tendancielle.

Fig.2 - Scénario négawatt

Fig.2 - Scénario négawatt

Le scénario négawatt s’appuie sur 3 priorités :

1 - Des actions volontaristes et continues de sobriété énergétique. Par exemple, profiter au maximum de la lumière naturelle pour s’éclairer, bien régler la température de consigne du chauffage, privilégier les aliments de saison et produits localement, organiser intelligemment l’espace.

2 - La recherche systématique d’une meilleure efficacité énergétique. Le potentiel d’amélioration de nos bâtiments, de nos moyens de transport et des appareils que nous utilisons est considérable : il est possible de réduire d’un facteur 2 à 5 nos consommations d’énergie et de matières premières

3 - Un recours prioritaire aux énergies renouvelables. Dans ce scénario les énergies renouvelables représentent 59 % de la producdon primaire totale.

Ces trois éléments sont complémentaires et indissociables : promouvoir l’un sans se soucier des autres n’a pas de sens.

Electricité :

Fig.3 - Electricité

Fig.3 - Part respective de l’énergie nucléaire, des combustibles fossiles et des renouvelables dans la production d’électricité du scénario négawatt entre 2000 et 2050.

Le scénario « négawatt » prévoit une fermeture progressive des centrales nucléaires existantes jusqu’à 2035, également une fermeture rapide des centrales thermiques fioul et charbon actuelles, fortement émettrices de gaz carbonique. Les centrales thermiques classiques au gaz naturel sont progressivement remplacées par des centrales à cycle combiné à haute performance et à cogénération

Le basculement de la production française d’électricité vers un mix d’énergies renouvelables peut donc s’opérer sur les 50 prochaines années, à la condition impérative d’appliquer dès maintenant une forte politique de réduction de la demande : sans celle-ci les effets positifs d’une forte production par les renouvelables (+ 266 TWh) seront en effet totalement effacés et au-delà par l’accroissement de la demande (+ 438 TWh)

Fig.4 - La progression des renouvelables

Fig.4 - La progression des renouvelables dans la production d’électricité du scénario négawatt entre 2000 et 2050 (TWh, énergie finale)

Le scénario « négawatt » prévoit un recours volontariste à une combinaison de différentes énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien, hydraulique, co-génération et biomasse), le reste par le gaz naturel.

La grande hydraulique est maintenue à son niveau actuel (65 TWh) sans construction de nouveaux grands barrages.

Le grand éolien est renforcé. Ce développement se déroutera sur 2 périodes significatives : une croissance rapide du parc terrestre sur les sites les mieux ventés dans un premier temps (2005-2020), puis par l’off-shore et en terrestre sur des sites moins bien ventés (2025-2050).

La production d’électricité couplée au réseau par modules photovoltaïques a été estimée selon plusieurs approches différentes : par référence à des études européennes et japonaises.

Le potentiel productif de la biomasse est lui aussi important : 10 TWh en 2010 et 49 TWh en 2050.

Le scénario négawatt prévoit de recourir à la production d’électricité par géothermie en roches profondes.

Les énergies de la mer (courants, vagues), encore aujourd’hui à l’état de prototype, ont été évaluées de façon très prudente.

Le basculement de la production française d’électricité vers un mix d’énergies renouvelables peut donc s’opérer sur les 50 prochaines années, à la condition impérative d’appliquer dès maintenant une forte politique de réduction de la demande.

Transports :

Fig.5 - Transports

Fig.5 - Evolution en énergie finale de la consommation pour la mobilité en TWh (carburants seuls).

Situation actuelle et tendance :

Les véhicules particuliers représentent la moitié de la consommation. Les 26 millions de véhicules des ménages parcourent en moyenne 14 400 km par an. La consommation unitaire est de 7,6 litres/100 km. L’amélioration des rendements est contrebalancée en partie par l’augmentation de la puissance et de la masse des véhicules. Les véhicules utilitaires et camions constituent le second poste, pour les transports de marchandises. S’y ajoutent enfin pour le transport des voyageurs et des marchandises les transports aériens, maritimes et fluviaux, le train, bus, métro. Globalement, la demande de mobilité est tendanciellement à un doublement sur 50 ans, pour pratiquement tous les modes de transport.

Une mutation des comportements :

Les critères d’achat de voiture : limitation de vitesse ; limitation de puissance (voitures et poids lourds) ; inciter financièrement par des feebates [2] à la descente en gamme.

Le confort d’utilisation des transports collectifs (en lien avec la qualité du service, la sécurité, la prévisibilité, la fréquence).

Les politiques de stationnement. Le péage urbain, la tarification de l’accès à l’espace dense.

Cette mutation n’est donc pas l’ordre spontané.

Maîtriser la mobilité : Accorder la localisation de l’emploi notamment tertiaire avec celle le l’habitat. Les véhicules particuliers représentent la moitié de la consommation.

Réussir l’intégration européenne : Infrastructure continentale ferroviaire pour les marchandises et Réseau TGV européen.

Chaleur :

Fig.6 - Chaleur

Fig.6 - Evolution de la consommation de chaleur en énergie finale (TWh)

L’augmentation tendancielle des surfaces construites conduirait à une augmentation de 52 % en 2050. Dans le scénario négawatt, cette augmentation est réduite à 24 % d’ici 2050, de manière à suivre d’une part l’augmentation prévue de la population, et d’autre part à offrir une surface par personne accrue de 16 %.

Le chauffage des bâtiments représente la plus grande partie de cette consommation : près de 460 TWh.

Sur le plan de l’efficacité, les logements neufs sont construits en appliquant les réglementations thermiques successives, permettant d’abaisser la consommation unitaire moyenne jusqu’à 29 kWh/m2 au lieu de l’ordre de 180 kWh/m2 dans le résidentiel, et de 140 kWh/m2 dans le tertiaire.

Dans le scénario négawatt, la sobriété consiste également, par la généralisation d’équipements simples (réducteur de pression, douchettes à turbulence), à diminuer la consommation moyenne d’eau chaude sanitaire de 1 % par an à partir de 2005, ce qui la ramène à 30 l/jour par personne en 2050 au lieu d’environ 50 aujourd’hui. Parallèlement, le rendement des équipements de production de l’eau chaude sanitaire progresse de 63 à 77 %.

La chaleur utilisée dans l’industrie et l’agriculture représente également un poste important, avec 350 TWh.

Au total les usages « chaleur » en 2050 du scénario négawatt sont inférieurs de moitié à la demande tendancielle, alors même que les surfaces chauffées par personne augmentent respectivement pour le résidentiel et le tertiaire de 18 et 10 %.

Extraits du site de l’association négawatt.

Voir aussi Sortir du charbon ?, Sortir du nucléaire ?, Jean-Marc Jancovici : Le nucléaire ? Oui merci ! et Global Chance.

Notes

[1] Les négawatts caractérisent l’énergie non-consommée grâce à un usage plus sobre et plus efficace de l’énergie

[2] feebates = réduction de prix