Ôªø Sornettes - Comment les poissons des grandes profondeurs ne sont-ils pas écrasés par la pression ?

Sornettes

Vous êtes ici : Accueil du site > Connaissance > Comment les poissons des grandes profondeurs ne sont-ils pas écrasés par la (...)
Publié : 8 juin 2008
Version imprimable de cet article Version imprimable
Format PDF Enregistrer au format PDF

Comment les poissons des grandes profondeurs ne sont-ils pas écrasés par la pression ?

Daniel Desbruyères, Ifremer, PIouzané.

Cité de la Mer de Cherbourg

La résistance à la pression n’est pas un problème pour la plupart des animaux des grandes profondeurs car ils ne possèdent pas de volume gazeux. En effet, tous leurs constituants (liquides sanguins, contenus cellulaires, etc.) sont à la même pression que le milieu environnant (comme une boîte de conserve qui serait en communication avec le milieu par des petites perforations). En revanche, d’autres animaux, comme les poissons osseux ou certains céphalopodes, possèdent des vessies remplies de gaz, dont ils ajustent le volume pour monter ou descendre. Lors de leurs migrations verticales, ils doivent maintenir la pression de ces gaz égale à celle du milieu. Comme le volume d’un gaz multiplié par la pression est une constante (loi de Boyle), un poisson qui s’enfonce dans la colonne d’eau doit sécréter un gaz en quantité proportionnelle à sa vitesse de descente, c’est-à-dire fonction de la différence de pression relative : pour descendre de 0 à 10 mètres de profondeur, le poisson de surface doit doubler sa masse de gaz, alors que pour descendre de 400 à 410 mètres, le poisson des profondeurs doit seulement augmenter sa masse gazeuse de 2,4 %. Plus il vit profondément, plus sa migration est facile. Le système métabolique des espèces marines profondes est lui aussi adapté : ses enzymes sont plus résistantes, et continuent de fonctionner là où les enzymes des espèces littorales seraient détruites.

Daniel Desbruyères, Comment les poissons des grandes profondeurs ne sont-ils pas écrasés par la pression ? La Recherche, n° 420, juin 2008, p. 79, 6 €.