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Publié : 8 octobre 2007
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La construction des pyramides

La presse se fait régulièrement l’écho de théories, complexes ou farfelues, sur les techniques des architectes égyptiens. Les archéologues ont, eux, une reponse bien établie.

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« Les pyramides, on les connaît depuis l’Antiquité et on ne sait pas comment elles ont été construites. »

Ainsi parlait au XIVème siècle de notre ère, le voyageur arabe Ibn Battûta. Six siècles et demi plus tard, cette réputation d’énigme architecturale est encore bien établie. Avec quels moyens les ingénieurs égyptiens du IIIème millénaire avant J.-C. réalisèrent-ils ces mastodontes de pierre, qui atteignent jusqu’à 230 mètres de haut ? Aucun texte d’époque ne l’a gardé en mémoire.

D’après Hérodote, vers 450 avant notre ère, on avait procédé par gradins, posant à chaque niveau des appareils de levage à balancier permettant de hisser les pierres d’un degré à l’autre. Au 1er siècle avant J.-C., Diodore de Sicile évoque une « mise en place au moyen de terrasses car on n’avait pas encore inventé de machines à cette époque ». Ces témoignages contradictoires ont sans doute encouragé la recherche de solutions plus à la mesure de ces monuments exceptionnels. Dernière en date (2006), la théorie de l’ingénieur Henri Houdin et de son fils architecte Jean-Pierre : les deux tiers supérieurs de la pyramide de Chéops auraient été montés le long d’une rampe intérieure en spirale [1]. Joseph Davidovits défend, lui depuis trente ans, l’idée que des blocs en pierre de synthèse ont été coulés sur place, comme du béton.

Ces propositions ne doivent pas faire oublier que des vestiges de rampes en terre ont été observés à côté de nombreuses pyramides, à Meïdoum, Abou Gourab et Licht. À Abydos, en décembre 2006, des archéologues de l’université de Chicago ont fouillé les restes du dispositif de la pyramide d’Amosis (XVIème siècle avant J.-C.). Un plan incliné à 12°, en brique crue, était recouvert de plâtre pour faciliter le glissement des pierres. Et son niveau était rehaussé à mesure que progressait le travail. Le procédé énoncé par Diodore est donc bien confirmé.

Il est vrai cependant que les vestiges sont insuffisants pour une reconstitution précise de l’implantation de ces rampes par rapport aux édifices. De quoi entretenir encore un peu l’énigme des bâtisseurs des pyramides.

Estelle Villeneuve, La construction des pyramides, Le dictionnaire des idées reçues en science, La Recherche, Octobre 2007, n°412, p.42, 6,40 €.

Notes

[1] Pour valider leur théorie, Henri et Jean-Pierre Houdin disposent d’une simulation 3D élaborée trois ans durant avec les ingénieurs de Dassault Systèmes, spécialistes de la modélisation de projets industriels. Reste à vérifier sur place que la rampe existe bel et bien. Voir Nouvelle découverte dans la pyramide de Kheops.