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Publié : 1er février 2009
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Les revenus fous des PDG

Les écarts de revenus ont explosé depuis quarante ans aux Etats-Unis et dans une moindre mesure, en France. Aboutissant à des inégalités inacceptables.

Les rémunérations du PDG malin

Bonus. Les managers touchent une bonne part (un tiers en moyenne dans le SBF 120 [1] en 2007) de leurs rémunérations sous forme de bonus, théoriquement liés aux performances des entreprises. On constate cependant que ces bonus ne baissent guère pendant les périodes de vache maigre : il suffit pour cela de changer les règles du jeu. Jean-Marie Messier était un champion dans ce domaine quand il était à la tête de vivendi Universal.

Stock-options [2]. Elles sont censé motiver le manager pour accroître la valeur de l’action, puisque c’est ce qui lui permettra de réaliser une plus-value en revendant lesdites actions. (…) Cerise sur le gâteau : aucunes cotisations sociales et une fiscalité très avantageuse (16 % seulement si les actions sont revendues six ans après que les stock-options ont été accordées.)

Retraites chapeaux [3]. Les entreprises souscrivent pour leurs dirigeants des retraites dites « surcomplémentaires ». Elles viendront s’ajouter à celles qu’ils toucheront de la Sécurité sociale et des régimes complémentaires auxquels ils ont cotisé au cours de leur vie de travail. Le niveau souvent très élevé des rémunérations perçues à ce titre a soulevé de nombreuses polémiques.

Actions gratuites. C’est le dernier né (2005) des outils de rémunération des PDG gourmands. Il se substitue de plus en plus aux stock-options qui ont désormais mauvaise presse.

Rémunérations d’activité des stars et des PDG
Stars et patronsRevenu en millions d’eurosÉquivalent en années de Smic
Thierry Henri, Footballeur17,4 millions d’euros1 133 années
Bernard Arnault, LVMH13,9 millions d’euros907 années
Arnaud Lagardère, Lagardère13,6 millions d’euros888 années
Jean-Charles Pauze, Rexel10,5 millions d’euros684 années
Tony Parker, Basketteur9,6 millions d’euros625 années
Bernard Charlès, Dassault Systèmes8,9 millions d’euros582 années
Frank Riboud, Danone8,5 millions d’euros551 années
Patrick Vieira, Footballeur8 millions d’euros521 années
Michel Polnareff, Chanteur5,7 millions d’euros372 années
Patron moyen du CAC 404,7 millions d’euros308 années
Daniel Auteuil, Acteur3,2 millions d’euros208 années
Patron moyen du SBF 1203,1 millions d’euros200 années
Johnny Hallyday, Chanteur3,0 millions d’euros197 années
Mathilde Seigner, Actrice2,8 millions d’euros182 années
Patron moyen (de plus de 50 salariés)0,135 millions d’euros8,8 années
Cadre moyen0,047 millions d’euros3,1 années
Patron moyen (de moins de 50 salariés)0,046 millions d’euros3,0 années
Salarié moyen0,024 millions d’euros1,6 années
Ouvrier moyen0,018 millions d’euros1,2 années
Employé moyen0,017 millions d’euros1,1 années
Smicard0,015 millions d’euros1 année

Parachutes dorés [4]. Les managers ne sont généralement pas des salariés comme les autres, mais des mandataires sociaux. A ce titre, ils n’ont pas droit aux allocations chômage habituelles ni aux indemnités de licenciements prévues par les conventions collectives. D’où l’existence de conventions particulières pour leur garantir un pécule quand ils se font virer. Le niveau souvent faramineux de ces « indemnités » (voir tableau) a cependant suscité une incompréhension croissante.

« La morale de cette histoire de parachutes dorés, c’est que tous ces discours, tout ce galimatias libéral (sur la prise de risques des grands patrons) étaient une vaste arnaque. Les vrais preneurs de risques aujourd’hui, c’est l’immigré africain qui s’embarque sur une patera pour rejoindre les Canaries au risque de sa vie. C’est la femme seule qui abandonne ses enfants à une voisine à 5 heures du matin pour aller nettoyer les bureaux des banques avant que les traders n’arrivent. Alors que nos chers cadres dirigeants ont tous ceintures, bretelles et parachutes. Les risques, quand on est un grand patron, c’est bon pour les autres. » (Extrait de Philippe Frémeaux, Les mots de la crise, Alternatives Économiques, n°282, juillet-août 2009, p. 65, 4,50 €)

Toujours pas de cotisations sociales pour les stock-options.
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2009 prévoit que les parachutes dorés de plus de 1 million d’euros seront soumis à cotisations sociales dès le premier euro, mais les parlementaires ont refusé, à la demande du gouvernement, de soumettre les stock-options et les actions gratuites à une cotisation sociale minimale de 2 % …

Parachutes dorés : Les scandales récents
PDGIndemnités de départ en millions d’eurosÉquivalent en années de Smic
Jose Luis Duran, Carrefour, nov. 20084,7 millions d’euros296 années
Axel Miller, Dexia, oct. 20083,7 millions d’euros233 années
Gérard Le Fur, Sanofi Aventis, sept. 20082,7 millions d’euros170 années
Patricia Russo, Alcatel Lucent, juil. 20086 millions d’euros378 années
Serge Tchuruk, Alcatel, sept. 20065,6 millions d’euros372 années
Noël Forgeard, EADS, juil. 20068,2 millions d’euros544 années
Antoine Zacharias, Vinci, juin 200612,9 millions d’euros857 années

Extraits de Guillaume Duval, Comment maîtriser les revenus fous des PDG, Alternatives Économiques, n° 276, janvier 2009, p.46, 3,80 €.

Voir aussi La religion du marché et Bètisier de l’économie.

Notes

[1] SBF 120 (pour Société des Bourses Françaises) est un indice boursier sur la place de Paris. Il est déterminé à partir des cours de 40 actions du CAC 40 et de 80 valeurs du premier et du second marché les plus liquides cotées sur Euronext Paris parmi les 200 premières capitalisations boursières françaises.

[2] Stock-options : options d’achat d’actions, en français. Droit accordé à un manager d’acheter dans le futur des actions de l’entreprise à un prix fixé au départ.

[3] Retraites chapeaux : compléments de la retraite légale, elles interviennent sous la forme d’une provision d’un montant égal à un pourcentage du salaire de fin de carrière, dont le versement est étalé pendant toute la durée de la retraite du bénéficiaire.

[4] Parachutes dorés : indemnités versées lors d’une éviction suite à un licenciement, une restructuration, une fusion avec une autre société ou même lors d’un départ programmé de l’intéressé, qui s’ajoutent aux indemnités légales.