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Publié : 1er juillet 2007
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L’Alsace aux Alsaciens, la Bretagne aux Bretons, la Corse aux Corses !

Michel Onfray, La philosophie féroce

Michel Onfray

Tout le monde aime les régions : (…) beurre, lait, crème, vaches et pommiers de Normandie ; pastis, bouillabaisse, huile d’olive des provençaux ; corons, bière, moules et frites du Nord ; autant de clichés pour croire que nous résistons au Coca-Cola, aux hamburgers et aux casquettes Nike… Le Pen les chérit, parce que leurs drapeaux rappellent les oriflammes de Vichy ; les écologistes les célèbrent car elles permettent la multiplication des micro-pouvoirs (…) ; les libéraux les mettent au dessus de tout pour leurs potentialités destructrices de l’Etat responsable de tous les maux de notre société.

Que signifient-elles, aujourd’hui, les régions ? Le pouvoir politique de potentats installés, plus proches des administrés, donc plus facilement exercés sur le mode mafieux du clientélisme ; la mainmise sur les postes essentiels au profit de complices qui se partagent le gâteau : la manne financière est considérable ; la distribution des prébendes aux affidés, ceux qui montrent une allégeance appuyée : pas de compétences, mais un dévouement de sectaire pour le gourou.

Nationalisme régional

(…) Quel sens peut bien avoir aujourd’hui être lorrain, picard ou bourguignon ? Les Bretons, les Corses, les Alsaciens peuvent arguer de dialectes anciens - de langues, attention ! - de coiffes en dentelle, de cagoules en Lycra ou de malgré-nous en attente de réhabilitation nationale. Mais quid de l’identité chère aux autonomistes, indépendantistes et autres variantes du nationalisme cher au maréchal Pétain, à Le Pen ou à d’autres, gauches et droites confondues.

Car l’identité régionale fut, elle n’est plus. (…) Sauf quand on pratique l’acharnement thérapeutique, les soins palliatifs et qu’au chevet des cultures régionales - voire à la morgue… -, on perfuse, on croit au miracle, on espère un renversement de perspective, comme toujours quand il s’agit de la disparition d’un être aimé. (…)

Les régions doivent s’aimer pour d’autres raisons que nationalistes. Empêchons les politiciens de les confisquer puis de les instrumentaliser. (…)

Extraits de Michel Onfray La philosophie féroce, Editions Galilée, 2004, p.81, 17 €.