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Publié : 4 août 2007
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C’est naturel !

Didier Nordon, Vous reprendrez bien un peu de vérité ?

Illustration Matyo

La moitié peut-être de l’activité ancestrale de l’humanité consiste à apprendre à se méfier de la nature et à inventer des parades contre elle, sans cependant jamais pouvoir la vaincre. (L’autre grande activité humaine étant la guerre). Les maisons protègent de la pluie et du soleil, mais cèdent parfois à ces autres phénomènes naturels que sont la foudre et les séismes. La médecine, l’hygiène, et autres artifices, luttent contre la tendance naturelle de l’homme à attraper des maladies qui le font mourir jeune, mais échouent devant l’ultime fatalité naturelle qui l’attend. La nature mêlant sans la moindre précaution l’aliment et l’ordure, le remède et le poison, le sain et le pourri, c’est à l’élevage et à l’agriculture qu’il revient de fournir des aliments moins indigestes que ces fameuses baies dont, parait-il, se nourrissent les aventuriers perdus loin de tout.

Bref, pour qui ne voit pas le monde à l’envers, le mot « nature » ne peut qu’évoquer l’effroi, le danger, la violence. Eh bien, il faut croire que nous le voyons à l’envers, le monde. Quand les voix enjoleuses des publicités susurrent : « C’est naturel », nous entendons : « C’est bon pour nous ». Mis en confiance par ce mot magique, nous courons acheter crèmes de beauté, yaourts, vêtements, voire détergents, garantis « naturels ». Quelle expression de rancœur irréfléchie contre notre civilisation, que d’aspirer à « retrouver l’harmonie avec la nature », alors que, en vérité, la nature est la dysharmonie même !

Le poulet aux hormones, moins naturel que l’ammanite phalloïde, reste plus sain.

Illustration de Matyo

Extrait de Didier Nordon, Vous reprendrez bien un peu de vérité ? , La nature, voilà l’ennemie p.9, Editions Belin - Pour la science, collection Regards, 2007, 17€.

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