Ôªø Sornettes - On utilise seulement 10 % de notre cerveau

Sornettes

Vous êtes ici : Accueil du site > Balivernes > On utilise seulement 10 % de notre cerveau
Publié : 4 juillet 2007
Version imprimable de cet article Version imprimable
Format PDF Enregistrer au format PDF

On utilise seulement 10 % de notre cerveau

E. N., Science & Vie

Faux !

Car il s’agit là d’un mythe, dont l’origine apparaît floue. Est-ce une erreur d’interprétation des travaux de Karl Lashley qui, en 1930, observa que des rats dont une grande partie du cerveau était détruite continuaient à apprendre certaines tâches ? Ou bien le fait que les neurones ne représentent que 10 % des cellules nerveuses du cerveau a-t-il semé le trouble (90 % étant les celIules gliales, réputées n’être que des assistantes des neurones) ? Toujours est-il que l’idée selon laquelle nous n’utilisons que 10% des capacités de notre cerveau est largement admise.

Or, il n’en est rien. Certes, nous avons souvent l’impression de ne pas utiliser toutes les capacités de notre cerveau. Un peu comme notre ordinateur que nous employons uniquement comme traitement de texte ou pour surfer sur internet. Cependant, toutes les régions de notre cerveau ont une fonction. C’est juste que selon les tâches à accomplir, certaines sont plus actives, alors que d’autres le sont moins.

Les techniques d’imagerie qui permettent de suivre l’activité du cerveau en temps réel montrent bien depuis une vingtaine d’années que la thèse des 10 % ne tient pas la route. La résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) et la tomographie par émission de positons (PET scan) indiquent que les régions activées lorsque nous parlons, lisons, bougeons, pensons… sont réparties dans tout le cerveau, preuve que toute l’activité cérébrale n’est ni restreinte à un domaine qui représenterait 10 % du volume total du cerveau, ni à 10 % des neurones. De même, les lésions lors d’accidents cérébraux et de traumatismes crâniens confirment que si seuls 10 % de notre cerveau étaient utilisés, la plupart des séquelles toucheraient une région inactive et ne seraient pas handicapantes, ce qui est loin d’être le cas !

La tomographie par émission de positons (PET scan) a montré que les zones du cerveau en activité diffèrent sensiblement en fonction du type de stimulatiori, de pensée ou d’action. Tout le cerveau est utilisé, mais pas au même moment.

Un état de veille permanent

En fait, comme l’a montré la neurologue Malia Mason (Harvard Medical School, Boston), aucune région n’est inactive, et ce, même lorsqu’elle n’est pas impliquée dans une tâche. « En réalité, les neurones sont tous dans un état de veille permanent. Pour eux, il s’agit même d’une nécessité vitale, puisqu’un neurone non stimulé dégénère, explique Rémi Gervais (Neurosciences sensorielles, Inserm, Lyon). Si 90 % de notre cerveau étaient inactifs, tous ces neurones auraient disparu et notre cerveau ne représenterait que 10 % de son volume actuel, ce qui n’est pas le cas. »

Cependant, tous les neurones ne sont pas tous aussi actifs au même moment. Comme chacun l’a sans doute déjà constaté, nous sommes incapables de courir, manger et lire en même temps. Une de ces actions va prédominer sur les autres. En effet, le cerveau ne peut accomplir qu’un nombre limité de fonctions en même temps ; en revanche, il est capable de mobiliser rapidement d’autres réseaux de neurones pour répondre à une nouvelle stimulation. Ce qui explique que l’on puisse se concentrer sur un article et, la seconde suivante, jouer au ballon avec son enfant. Il est donc évident que nous n’utilisons pas 100 % de nos capacités cognitives à chaque instant.

Mais la bonne nouvelle, c’est que même si nous utilisons tous nos neurones, ou peut encore améliorer nos capacités intellectuelles. Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que ce n’est pas la quantité de neurones qui compte, mais le nombre de connexions établies entre eux. Ce câblage n’est pas fixe, il est plastique, c’est-à-dire que l’apprentissage permet de mettre en place de nouvelles connexions. S’il fallait encore un ultime argument, on pourrait ajouter que la sélection naturelle aurait sans doute interdit l’apparition d’une espèce dont l’organe le plus consommateur d’énergie serait inutile à 90 %. E. N.

Extrait de N’utilise-t-on vraiment que 10 % de notre cerveau ? , Science & Vie, N°1076, Mai 2007, p.140.

Voir aussi : Marc Jeannerod, Nous n’utilisons que 10 % de notre cerveau, Le dictionnaire des idées reçues en science, La Recherche, Octobre 2007, n°412, p. 48, 6,40 €.

Voir aussi le site tatoufaux

Voir enfin le site d’Erik Harvey-Girard (Canada)